Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Toscane (suite)

En 1494, cependant, la faillite de la banque Médicis met fin au principat de cette famille et facilite l’occupation de la Toscane par Charles VIII. Après trente-six ans de troubles internes, Charles Quint restaure en 1530 les Médicis et concède à Alexandre le litre de duc héréditaire de Florence (1532-1537) ; Alexandre est acclamé par toutes les villes toscanes. Son successeur, Cosme Ier (1537-1574), crée une armée, fortifie, les villes et les frontières de son État, et peut ainsi annexer Sienne en 1555. En même temps, il transforme les structures de la seigneurie. C’est ainsi qu’il crée en 1532 un Grand Conseil de 200 membres et un Sénat de 48 membres qui ne peuvent se réunir hors de sa présence ou de celle de son lieutenant. Mettant fin à l’autorité des magistratures et des collèges urbains, il donne en fait la réalité du pouvoir à la « pratique secrète », petit groupe de grands fonctionnaires de l’État réunis autour du duc qui accroît l’importance de la bureaucratie et des instances provinciales aux dépens des Florentins. Consacrant cette évolution, le pape Pie V donne à Cosme Ier la dignité de grand-duc de Toscane en 1569 et le couronne à ce titre le 5 mars 1570.


Le grand duché de Toscane (1569-1860)

• La dynastie des Médicis (1569-1737). Sous le principat de Cosme Ier et sous celui de ses successeurs, François Ier (1574-1587) et Ferdinand Ier (1587-1609), la Toscane vit de ses rentes foncières, accrues par la bonification des terres basses de la Maremme et par l’amélioration des cultures (financées depuis 1551 par une taxe spéciale). Grâce à une administration prudente et sage, elle continue ainsi de bénéficier des richesses accumulées aux siècles précédents. En revanche, sous les règnes de princes médiocres, Cosme II (1609-1621), Ferdinand II (1621-1670) et Cosme III (1670-1723), elle se replie totalement sur elle-même et connaît une période de décadence, à laquelle échappe néanmoins Livourne, qui, depuis 1530, reçoit un équipement portuaire important, avant de devenir de 1675 à 1860 un port franc très actif.

• La dynastie de Lorraine (1737-1859). Promise en 1718 à l’infant d’Espagne don Carlos, fils de Philippe V et d’Élisabeth Farnèse, la Toscane est finalement attribuée à François III de Lorraine (François II de Toscane) après la mort du dernier des Médicis, Jean-Gaston (1723-1737), sous le règne duquel elle a été occupée par les troupes des grandes puissances. Mais, ayant abandonné son duché de Lorraine à Stanislas Ier Leszczyński après son mariage avec Marie-Thérèse de Habsbourg, François II est élu Empereur germanique. Aussi doit-il confier la Toscane à un Conseil de régence, puisque l’empereur Charles VI avait stipulé qu’elle devait être réservée aux lignes collatérales des Habsbourg. En fait, pendant son règne (1737-1765), le grand-duché perd toute autonomie réelle et devient un État vassal de l’Empire. Il bénéficie cependant de nombreuses réformes.

Cette politique réformatrice est encore accentuée sous le règne de Pierre-Léopold Ier (1765-1790), qui vit à Florence et instaure en Toscane, avec l’aide de Pompeo Neri (1706-1776), puis de Francesco Maria Gianni (1728-1801), le despotisme éclairé. Dotant d’une plus large autonomie les communautés locales, le grand-duc simplifie la fiscalité foncière par la création d’un impôt unique et par l’abolition des immunités. Sur le plan judiciaire, la Toscane est dotée de la législation la plus moderne du monde. En matière religieuse, enfin, Pierre-Léopold, influencé par l’évêque de Pistoia, Scipione de’Ricci (1741-1809), encourage le jansénisme et réduit le nombre des couvents.

Quand, en 1790, il devient l’empereur Léopold II, il laisse le grand-duché à son fils Ferdinand III (1790-1801) [puis 1814-1824], qui, faible et pacifique, est conduit, sous la pression des Anglais établis à Livourne, à rompre avec la France (1793-1795). Bonaparte occupe la Toscane tout entière en mars 1799 et en 1800. Dotée d’une administration provisoire par le Directoire, la Toscane est évacuée par les troupes françaises lors de l’offensive autrichienne, qui s’accompagne d’une véritable « terreur blanche », due à un soulèvement des paysans contre les Français.

Au traité de Lunéville du 9 février 1801, Bonaparte enlève la Toscane aux Habsbourg pour en faire, par le traité d’Aranjuez du 21 mars 1801, un royaume d’Étrurie, attribué à Louis II de Bourbon, fils du duc Louis Ier de Parme, qui refuse pourtant de se retirer jusqu’à sa mort, en 1803.

Réunie à l’Empire à la suite du traité de Fontainebleau (oct. 1807), la Toscane est divisée en trois départements (Arno, Méditerranée et Ombrone) et bénéficie alors des réformes françaises. En 1809, elle est érigée en grand-duché et confiée à Elisa Baciocchi, sœur de Napoléon.

Restauré en septembre 1814, Ferdinand III de Habsbourg-Lorraine agrandit son État des Présides, de l’île d’Elbe et de Piombino lors du congrès de Vienne en 1815. Le pays connaît ensuite sous le règne de Léopold II (1824-1859) un régime libéral et, grâce à Vittorio Fossombroni (1754-1844), une vie économique assez active.

Les troubles de 1848 conduisent le souverain à accorder une Constitution le 17 février, mais, un an plus tard, la république est proclamée (8 févr. 1849), après que Léopold II s’est enfui à Gaete. Cependant, les Autrichiens, victorieux dès juillet 1849, occupent la Toscane et rétablissent le grand-duc. Ayant voulu rester neutre lors de la guerre d’Italie (conflit austro-piémontais), celui-ci est, de nouveau, obligé de s’enfuir le 27 avril 1859 ; il abdique alors en faveur de son fils Ferdinand IV, mais, sous l’impulsion de Bettino Ricasoli (1809-1880), successeur de Carlo Boncompagni di Mombello (1804-1880), une assemblée constitutive proclame la déchéance de sa dynastie et la réunion du grand-duché à l’Italie le 10 août 1859 ; cette réunion est sanctionnée par le plébiscite du 15 mars 1860. Victor-Emmanuel II transfère sa capitale à Florence de 1865 à 1870.

H. G. et P. T.