Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

truffe (suite)

Au point de vue morphologique, on distingue, dans le genre Tuber, les truffes noires, à péridium sombre couvert de verrues pyramidales et glèbe grise à noir violacé, et les truffes jaunes, à péridium ocracé ou roussâtre, à surface lisse ou granuleuse. Au premier groupe appartiennent des espèces comestibles : T. œstivum, ou truffe de la Saint-Jean, T. uncinatum, ou de Bourgogne, T. mesentericum, T. brumale, et la plus estimée, la truffe du Périgord, T. melanosporum, à la saveur délicate, à l’odeur puissante et agréable. Parmi les espèces claires, la seule espèce largement consommée est la truffe dite « blanche » du Piémont, T. magnatum, de saveur un peu alliacée, qu’on trouve au nord de l’Italie et dans la basse vallée du Rhône.

Proches des Tuber sont les Terfezia à glèbe claire, charnue et veinée ; ce sont les truffes blanches du domaine méditerranéen, d’habitat semi-désertique.

Les Elaphomyces, ou truffes de Cerf, sont sans doute plus proches des Eurotiales que les truffes proprement dites.

La truffe du Périgord représente un facteur appréciable dans l’économie des régions de production : Provence, bordure occidentale du Massif central, Italie du Nord. Les sols les plus favorables à son développement sont les terrains calcaires ou argilo-calcaires meubles, bien drainés et plantés de Chênes (Chênes pédoncules ou Rouvres, Chênes verts, Kermès, selon les régions) ou d’autres essences telles que le Peuplier et le Noisetier, dont les racines s’associent étroitement en mycorhizes avec le mycélium du Champignon. La présence de truffes est parfois signalée au chercheur par des crevasses dans le sol ou par l’aspect souffreteux de la végétation superficielle, dû à l’action antibiotique qu’exerce sur leurs racines le mycélium du Champignon, ou encore par les activités des essaims de la Mouche trufficole, Anistoma cinnamonea, qui dépose sa ponte dans les tubercules. Pratiquement, la récolte se fait avec l’aide de Porcs, particulièrement friands de truffes, ou de Chiens dressés qui les détectent à l’odeur. La production annuelle est, en France, de l’ordre de 50 t.

La culture indirecte de la truffe a été introduite il y a une centaine d’années en plantant des Chênes dans les endroits favorables, en ensemençant le sol avec de la terre prélevée sous les Chênes truffiers ou avec des fragments de truffes ou encore, selon une méthode plus rationnelle, en plantant de jeunes arbres déjà mycorhizés ; 20 000 Chênes truffiers ont été ainsi plantés au Périgord, en 1973. La production de truffes commence après une période de 7 à 15 ans et peut durer une trentaine d’années ou plus. La saison des truffes, en Italie et dans le sud de la France, s’étend de la mi-novembre à mars, après les gelées hivernales.

Outre leur intérêt gastronomique indiscuté, les truffes trouvent une utilisation dans la fabrication de liqueurs et de parfums, et pour affiner l’odeur du tabac.

J. N.

Truite

Poisson téléostéen* de l’ordre des Clupéiformes, du sous-ordre des Salmonoïdes (dont on fait parfois l’ordre des Salmoniformes).


Il se reproduit dans les eaux froides et fortement oxygénées des rivières et torrents de l’hémisphère Nord et il fait l’objet d’un élevage intensif (salmoniculture ou trutticulture).


Les Salmonidés

Il existe deux espèces de Truites : la Truite d’Europe (Salmo trutta) et la Truite arc-en-ciel (S. Gairdneri).

On distingue trois sous-espèces de Truite d’Europe : la Truite de mer (S. trutta trutta), qui effectue comme le Saumon* des migrations amphibiotiques, la Truite de rivière (S. trutta fario) et la Truite de lac (S. trutta lacustris), qui restent confinées aux eaux douces. Il est très difficile, étant donné la grande variabilité spécifique des espèces du genre Salmo, de donner des caractères distinctifs de chacune de ces espèces ou sous-espèces.

La Truite arc-en-ciel, originaire de la côte pacifique des États-Unis, a été introduite en Europe vers 1880. Elle ne s’est jamais vraiment acclimatée en France, sinon dans certains lacs alpestres et pyrénéens. En revanche, c’est surtout elle qui est élevée, et on la rencontre dans toutes les eaux à Truites à la suite de déversements d’alevins de repeuplement.

On range au voisinage des Truites (tribu des Salmoninés) l’Omble chevalier (Salvelinus alpinus), qui vit en profondeur dans les lacs alpins, le Saumon de fontaine (S. fontinalis) des eaux froides d’Europe et d’Amérique du Nord et l’Omble du Canada (Cristivomer namaycush) des Grands Lacs, victime de la Lamproie.

Les Corégoninés forment la seconde tribu de la famille des Salmonidés. À l’inverse des Salmoninés, ils ont une bouche petite, des dents faibles et un filtre branchial adapté à leur nutrition microphage. Le Lavaret (Coregonus lavaretus) vit dans les lacs européens ; il a son correspondant en Amérique du Nord (C. clupeaformis), assez abondant pour donner lieu à des pêches commerciales. L’Ombre (Thymallus thymallus), qu’on reconnaît à sa première dorsale très haute et à ses écailles de grande taille, recherche les eaux claires et calmes.


Les familles voisines

On range deux familles au voisinage des Salmonidés : les Osméridés et les Salangidés.

Les Osméridés sont marins, mais se rapprochent des côtes et des estuaires pour pondre. Citons parmi eux : l’Éperlan (Osmerus eperlanus), pélagique et microphage, dont il existe des variétés adaptées aux eaux dessalées de la Baltique et des lacs des pays baltes ; le Poisson-chandelle (Thaleichthys pacificus) du Pacifique Est, ainsi nommé parce qu’une fois séché il est si huileux qu’il peut servir de torche, et le Capelan (Mallotus villosus), lui aussi pélagique et microphage des eaux arctiques, qu’on pêche activement et dont on tire une farine et des huiles à usage industriel.

Les Salangidés ont des mœurs voisines de celles des Osméridés, mais ne possèdent pas de vessie natatoire. On les trouve près des côtes d’Asie orientale, ainsi que de celles d’Australie et de Nouvelle-Zélande.