Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Autriche (suite)

L’évolution vers le compromis (1849-1867)

• Politique de centralisation et de germanisation : menée par Schwarzenberg († 1852), puis par Bach (1852-1859), elle est appelée système de Bach. Elle repose sur trois principes.
— absolutisme : les ministres responsables devant l’empereur ; suppression de la liberté de la presse ; police renforcée. En 1859, devant l’échec autrichien en Italie et la crise financière, Bach est renvoyé, et François-Joseph proclame le Diplôme d’octobre (1860), instituant un début de fédéralisme et un régime libéral. Devant l’opposition des Hongrois, la patente du 26 février 1861 rétablit une Constitution centraliste avec un Reichsrat : mais les députés des diverses nationalités s’en excluent rapidement, et la Constitution est déclarée « suspendue » (1865) ;
— centralisme administratif, avec prédominance de l’allemand : le système, appliqué sans ménagements, heurte violemment les nationalités ;
— alliance avec le clergé : celui-ci est considéré comme garant antirévolutionnaire (abandon du « joséphisme »), ce qui aboutit au concordat de 1855.

• Après la défaite de Sadowa, la paix de Prague (1866) marque le recul autrichien en Allemagne devant la Prusse. La paix de Vienne (1866) consacre la perte de la Vénétie : ces échecs renforcent l’opposition hongroise (Ferenc Deák) et amènent le « compromis » austro-hongrois (1867).


La monarchie austro-hongroise (1867-1918)


Les institutions

L’Autriche et la Hongrie forment deux États égaux, ayant chacun leur capitale ; chaque État a son système politique propre, avec des éléments communs (le souverain, les ministères des Affaires étrangères, de la Guerre et de la Marine, des Finances), et deux délégations, siégeant alternativement à Vienne et à Buda. La Constitution autrichienne (déc. 1867) prévoit un pouvoir exécutif (l’empereur), une Chambre des seigneurs et une Chambre des députés, désignés par les diètes provinciales. (En 1873, devant le refus des diètes des minorités d’envoyer des députés, une réforme tend à faire élire ces derniers directement.)


Problèmes dominants

La vie de l’Empire est menacée par une agitation intérieure, menée soit au nom des principes libéraux, soit au nom des droits historiques des États (couronne de Bohême) et rendue plus dangereuse par une tendance des minorités à des unions partielles, Tchèques et Slovaques, Croates et Serbes ; elle est menacée aussi par une agitation nationale dont la cause première est extérieure : attraction des puissances sur les minorités de l’Empire (Serbie, Roumanie, Italie) ; existence même d’un mouvement allemand séparatiste ; influence russe, qui prétend soutenir et regrouper les Slaves.


Politique intérieure

• 1868-1878 : les « centralistes » (Adolf et surtout Karl Auersperg) tiennent le pouvoir et font une politique anticléricale et hostile aux nationalités.

• 1879-1893 : politique fédéraliste d’Eduard Taaffe, appuyée sur les nationalités (résistance du parti jeune-tchèque) et faite surtout d’expédients ; conflits entre Tchèques et Allemands, entre Hongrois et Roumains.

• 1893-1914 : croissance des nouveaux partis issus du développement économique. Les nationalistes allemands (Georg Schönerer), hostiles à l’Église, s’opposent aux chrétiens-sociaux, antisémites ; les sociaux-démocrates (Victor Adler) progressent depuis 1888 et, à partir de 1899, soutiennent les nationalités. Le gouvernement se heurte à des difficultés croissantes.


Politique extérieure

• Alliance défensive austro-allemande (« Duplice ») contre la Russie (1879). La Triple-Alliance (Autriche-Hongrie, Allemagne et [1882] Italie) est moins dirigée contre la Russie que contre la France. Nouvelles garanties contre la Russie par le traité d’alliance avec la Roumanie (1883).

• Marche à la guerre (1905-1914). Rivalités de la Russie et de l’Autriche dans la péninsule balkanique. Désir d’expansion territoriale. Visées de l’Autriche sur Salonique ; l’annexion de la Bosnie-Herzégovine (7 oct. 1908) entraîne les protestations serbes et russes.

• 1914 : assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône, à Sarajevo (28 juin) ; entrée de l’Autriche-Hongrie dans le conflit mondial.


L’Autriche de 1918 à 1945


La Première Guerre mondiale

• Bien des dirigeants autrichiens espèrent de la guerre un renforcement de la double monarchie.

• Au contraire, celle-ci se disloque ; les armées autrichiennes doivent faire front contre les Russes, puis contre l’Italie (1915) ; la conquête de la Pologne, de la Serbie, de la Roumanie n’enlève rien à la lourdeur des charges de guerre et à l’opposition grandissante des minorités, des Tchèques notamment, qui désertent en masse.

• 1916 : François-Joseph meurt ; Charles Ier, son petit-neveu, lui succède. Il tente de sauver la monarchie en faisant aux Alliés, à l’insu de l’Allemagne, des offres de paix, qui n’aboutissent pas, et en faisant de l’Autriche un État fédéral très lâche (manifeste du 16 octobre 1918). Les Slaves refusent toute discussion, les Hongrois se proclament indépendants, les Transylvains s’unissent à la Roumanie. La défaite des Empires centraux précipite le départ de Charles Ier (11 nov. 1918), l’éclatement de la monarchie et la disparition de l’empire des Habsbourg. Les traités de Saint-Germain (10 sept. 1919) et de Trianon (4 juin 1920) sanctionnent cette disparition et la reconnaissance de l’existence des États nationaux issus de la double monarchie.


La Ire République d’Autriche 1918-1938

• 12 novembre 1918 : la république est proclamée ; elle se rattache au Reich allemand. Devant l’opposition des Alliés, le rattachement est annulé. Les biens des Habsbourg sont nationalisés.

• Octobre 1920 : constitution de la République fédérale d’Autriche (Bundesrepublik Österreich), qui groupe neuf « Länder », avec autonomie administrative, et qui possède deux assemblées (Conseil national, élu au suffrage universel, et Conseil fédéral).