Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
U

ultraviolets (rayons)

Radiations* invisibles à l’œil, situées dans le spectre lumineux au-delà des rayons violets et qui ont d’importantes applications médicales.


Les radiations ultraviolettes (U. V.), de même que les infrarouges, invisibles à l’œil humain, sont mêlées aux radiations lumineuses dans l’émission du Soleil et de la plupart des sources de lumière artificielle. Comme les autres radiations, le rayonnement ultraviolet est une vibration électromagnétique dont la longueur d’onde s’étend de la limite du spectre visible (0,39 µ) jusqu’à une limite arbitraire de 0,0144 µ, à partir de laquelle, par une transition insensible, on aboutit aux rayons X.

Une recommandation internationale a indiqué qu’il était souhaitable de diviser en trois types les radiations ultraviolettes, en les distinguant par des filtrations différentes :
— les rayons ultraviolets A, filtrés par un novioflint au baryum et qui ont une grande longueur d’onde, allant de 0,4 à 0,315 µ ;
— les rayons U. V. B, isolés par un filtre de flint au baryum-pyrex et qui ont une longueur d’onde moyenne située entre 0,315 et 0,28 µ ;
— les U. V. C, filtrés par un composé de quartz-pyrex et qui ont une longueur d’onde inférieure à 0,28 µ.

Outre la lumière solaire, les rayons U. V. trouvent leur source dans un certain nombre de dispositifs. L’arc au charbon fournit des U. V. à grande longueur d’onde. Si l’on adjoint des oxydes métalliques divers, le spectre s’élargit en radiations U. V. Des électrodes de fer et de tungstène produisent un arc très riche en U. V. de longueur d’onde moyenne. Une source de rayons U. V. qui a été très utilisée est la lampe à vapeur de mercure, qui fournit en abondance les rayons C de courte longueur d’onde. Le brûleur de cette lampe est en quartz, car le verre ordinaire absorbe une grande partie des U. V.

Parmi les propriétés physico-chimiques des U. V., l’une d’elles comporte des applications médicales intéressantes : il s’agit de phénomènes de fluorescence. En éliminant les radiations lumineuses visibles par un écran de Wood à l’oxyde de nickel, qui ne laisse filtrer que les radiations U. V. de grande longueur d’onde, on obtient la lumière noire, qui rend fluorescent un certain nombre de substances ou de tissus vivants. Cette propriété est utilisée dans le diagnostic de dermatoses et de lésions dentaires, ainsi que dans l’étude du cristallin (diagnostic de la cataracte).

En thérapeutique humaine, les U. V. peuvent être utilisés en applications locales et en applications générales. Ces applications doivent être progressives en temps d’exposition et en distance focale. Dans les applications générales, il faut s’efforcer de s’arrêter à un érythème léger (rougeur) des téguments, et l’on augmentera les doses en fonction de cette réaction. Les U. V. sont particulièrement efficaces dans le traitement des carences (rachitisme), de la spasmophilie, des troubles de l’ossification, de la croissance. Ils agissent remarquablement dans les tuberculoses cutanées ou ganglionnaires, les fistules tuberculeuses, les ostéites, les orchiépididymites tuberculeuses. Ils sont absolument contre-indiqués dans la tuberculose pulmonaire. Parmi les applications locales citons le traitement du lupus tuberculeux suivant la méthode de Finsen : il s’agit d’un arc lumineux de grande puissance où les rayons U. V. sont associés aux autres radiations lumineuses.

La protection contre les U. V. n’est délicate qu’en ce qui concerne l’œil, tant chez le patient que chez le manipulateur. Des verres spéciaux à l’esculine sont d’une bonne efficacité. Pour le reste du corps, un simple tissu arrête les rayons U. V.

Les rayons U. V. de courte longueur d’onde ont une action biologique remarquable sur les organismes tels que bactéries, infusoires et levures. L’effet bactéricide des U. V. a été utilisé dans la stérilisation des eaux et de l’atmosphère de locaux collectifs, dans l’asepsie de médicaments et d’instruments médicaux.

On voit donc que les actions physico-chimiques, biologiques et thérapeutiques des U. V. confèrent à ceux-ci de multiples indications médicales.

E. W.

➙ Physiothérapie / Radiations.

Unamuno (Miguel de)

Écrivain espagnol (Bilbao 1864 - Salamanque 1936).


C’est le penseur le plus altier et le plus profond de l’Espagne dans le premier tiers de ce siècle.

Il naît à Bilbao dans une famille de petite bourgeoisie récemment urbanisée. À l’âge de dix ans, il assiste au siège, par les carlistes, de la ville, commerçante et industrielle, donc libérale et progressiste. La paysannerie basque, fidèle à ses traditions, à ses libertés, refusait de s’intégrer à la nouvelle économie, qui l’eût transformée en prolétariat industriel ou agricole. En 1880, Unamuno fait ses études à Madrid, métropole administrative et siège d’un gouvernement parlementaire centraliste. Il s’y sent républicain et fédéraliste avec le Catalan Pi y Margall, qu’il admire. Avec le « krausiste » (néo-kantiste) Francisco Giner de los Ríos, il aspire à un renouveau de la vie intellectuelle de l’Espagne, à une ouverture sur l’Europe. Sa soif de lecture l’amène à cultiver, outre le grec (sa spécialité), les langues et les littératures étrangères : l’italien, le français, l’anglais ; Unamuno restera sa vie durant marqué par les écrivains et les penseurs romantiques : Leopardi, Carlyle, Senancour, Kant, Hegel. Son catholicisme est ébranlé ; Unamuno bataille en lui-même contre Luther et Calvin. Il est attiré par la doctrine socialiste, dans laquelle il voit la nouvelle « religion du peuple ».

Son mariage en 1891 lui révèle des ressorts plus profonds de son être ; la nature s’enracine dans le surnaturel, le physique dans la métaphysique. L’homme « en chair et en os » (dont il fait si souvent état) est assoiffé d’immortalité ; il veut s’accomplir, par impossible, dans la conquête de tout ce qui n’est pas lui (« serse y serlo todo »). Militant socialiste, il n’adhère que du bout des lèvres au matérialisme historique ; mais il rejoint Marx lorsque celui-ci accorde à l’homme et à sa prise de conscience le rôle essentiel dans les mutations économiques et politiques de la société. Il constate que les masses ouvrières demeurent indifférentes au nouvel évangile. Car le socialisme de ce temps-là reste dans la lignée du vieux libéralisme et défend les petites gens, commerçants, artisans et élite ouvrière, contre les formes avancées du capitalisme : la société anonyme, la banque, la bourse.