Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

transpiration (suite)

Rôle de la transpiration

La transpiration s’avère très utile ou même indispensable à la plante : en effet, elle favorise la montée de la sève* dans les vaisseaux et aide la pénétration de l’eau ; cependant, l’absorption et la vitesse de circulation des sels minéraux en restent indépendantes. La transpiration permet aussi le refroidissement de la plante, qui ne subit pas les variations de la température extérieure avec la même intensité que les substances inertes voisines, mais cela ne joue que sur une faible amplitude. Enfin, la transpiration est liée aux échanges des gaz CO2 et O2, qui, eux aussi, doivent traverser les ostioles, plus ou moins ouverts. Mais, parfois, elle semble être nuisible, lorsque les possibilités de régulation sont dépassées et que la plante se déshydrate de manière réversible (fanaison) ou non (flétrissement).


Sudation

Parfois, la plante perd de l’eau sous forme de gouttelettes : on parle alors de sudation ou de guttation. L’eau sourd par des stomates aquifères toujours ouverts (hydatodes). Un tissu spécial sous-jacent (épithème) relie ceux-ci à l’extrémité des vaisseaux lignifiés.

La sudation apparaît lorsqu’un végétal riche en eau se trouve en atmosphère saturée, surtout chez les plantes de serres, les plantes équatoriales ou tropicales de milieux humides (sous-bois par exemple). Elle semble remplacer la transpiration, qui est nulle ou presque dans ces conditions. Elle ne serait pas un phénomène passif, car elle n’existe que sur un organe vivant et nécessite, semble-t-il, une dépense d’énergie et la présence d’oxygène. Ce serait une évacuation d’eau provoquée par la poussée radiculaire et qui empêcherait une turgescence exagérée des tissus.

J. M. T. et F. T.

➙ Sueur.

transplantation

Opération chirurgicale qui consiste à prélever sur un donneur un ensemble de cellules vivantes organisées ou un tissu ou un organe et à les implanter sur un receveur, où ils continuent de vivre et d’assurer leurs fonctions.



Introduction

La transplantation diffère de la greffe* en ce que les vaisseaux sanguins et les canaux sont réabouchés dans la première, alors qu’ils ne le sont pas dans la seconde, mais l’usage fait qu’on emploie couramment le terme de greffe pour désigner les transplantations. C’est, par contre, une erreur de langage que de parler de greffe pour l’implantation d’une prothèse artérielle en tissu synthétique et même pour l’implantation d’une artère, d’un os ou d’une cornée prélevés sur un individu vivant ou mort, puisque, dans ces cas, l’implant ne sert qu’à guider l’organisation des cellules du receveur. De même est-il abusif de parler de greffe pour l’implantation de testicule ou d’autres tissus endocrines ou de tissus embryonnaires, qui sont simplement résorbés par le receveur comme des médicaments. On distingue, suivant les qualités respectives du donneur et du receveur, plusieurs sortes de transplantations.

• Les autogreffes sont des transplantations où le receveur est le même individu que le donneur (les isogreffes sont pratiquées entre jumeaux vrais, c’est-à-dire entre individus génétiquement identiques). Dans de telles transplantations, il n’y a aucun problème de tolérance immunitaire. Ainsi en est-il de la greffe d’artère à partir d’une veine saphène ou de la greffe de peau transportée d’une région du corps sur une autre.

• Dans les homogreffes, ou allogreffes, receveur et donneur sont des individus différents d’une même espèce animale. Les hétérogreffes, ou xénogreffes, sont des transplantations faites entre individus d’espèces animales différentes. Alors que ces dernières, encore appelées « chimères », n’ont pu être réalisées que sur des cultures de tissus embryonnaires (Étienne Wolff), les homogreffes sont l’objet actuellement d’un vaste effort de recherche médicale et de quelques applications thérapeutiques. Ce sont les homogreffes d’organes que l’on sous-entend habituellement quand on parle de transplantation d’organe.

Si l’organe transplanté prend la place de l’organe homologue du receveur qui est enlevé, on dit que l’implantation est orthotopique. Si l’organe est mis dans un lieu autre que celui qui lui est naturel, l’implantation est hétérotopique. L’organe homologue du receveur peut alors être gardé ou non.


Historique

La transfusion* sanguine est présentée parfois comme la plus anciennement réalisée des transplantations ; en fait, les globules rouges sont des cellules à demi mortes ayant perdu leurs noyaux et ne pouvant avoir de descendance aussi bien chez le receveur que chez le donneur. Néanmoins, la transfusion sanguine a eu le mérite de familiariser les biologistes avec les problèmes immunitaires qui commandent la compatibilité de la transfusion. De même que la découverte des systèmes de groupes érythrocytaires (groupes sanguins) a donné la sécurité aux transfusions sanguines, de même l’étude des groupes histoleucocytaires (des tissus et des leucocytes), entreprise par Jean Dausset (Paris) et qui est encore en cours, donnera, espère-t-on, la clef de la compatibilité des transplantations.

Les premières transplantations proprement dites ont été réalisées au début de ce siècle par Alexis Carrel à l’université de Chicago, puis au Rockefeller Institute for Medical Research de New York. A. Carrel résolut les problèmes de technique chirurgicale en réalisant le raccordement des vaisseaux des organes transplantés (des reins) avec les vaisseaux des receveurs (v. rein).

La transplantation rénale a été pratiquée sur l’homme pour la première fois en 1947 par D. Hume (Boston), puis pour la deuxième fois en 1951. En 1952 fut réalisée la première transplantation rénale française sous la direction du professeur Jean Hamburger (Paris). Le receveur était un adolescent porteur d’un rein unique congénital qui avait été rompu lors d’une chute ; le donneur était sa mère. Le rein transplanté fonctionna quatre semaines. Mais ce n’est qu’en 1953, à Boston, que l’on obtint un fonctionnement rénal durable ; le malade mourut sept mois et demi plus tard de l’hypertension artérielle provoquée par ses reins malades laissés en place. À la fin de 1954 fut réalisée la première transplantation rénale entre jumeaux vrais avec ablation des deux reins malades du receveur, ce qui amena la guérison du malade. Vers cette époque, il devint évident que l’on ne pouvait progresser qu’en luttant contre le rejet du transplant. Parallèlement à la recherche de la meilleure identité entre les groupes tissulaires du donneur et du receveur, on chercha à inhiber le développement des défenses immunitaires du receveur. Les premières tentatives en ce sens furent fondées sur l’expérience acquise à Paris dans la greffe de moelle osseuse et firent appel à l’irradiation par bombe au cobalt. Depuis 1960-61, d’autres thérapeutiques anti-immunitaires moins dangereuses sont préférées et sont en perfectionnement constant. Enfin, l’hypothermie, dont on connaît depuis longtemps la propriété d’allonger le temps de tolérance à l’anoxie, et l’hypocoagulabilité sanguine provoquée par l’héparine sont maintenant entrées dans la pratique routinière permettant l’implantation différée et le transport de bien des organes.