Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

transmissions (suite)

Transmissions et aviation militaire

La difficulté du vol en toutes conditions météorologiques comme la nécessité de liaisons de commandement indispensables à la coordination d’actions à longues distances rendent aujourd’hui l’emploi des avions militaires étroitement tributaire des transmissions. La vitesse de déplacement des appareils en vol, l’hostilité du milieu (froid extrême, faibles pressions à haute altitude) dans lequel ils se meuvent, associées à de faibles autonomies de vol, donnent un caractère critique à tout délai dans l’acheminement des informations. Cette exigence complique le problème des transmissions dans les aviations militaires, où la fiabilité des matériels et souvent leur duplication sont vitales. Les dimensions restreintes des avions rendent difficile l’installation des antennes et des appareils de bord, dont on recherche la miniaturisation et l’allégement, tandis que le petit nombre des membres des équipages conduit à pousser l’automatisme des matériels pour en simplifier l’emploi.

Pour conduire son vol en sécurité, le pilote doit disposer de moyens de liaisons à courte et à moyenne portée avec les centres de contrôle : tour d’aérodrome, contrôle d’approche de terrain ou de zone d’opérations ; pour assurer sa navigation, il emploie des moyens radio et doit souvent être guidé à partir des radars du sol par liaison bilatérale pour accomplir une mission d’interception ou d’attaque d’objectifs ; le retour à la base et le recueil après mission doivent être exécutés de la même façon ; enfin, l’atterrissage est souvent guidé par d’autres équipements radio-électriques lorsque la vue directe du sol est interdite.

Ces transmissions emploient tous les procédés usuels et la plupart des longueurs d’onde, choisies en fonction du résultat recherché : transmissions par signaux modulés à double bande ou à bande latérale unique en phonie, par signaux digitalisés téléaffichant des ordres sur le tableau de bord ou même télécommandant une manœuvre (pré-pointage du radar de recherche de bord vers l’objectif choisi par le contrôle au sol), par impulsions radars pour les appareils de détection ou de navigation. Les besoins de l’aviation de renseignement conduisent à utiliser des radars particuliers capables de fournir à travers les nuages une image photographique du sol très détaillée. La télévision est également employée, la retransmission des images à distance posant un problème de liaison difficile à résoudre. Pour la transmission des ordres à très grande distance, nécessaire aux bombardiers stratégiques, on utilise des ondes HF émises par des appareils très puissants à travers des antennes directives. Les relais aériens et les satellites sont également employés pour accroître la portée tout en conservant des longueurs d’onde assez courtes. Toutes ces transmissions doivent fonctionner malgré l’action de l’ennemi (brouillage) et sans qu’il puisse en déchiffrer le contenu (codage). En revanche, on s’efforce de diminuer la liberté de transmission de l’adversaire : c’est tout le problème de la guerre électronique, qui a pris une importance considérable.

Ces exigences ont conduit les aviations militaires, depuis les années 1960, à traiter l’information grâce à des installations à base de calculateurs. Le S. T. R. I. D. A. (v. aérienne [défense]), en service en 1962, et le réseau R. A. I. D. (Relais automatique d’informations digitales), opérationnel depuis 1970, avec ses centres de Taverny, de Lyon, de Bordeaux et de Metz et la transformation de nombreux équipements de bord sont autant d’exemples de cette évolution.

P. L.

Transmissions et marine militaire

Dans les marines militaires, les transmissions doivent résoudre un certain nombre de difficultés spécifiques du monde marin : étendue des théâtres d’opérations, limitation des dimensions d’antennes, dont le rendement est faible, puissance limitée des émetteurs, très faible pénétration des ondes radioélectriques dans l’eau de mer.

Les transmissions à faible distance (portée visuelle limitée à l’horizon) emploient des procédés anciens, comme la pavillonnerie, héritée de la marine à voile, ou le scott (morse lumineux), qui, par leur simplicité, assurent un excellent support au commandement.

Les ondes radioélectriques restent pourtant, malgré leur indiscrétion, le moyen essentiel utilisé comme véhicule de l’information. La transistorisation des émetteurs et des récepteurs, l’emploi généralisé de la bande latérale unique, l’augmentation de puissance (jusqu’à quelques dizaines de kilowatts) des émetteurs ont amélioré les résultats. Pour protéger les transmissions contre le brouillage et les interceptions, on utilise des procédures spéciales, fondées sur la modification périodique des fréquences, le codage, qui condense l’information, et le chiffrement, qui la rend inutilisable à qui elle n’est pas destinée. Cela est particulièrement vital pour les sous-marins stratégiques, dont la mission de dissuasion exige une totale discrétion. Les informations qui leur sont destinées sont donc généralement condensées, chiffrées et transmises à très grande vitesse sur des ondes très longues, qui, pénétrant de quelques mètres dans l’eau, peuvent être reçues par les sous-marins en immersion. Un procédé de téléphone sous-marin utilisant des ondes sonores à basse ou à moyenne fréquence permet aux sous-marins de communiquer entre eux ou avec des bâtiments de surface à très faible distance.

Pour les marines, l’avenir des transmissions est lié à l’emploi de procédés de synthétisation des informations transmises et d’automatisation de leur acheminement. C’est le principe employé par le système français S. E. N. I. T. (Système d’exploitation naval des informations tactiques), installé pour la première fois sur les frégates Suffren (1967) et Duquesne (1970), et le système américain NTDS (Naval Tactical Data System). L’organe essentiel de ces systèmes est un ordinateur embarqué qui traite les informations recueillies par les différents senseurs des bâtiments de guerre. Une telle organisation peut, seule, éviter la saturation inévitable des réseaux de transmissions, qui ont à véhiculer avec le maximum de discrétion une masse toujours croissante d’informations tactiques en un temps de plus en plus réduit.

P. D.

H. M.