Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Autriche (suite)

Marie-Thérèse (1740-1780)

• Fille de Charles VI, elle épouse François III, duc de Lorraine, qu’elle fait élire empereur en 1745 (François Ier) ; elle-même est impératrice en titre.

• Œuvre militaire et diplomatique (avec l’aide de Kaunitz) : Marie-Thérèse réorganise l’armée (140 000 hommes, effectif le plus important d’Europe), réunit une puissante artillerie et crée une académie militaire. Elle opère un renversement des alliances (union France-Autriche), mais le traité d’Hubertsbourg (1763), qui achève la guerre de Sept Ans (1756-1763), conserve la Silésie à la Prusse. L’Autriche reçoit la Galicie (1772) lors du premier partage de la Pologne et la Bucovine au traité de Kutchuk-Kaïnardji (1774).

• Réforme administrative : Marie-Thérèse renforce la centralisation et la germanisation, grâce à la chancellerie d’État (affaires étrangères), à la Cour suprême d’appel et surtout au Directoire de l’Intérieur (affaires politiques et financières). Devant la réaction particulariste des États, elle crée, avec Kaunitz, un Conseil d’État, superposé à tous les organismes précédemment créés (1761). Parallèlement aux structures propres à chaque État est organisée une bureaucratie, qui sera un des piliers du régime pour deux siècles. En fait, l’action de la monarchie est limitée par une aristocratie restreinte et toute-puissante.

• Politique religieuse : Marie-Thérèse persécute les juifs et les protestants ; elle réduit l’autonomie de son clergé et l’autorité de Rome.


Joseph II (1780-1790)

• Empereur et corégent dès la mort de son père, François Ier, en 1765, Joseph II est le type du « despote éclairé », partisan de réformes systématiques, encore que tatillonnes.

• Réformes sociales : abolition du servage (1781-1785) ; les paysans libérés peuvent accéder à la propriété.

• Réformes économiques : Joseph II favorise l’expansion agricole, industrielle (protectionnisme) et commerciale (libre concurrence, liberté du commerce).

• Réformes politiques et administratives : Joseph II uniformise les divisions administratives (provinces et cercles). Les diètes des divers États cessent d’être convoquées. L’allemand devient la langue de l’Administration et de l’enseignement. Des universités et des séminaires sont créés. Des révoltes ont lieu, et notamment en Transylvanie, où les paysans roumains regimbent contre la domination hongroise.

• Réformes religieuses : l’édit de 1781 impose la tolérance en partie pour éviter l’exode des juifs, des protestants et des orthodoxes. Surtout, Joseph II essaie d’organiser une Église autrichienne, dépendant strictement de lui pour la discipline (le joséphisme) : les évêques doivent lui prêter serment ; il supprime les ordres monastiques qui ne s’occupent pas des malades ou de l’enseignement et intervient à tout moment dans l’Église. Échec partiel de son œuvre : la Hongrie se soulève contre l’extension de l’allemand, et les réformes ne lui sont pas appliquées ; les Pays-Bas se soulèvent (1789) et battent les troupes autrichiennes.

• Politique étrangère : malgré ses ambitions, Joseph II subit certains échecs. La succession de Bavière (1778) est réglée par le traité de Teschen (1779), beaucoup plus favorable à la Prusse qu’à l’Autriche ; l’alliance austro-russe (1787) contre les Turcs échoue devant leur résistance.


La Révolution française et l’époque napoléonienne

• À partir de la déclaration de Pillnitz (août 1791), l’Autriche, que gouvernent Léopold II (1790-1792), puis François II (1792-1835), participe à toutes les coalitions contre la France (sauf la quatrième [1806-1807]). Celles-ci lui sont défavorables et sont marquées par des amputations territoriales (v. Révolution française et Empire [premier]).

• Devant les victoires de Napoléon, François II doit renoncer à la couronne du Saint Empire (1806) et devient François Ier, empereur d’Autriche ; il est donc le dernier empereur du Saint Empire romain germanique.

• Le traité de Vienne (14 oct. 1809) entraîne la perte de l’Istrie, de la Carinthie, de la Carniole et partiellement de la Croatie. Le mariage de l’archiduchesse Marie-Louise, fille de François Ier, avec Napoléon Ier (1810) n’empêche pas l’Autriche, dirigée en fait par le chancelier Metternich, de s’unir en 1813 à la coalition qui a finalement raison de Napoléon (1814).

• Au congrès de Vienne (1814-1815), l’Autriche joue, grâce à Metternich, un rôle de premier plan ; elle recouvre ses anciens territoires (moins les Pays-Bas et les régions entre Inn et Salzach) et obtient une situation prépondérante en Italie (royaume lombard-vénitien, Parme, Modène, Toscane). En Allemagne, devenue la Confédération germanique, François Ier ne jouit que d’une présidence tout honorifique. La Prusse finira par y supplanter l’Autriche.


L’Empire autrichien de 1815 à 1867


L’Autriche, arbitre de l’Europe (1815-1848)

• Politique intérieure : politique réactionnaire de la part de l’empereur François Ier comme de son successeur, Ferdinand Ier (1835-1848). Les libéraux piémontais et napolitains sont écrasés (avr. 1821) à Rieti et à Novare ; les mouvements nationaux et libéraux grandissent surtout après 1830 (Hongrois, Roumains, Tchèques, Croates, Serbes et Polonais), et des concessions doivent être faites (le magyar devient langue officielle en Hongrie en 1840). Aucune réforme ne vient satisfaire la bourgeoisie montante : l’aristocratie s’y oppose de toutes ses forces.

• Politique extérieure : la Sainte-Alliance (sept. 1815) est jugée insuffisante par Metternich, qui lui adjoint la Quadruple-Alliance (nov. 1815) ; celle-ci est à l’origine de la « politique des congrès ». Son objectif est de maintenir le statu quo territorial de 1815 et l’ordre social réactionnaire restauré en 1815.


La révolution (1848-1849)

• Révolution viennoise (mars 1848) : Metternich s’enfuit ; une Constitution libérale est accordée (avr.), mais elle ne sera pas appliquée ; une Assemblée constituante, bientôt reléguée à Kremsier (auj. Kroměřiž), est réunie (mai).

• Contre-révolution : les troupes autrichiennes (Windischgraetz) écrasent les révolutionnaires de Prague (juin 1848), puis ceux de Vienne (oct.). L’empereur Ferdinand Ier abdique en faveur de son neveu François-Joseph (1848-1916). Les Hongrois doivent capituler devant les Russes (Világos, août 1849).