Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Tunis (suite)

Le début du xviiie s. est marqué par des luttes intestines entre dynasties locales rivales. Les Ḥusaynides l’emportent en 1705 sur les Mūradides et gouvernent jusqu’à l’installation du protectorat français en 1881. Dès lors, ils n’auront plus qu’un rôle représentatif. La ville connaît alors un essor rapide ; c’est à cette époque qu’un canal est creusé qui la relie à la mer.

Tunis, occupée par les Allemands en novembre 1942, subit de nombreux bombardements. Elle est libérée le 7 mai 1943 par la Ire armée britannique du général Anderson. Après la reconnaissance par la France de l’indépendance de la Tunisie en 1956, la République tunisienne y est proclamée le 25 juillet 1957.

P. R.

 C. R. Dessort, Histoire de la ville de Tunis (E. Pfister, Alger, 1924).

Tunisie

En ar. Al-Djumhūriyya al-Tūnisiyya, État de l’Afrique du Nord-Ouest. Capit. Tunis*.


La géographie


Le pays

La Tunisie est le plus petit des États de l’Afrique du Nord-Ouest. Voisine de l’Algérie à l’ouest et de la Libye au sud-est, elle s’ouvre largement sur la Méditerranée entre les deux bassins de la Méditerranée occidentale et de la Méditerranée orientale. Par sa position et par son histoire, elle participe à trois grandes aires de civilisations.


La Tunisie des villes

Elle est maritime et, plus précisément, méditerranéenne. Des pays du Maghreb, la Tunisie est le pays le plus anciennement et le plus profondément urbanisé. Avant la Seconde Guerre mondiale, près du tiers de la population habitait déjà dans des villes. Lors du dernier recensement (1966), le taux de population urbaine atteignait 45 p. 100. Aujourd’hui, un Tunisien sur deux est un citadin. Or, presque toutes les villes et, en tout cas, toutes les grandes cités se groupent sur le littoral en quatre grappes principales : la région de Bizerte ; celle de Tunis, la plus importante ; le sud et le sud-ouest de la péninsule du cap Bon ; le Sahel, où se détachent Sousse et Sfax.

La plupart des grandes civilisations marchandes de la Méditerranée n’ont pas cessé, depuis plus de vingt siècles, de féconder ces lieux. Sur ces rivages se sont succédé et se sont juxtaposés les Phéniciens, les Romains, les Arabes des premiers siècles, les Turcs, les Italiens, les Français... Des golfes profonds abritent les navires. En bordure du canal de Sicile, les côtes tunisiennes servent de double trait d’union entre les deux Méditerranées et entre l’Afrique et l’Europe (par l’Italie).

Dans les villes tunisiennes et autour s’accumulent, en même temps que le capital, les activités les plus dynamiques. Ces villes ont connu tous les négoces, de la guerre de course aux transactions coloniales. Dans les « souks » des vieilles médinas, un artisanat très actif s’affirme encore avec le travail du cuivre, du fer, du cuir, du bois et avec la fabrication de chéchias, de chaussures, de vêtements traditionnels. Les temps modernes ont ajouté les industries près des ports et, dernier apport, un très important afflux de touristes européens.

Autour des villes se trouvent les campagnes les plus actives, l’agriculture la plus productive. D’assez bonnes conditions naturelles dans de petites plaines fertiles ont rendu possible le développement d’une activité fécondée par l’habileté de vieilles communautés paysannes ainsi que par les appels de consommation et de transaction suscités par la proximité des villes. Ainsi se distinguent les cultures légumières des régions de Tunis et de Bizerte, les agrumeraies du cap Bon, les vignobles du Mornag (Murnāq), les vastes olivaies des sahels de Sousse et de Sfax.

Dans ses contours, cette Tunisie riche conserve une étonnante stabilité à travers l’histoire. C’est anciennement le périmètre de la colonisation romaine la plus dense. Plus tard, c’est encore la zone que contrôleront bien les Turcs ou les Français, par opposition au « bled » intérieur. Cette Tunisie très densément peuplée et qui attire encore les populations n’échappe cependant pas aux problèmes du sous-développement contemporain. Les créations d’emplois suivent difficilement le rythme de l’accroissement de la population. Le chômage sévit dans les villes. Tunis souffre d’hypertrophie. Aux vieilles médinas, aux quartiers créés par les Européens, aux villas de la bourgeoisie s’ajoutent de tristes zones d’habitat précaire.


Le « bled » intérieur

Il appartient à la civilisation du Maghreb traditionnel, celle des « fellahs » et des nomades. Les conditions naturelles, sans être vraiment répulsives, sont nettement moins favorables que dans les plaines du littoral. L’éloignement de la Méditerranée accentue les rigueurs de l’hiver, tandis que, du nord vers le sud et de l’ouest vers l’est, s’accroît l’aridité. En outre, les chaînes telliennes qui se rejoignent en Tunisie forment un réseau complexe de reliefs fragmentés et contrastés où s’opposent des plaines aux surfaces réduites, des bassins intérieurs et des « djebels » (montagnes) rarement très étendus, mais presque toujours très élevés. Enfin, le peuplement mêle, souvent de façon intime, les deux traditions des villages d’agriculteurs sédentaires et du nomadisme ou du semi-nomadisme des Bédouins. Les implantations d’agriculteurs européens au début du siècle ont encore compliqué ce dessin régional, où dominent cependant toujours les activités rurales ; les villes réduisent leurs activités à l’exploitation de quelques gisements miniers dans la région du Kef et à la satisfaction des besoins de service et de commerce élémentaires. Dans ce vaste ensemble, nettement moins peuplé que la Tunisie maritime, se distinguent quatre types de régions. Au nord de la Medjerda, la Tunisie humide des Mogods et de la Kroumirie (djabal al-Khmīr) élève à 700-900 m d’altitude des montagnes aux plissements complexes, qu’entaillent les ravinements d’une érosion très active. Couverte de forêts et de maquis de chênes-lièges et de chênes zéens, cette région, d’accès difficile, est peu peuplée. Isolé de l’intérieur, le littoral du nord de la Tunisie n’a pas fixé les activités portuaires, sauf à Tabarka (Ṭabarqa), très modeste ville proche de la frontière algérienne.