Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

triphasé (courant)

Ensemble de trois courants alternatifs sinusoïdaux de même fréquence, mais déphasés les uns par rapport aux autres d’un tiers de période (fig. 1).


Les courants triphasés sont produits par des alternateurs triphasés, dont un modèle simple est constitué par un électro-aimant à deux pôles tournant à l’intérieur de l’espace formé par trois enroulements identiques, dont les axes font entre eux des angles de 120° (fig. 2). On obtient ainsi trois générateurs identiques, auxquels correspondent trois fois deux bornes, mais nous verrons qu’il est possible, par certains modes de montage, de les réduire à quatre ou même trois.

Un alternateur triphasé donne la même puissance que trois alternateurs monophasés identiques, mais il a l’avantage de ne nécessiter qu’une seule carcasse métallique, un seul induit et deux paliers. Il y a donc économie notable d’encombrement, de fer et de cuivre, mais aussi diminution des pertes magnétiques, par hystérésis et courants de Foucault, électriques, par effet Joule, et mécaniques, par frottements, nettement plus faibles ; donc le rendement est sensiblement meilleur.

Mais les courants triphasés présentent d’autres avantages : ils permettent de distribuer l’énergie électrique en économisant des fils de ligne et d’obtenir des champs magnétiques tournants, sur lesquels est fondé le principe des moteurs asynchrones à courant alternatif, d’une grande simplicité de construction. Pour toutes ces raisons, la plupart des distributions électriques se font en courants triphasés.

Chacun des trois générateurs d’un tel alternateur peut être relié à un réseau récepteur par trois lignes, soit six conducteurs. Admettons, et il en est à peu près ainsi dans la pratique, que les trois récepteurs soient identiques. On dispose alors de trois circuits alimentés sous la même tension efficace, appelée tension simple, absorbant le même courant, avec le même déphasage. Ils transportent la même puissance ; la chute de tension en ligne est la même, ainsi que la chute de tension interne des générateurs. Toutes les grandeurs instantanées sont déphasées de 120° l’une par rapport à l’autre ; on est en présence d’un système de courants triphasés équilibrés.

Si l’on avait, en courant continu, trois circuits identiques alimentés par trois générateurs, on pourrait utiliser un fil de retour commun réuni, par exemple, aux trois pôles négatifs ; ce fil commun serait alors parcouru par un courant d’intensité égale à la somme des intensités, donc trois fois plus grande. On peut faire le même montage avec les trois générateurs et les trois récepteurs en courant triphasé, mais le fil de retour est parcouru par un courant nul, et peut être supprimé. En effet, la somme de trois courants alternatifs de même fréquence, de même valeur efficace et déphasés de 120°, est constamment nulle. Les points communs soit aux trois générateurs, soit aux trois récepteurs sont appelés points neutres, et les fils de ligne fils de phase. Ce groupement, à cause de la forme que l’on peut donner à son schéma, est dit « montage en étoile » (fig. 3). La tension entre chacun des fils de ligne et le fil neutre est égale à celle qui existe aux bornes du générateur correspondant ; c’est celle que nous avons appelée tension simple.

On peut aussi placer les récepteurs entre les fils de phase. La forme du schéma fait appeler ce groupement montage en triangle (fig. 4). Chaque récepteur est alors alimenté sous une tension dite « tension composée » ; celle-ci est égale à la tension simple multipliée par soit environ 1,73. Ainsi, lorsque la tension simple vaut 127 volts entre un fil de phase et le fil neutre, la tension composée vaut 220 volts (127 × 1,73) entre deux fils de phase. Chaque fil de ligne transporte un courant qui se divise entre deux récepteurs ; son intensité est aussi multipliée par et le même appareil consomme une puissance trois fois plus grande dans un montage en triangle que dans un montage en étoile. S’il doit consommer une puissance déterminée, il doit être branché suivant le montage prévu par son constructeur : par exemple, les trois circuits d’un moteur sont reliés à six bornes placées sur une plaque, des barrettes en cuivre permettant de réaliser un montage soit en étoile, soit en triangle.

Les générateurs sont, le plus souvent, montés en étoile ; la ligne est formée de trois fils de phase et d’un fil neutre partant du point neutre et relié électriquement au sol pour des raisons de sécurité. L’usager dispose ainsi de deux tensions différentes : tension simple pour le montage en étoile et tension composée pour le montage en triangle. Leurs valeurs sont souvent de 127-220 volts ou de 220-380 volts.

En installant le réseau, on s’efforce de répartir les appareils récepteurs de manière à équilibrer les charges des différentes phases. Lorsque le réseau est parfaitement équilibré, le courant est nul dans le fil neutre, et les trois générateurs, fournissant la même puissance, nécessitent des couples moteurs moyens égaux, ce qui est favorable au bon équilibrage dynamique de l’alternateur. Pourtant, dans la pratique, cette condition ne peut être rigoureusement satisfaite : l’indépendance des usagers empêche évidemment l’équilibre permanent du circuit, et les courants dans les trois phases sont inégaux, ce qui rend nécessaire le fil neutre. Mais l’intensité du courant qui le parcourt est toujours faible, et son diamètre peut être beaucoup plus petit que celui des fils de phase. On a ainsi une distribution à quatre fils, dont l’un peut être plus mince et d’une couleur différente : ce sont les quatre conducteurs qui forment la plupart des lignes de distribution de nos réseaux.

A. T.

Tripoli

En ar. Ṭarābulus, v. du Liban.



La situation

Deuxième ville du pays (250 000 hab. environ), Tripoli bénéficiait d’une situation, au débouché de la trouée de Homs, bien supérieure à celle de Beyrouth* pour assurer les relations du littoral avec l’intérieur syrien. Le site de péninsule est-ouest, à 10 m d’altitude, protégeant une anse des vents redoutables de sud-ouest, présentait des qualités maritimes non négligeables et l’espace suffisant au développement d’une grande ville. Pourtant, Tripoli, port important dans les États latins du Levant, a pratiquement perdu toute vocation maritime depuis la reconquête musulmane (1289). La ville fut rebâtie à 3 km de la mer, au pied d’un éperon rocheux, dans un site exclusivement terrien, contrôlant les débouchés du Liban Nord, tandis que la péninsule n’abrite que le gros bourg d’El-Mina (al-Mīnā). Ranimée au temps du mandat français (1920-1941), l’activité maritime n’a pas résisté à la rupture de l’union douanière syro-libanaise en 1950 et est aujourd’hui à peu près totalement éteinte. C’est Tartous, en territoire syrien, qui exploite les avantages de la trouée de Homs.