Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

tropicales (cultures) (suite)

Chanvre de Manille ou Abaca

(Musa textilis, ordre des Scitaminales.)

Les fibres extraites par défibrage mécanique des gaines foliaires entourant le stipe de ce Bananier spécifique des Philippines sont destinées à la fabrication de cordes.

Production mondiale (en 1975) : 58 320 t.


Sisal

Cette plante textile possède diverses espèces : plusieurs Agaves, dont Agave sisalana (famille des Agavacées), les Fourcroyas (A. Fourcroydes). Très plastique, elle s’accommode de climats secs et de sols pauvres. On fait deux ou trois coupes de feuilles par an ; le défibrage est mécanique ; les feuilles donnent de 3 à 4 p. 100 de fibres. En 6 à 8 ans, une sisaleraie fournit de 150 à 300 t de feuilles et de 4 à 6 t de fibres par hectare (moyenne mondiale : 808 kg/ha/an).

Production mondiale (en 1975) : 0,882 Mt de fibres d’Agave et succédanées.


Cocotier

Les fibres extraites de l’enveloppe des noix, appelées coïrs, sont utilisées pour la brosserie et la fabrication des tapis-brosses.


Kapokier

(Ceiba pentendra, famille des Malvacées.)

C’est un arbre d’Extrême-Orient, de Java notamment, dont les gousses contiennent des graines emprisonnées dans des fibres soyeuses, utilisées pour les rembourrages de ceintures de sauvetage.

Production mondiale : 22 300 t.


Les plantes à caoutchouc

Pendant longtemps, le caoutchouc* a été extrait de diverses espèces spontanées tropicales. Des tentatives sans lendemain de plantation de Cerea (Manihot glaziovii, famille des Euphorbiacées) ont été faites en Afrique centrale ; mais, en fait, Hevea brasiliensis constitue l’unique culture productrice de caoutchouc naturel. Il s’agit d’une Euphorbiacée originaire d’Amazonie.

Les conditions écologiques optimales sont une température de 25 °C, une pluviométrie de 1 500 mm au minimum, un bon ensoleillement. L’Hévéa est une espèce de climat tropical humide et même de climat équatorial. Il exige des sols profonds à plus de 20 à 25 p. 100 d’argile, humifères et acides (pH entre 4,5 et 5,5).

La propagation du matériel végétal peut se faire par semis direct, mais, le plus généralement, on utilise des seedlings ou du matériel greffé. Les seedlings peuvent être clonaux, d’origine illégitime, issus de jardins grainiers (clones éprouvés) ou d’origine légitime par fécondation artificielle ; le matériel greffé provient d’un clone.

Après préparation du terrain (abattage) et trouaison, la plantation se fait en lignes à raison de 700 à 800 plants pour les seedlings et de 600 à 650 plants pour les greffés (plantation en stumps) ; si nécessaire, la plantation se fait en courbes de niveau ; le sol des jeunes plantations est protégé de l’érosion et du ruissellement par l’installation de plantes de couverture. Les jeunes plants sont ébourgeonnés et éventuellement étêtés ; puis, durant les premières années, on procède à l’élimination d’un certain nombre de plants pour ne conserver que 450 à 550 arbres par hectare. On nettoie le sol, notamment autour des arbres, soit par sarclage, soit par utilisation des herbicides. L’apport de fumures se fait en fonction des indications de l’analyse foliaire.

La récolte du latex est réalisée par la saignée de l’arbre ; ses modalités doivent tenir compte de l’état et de l’âge de l’arbre ainsi que de l’intensité recherchée de l’exploitation. On procède soit à la saignée en spirales sur la moitié de la circonférence tous les 2 jours, soit à la saignée sur toute la circonférence tous les 4 jours ; cette saignée, qui débute à 6 ou 7 ans, est pratiquée le matin à l’aide d’une gouge ; le latex coule dans une tasse (bol) ; son ramassage a lieu 3 ou 4 heures après ; le latex est transporté jusqu’au centre de ramassage, où il est filtré, puis mis en citerne et envoyé au centre de traitement (v. caoutchouc). La saignée se fait sur un même panneau pendant 4 ans, puis l’arbre est laissé au repos pour reconstitution pendant 7 ou 8 ans.

Maladies : pourridié des racines, maladies cryptogamiques causes de la chute des feuilles (Corticium salmonicolor sur les branches ; Phytophtora palmivora sur le tronc et les panneaux de saignées), puis de parasites.

Rendement normal : au moins 1 500 kg/ha ; la pleine production est obtenue plus tôt et plus longtemps avec les greffes et des seedlings légitimes.

Production mondiale (en 1975) : 3,28 Mt (Afrique, 0,25 ; Asie, 3,00).


Les plantes à huiles essentielles


Géranium rosat

(Pelargonium capitatum ou roseum, famille des Géraniacées.)

Il se multiplie par boutures ; on récolte la partie aérienne (4 coupes par an) ; le rendement est de 20 t/ha par an ; l’essence de Géranium est extraite par distillation (le rendement est de 1 p. 100, soit 200 kg/ha) ; c’est une essence de base pour la parfumerie et la savonnerie.


Vétiver

(Andropogon muricatus, famille des Graminacées.)

Il se multiplie par éclats de souche et s’arrache un an après ; le rendement est de 6 à 7 t/ha ; la distillation des racines fournit de 6 à 8 kg d’essence par tonne de racines fraîches.

Le Géranium et le Vétiver sont cultivés dans divers pays tropicaux ou subtropicaux, dont la Réunion.


Ylang-Ylang

(Cananga odorata, var. genuna, famille des Anonacées.)

Cet arbre se multiplie par semis, puis en pépinière ; à partir de 4 à 5 ans, on récolte des fleurs (5 kg par arbre) d’où l’on extrait de l’huile essentielle par distillation ou solvant (rendement 2,25 p. 100).


Les plantes médicinales

Nombreuses sont les plantes sauvages ou cultivées dont on extrait des produits entrant dans la préparation des médicaments, des pesticides et, éventuellement, des poisons. Deux sont particulièrement importantes.


Quinquina*

(Cinchona succirubra et C. ledgeriana, famille des Rubiacées.)

Arbre d’altitude des régions équatoriales ou tropicales très humides, il se multiplie par semis puis pépinière ou par greffage. La récolte se fait par écorçage annuel à partir de la troisième année. Le rendement est de 400 à 1 000 kg d’écorces par hectare ; à partir de celles-ci, on prépare de 5,5 à 9 p. 100 de sulfate de quinine. Celle-ci est utilisée comme fébrifuge et a été le médicament spécifique du paludisme.