Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Trentin-Haut-Adige (suite)

La question du Trentin

C’est en 1363 que le Trentin entre dans l’orbite des Habsbourg. Donné à la Bavière en 1805, agrégé au royaume d’Italie en 1809-10, le Trentin est réoccupé en 1813 par les Autrichiens, qui recouvrent leur autorité sur le Tyrol en 1814. L’instauration d’une administration unique en 1816 entérine l’annexion du Trentin par le Tyrol. Le Trentin et Trente se révoltent contre les Tedeschi en mars 1848 : sans résultats. Le jeune royaume italien considérera naturellement le Trentin comme l’une des provinces irrédentes ; en 1885 s’y constitue la société Pro Patria, devenue peu après la Ligue nationale.

C’est pour obtenir le Trentin et les autres provinces irrédentes que l’Italie entre en guerre, en 1915, contre ses anciens alliés de la Triplice (Allemagne, Autriche). En fait, le gouvernement Salandra, enclin à suivre la politique de Giolitti* dite « de neutralité payante », avait auparavant essayé de négocier avec Vienne la cession amiable du Trentin. L’Autriche-Hongrie s’étant dérobée, l’Italie s’était finalement rangée aux côtés des Alliés.

Au cours de la guerre (1915-1918), le Trentin devient l’un des principaux secteurs du front austro-italien ; les troupes italiennes l’occupent entièrement à partir de novembre 1918. Les puissances centrales ayant été battues, l’Italie obtient notamment le Trentin lors de la signature du traité de Saint-Germain (10 sept. 1919).

P. P.

E. D.

 G. Morandini, Trentino-Alto Adige (Turin, 1962 ; 2e éd., 1971).

Trèves

En allem. Trier, v. d’Allemagne occidentale (Rhénanie-Palatinat), sur la Moselle ; 105 000 hab.


Peu de villes rhénanes sont aussi riches en souvenirs du passé. Capitale des Gaules, siège d’un électorat ecclésiastique célèbre, devenue une cité d’importance moyenne entre les foyers industriels de la Sarre et de la Ruhr, Trèves connaît de nos jours un nouvel essor avec la canalisation de la Moselle.

L’histoire attribue la fondation de la ville v. 15 av. J.-C. à Auguste (Augusta Treverorum) sur l’emplacement du sanctuaire gaulois des Trévires. Située à proximité de la frontière germanique, sur la grande route qui allait de Lyon à Cologne, Trèves devient pendant la Pax romana une cité opulentissima, siège d’une intense activité artisanale, commerciale et intellectuelle. Métropole de la Belgica prima (fin iiie s.), résidence du préfet du prétoire des Gaules, plusieurs empereurs après Constance Chlore y établissent leur capitale. Siège d’un évêché dès le milieu du iiie s., Trèves est sous Constantin une métropole du christianisme, point de départ de l’évangélisation de la Gaule. Restent de cette période de magnifiques vestiges : Porta Nigra, type d’architecture militaire, transformée plus tard en église à deux étages ; thermes impériaux ; amphithéâtre de 20 000 places ; sculpture du bateau chargé de vin (trouvée à Neumagen) et dirigé par le « joyeux nautonier » (musée régional de Rhénanie). Cette période de splendeur s’achève à la fin du ive s. lorsque la résidence impériale est déplacée à Milan et que les bureaux de la préfecture des Gaules sont transférés à Arles (v. 395).

Une nouvelle période commence en 475 avec l’installation des Francs*. Les évêques de Trèves évangélisent les nouveaux conquérants. Élevée au rang d’archevêché (v. 800), entourée de nombreux cloîtres, la métropole religieuse administre les évêchés de Metz, de Toul et de Verdun, affirme sa richesse par les constructions et les trésors, manuscrits enluminés et orfèvrerie : cathédrale (Dom) [ive s.-xiie s.] à la façade austère et massive, aux tours carrées couronnées de clochetons, à l’aspect de forteresse ; église Notre-Dame (Liebfrauenkirche) [milieu xiiie s.] en forme de croix grecque ; reliques — la châsse reliquaire de saint Mathias dans l’église du même nom et la sainte tunique du Christ conservée dans le trésor de la cathédrale, très rarement exposée.

Le partage de l’Empire carolingien au traité de Verdun (843) rattache Trèves à la Lotharingie. Venus de Coblence, les Normands remontent la Moselle et dévastent la ville en 882. En 1257, l’archevêque se fait reconnaître prince-électeur, et l’un d’eux, Baudouin de Luxembourg (1307-1354), étend les possessions de l’archevêché sur le Rhin en acquérant Boppard et Oberwesel. En 1454 est fondée l’université, qui ouvre ses portes en 1473. La Réforme, qui agite l’électorat, est réprimée, les procès en sorcellerie se multiplient, le jésuite Friedrich von Spee von Langenfeld recommande la prudence. Marquée par l’alliance, avec la France, de l’Électeur Philipp Christoph von Sötern (1623-1652), la guerre de Trente Ans entraîne pour l’électorat destructions, crises de subsistances et dépopulation. Les guerres de Louis XIV laissent peu de répit à la cité, prise entre les ambitions antagonistes des Bourbons et des Habsbourg jusqu’au retour de la paix, en 1713.

Le xviiie s. voit un nouveau développement de la cité : essor économique du fait de l’exercice du droit d’étape, essor artistique sous l’impulsion des princes-électeurs de haut lignage (construction du palais épiscopal entouré d’un parc à la française), essor culturel au sein de l’Europe des lumières avec l’action de Johann Nikolaus von Hontheim, dit Justinus Febronius. En 1794, les armées de la Révolution occupent l’électorat, et Trèves devient la capitale du département de la Sarre (1798). En 1815, elle est annexée à la Prusse. Ville de garnison, résidence de l’archevêque, centre d’une activité commerciale diversifiée, Trèves connaît la vie calme d’une capitale de province. En 1944-45, de terribles bombardements détruisent la plus grande partie de la ville.

L’époque contemporaine est marquée par un nouvel essor de la cité par suite de l’amélioration du système des voies de communication. Amélioration du réseau routier, d’abord, intégré au système fédéral d’autoroutes : cessant d’être un cul-de-sac, l’Eifel tend à devenir une plaque tournante. Canalisation de la Moselle, ensuite : décidée en 1956 entre la R. F. A., la France et le Luxembourg, la voie est inaugurée en 1964. Aménagé à 6 km de la ville, le port a été doté d’une zone industrielle de 960 ha ; le trafic atteint 330 000 tonnes.

Le choix de Trèves comme Oberzentrum devrait entraîner de nouveaux développements, facilités par les équipements administratifs, commerciaux, bancaires, touristiques et culturels.

G. L.