Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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tissage (suite)

La gaze est un tissu léger et transparent dans lequel certains fils de chaîne, au lieu d’avoir une évolution rectiligne, ont une évolution sinueuse. Ce tissu comprend deux chaînes, une chaîne à fils fixes, qui n’ont aucun mouvement lors du tissage, et une chaîne à fils de tour. Les fils de tour, rentrés dans des lisses spéciales, sont levés alternativement à droite et à gauche des fils fixes (fig. 14). Dans les foules successives, on passe les fils de trame, qui se trouvent ainsi fortement liés à la chaîne, ce qui explique la possibilité d’obtenir un tissu léger dont les intervalles entre fils restent constants. En variant la disposition des fils de tour par rapport aux fils fixes, on obtient diverses sortes de gazes : gaze unie, gaze chambéry, gaze double tour, etc. L’armure gaze peut être combinée avec d’autres armures pour obtenir des articles fantaisie. La propriété de la gaze de présenter des intervalles très réguliers entre les fils de chaîne et de trame la fait utiliser pour la confection de tamis (gaze de bluterie).


Les machines à tisser

Les métiers à tisser, du fait de la navette, présentent un certain nombre d’inconvénients, tels que fatigue des fils de chaîne, gaspillage d’énergie et limitation de la vitesse de marche.

Sur les machines à tisser, l’alimentation en trame est faite non pas par une navette, mais à partir de bobines placées sur un côté ou de chaque côté du métier. Ce mode d’alimentation permet de supprimer l’opération de canetage et conduit à une simplification du processus de fabrication. De plus, ces bobines de gros formats constituent une réserve en trame de longue durée qu’on peut encore augmenter en nouant au préalable l’extrémité finale et le début du fil de deux bobines consécutives. La qualité insuffisante des lisières obtenues sur ces machines fut pendant longtemps un obstacle à leur développement, mais les améliorations apportées dans ce domaine donnent satisfaction dans la plupart des cas. D’autre part, ces machines offrent l’avantage de ménager les fils de chaîne par une ouverture de la foule réduite du fait que les passe-trame ont des dimensions beaucoup plus faibles que les navettes. De plus, pour les articles tissés teints ou fantaisie, elle permettent de tramer sans problème jusqu’à huit coloris ou qualités de fils différents et ce à des vitesses nettement plus élevées que les métiers à boîtes montantes. Actuellement, en se fondant uniquement sur le dispositif d’insertion de la trame, on peut classer ces machines en quatre grandes catégories : machines à projectiles, machines à lance unique, machines à deux aiguilles et machines à projection.

• Dans les machines à projectiles de type Sulzer, la navette a été remplacée par un petit projectile ayant à une de ses extrémités une pince qui tient solidement le fil de trame à entraîner. La propulsion est provoquée par une barre de torsion qui donne au projectile une vitesse de départ de 24 m/s ; celui-ci est guidé tout au long de son parcours à travers la foule par une suite de plaques en forme de U. Les lisières sont à bouts rentrés, c’est-à-dire que chaque extrémité des duites est rabattue par l’action d’un appareil indépendant de grande précision placé de chaque côté du bord du tissu.

• Sur les machines à lance unique de type Fatex, une longue aiguille traverse toute la foule pour cueillir à l’opposé le fil de trame, qu’elle tire en se retirant de la foule. Les lisières sont renforcées à l’aide d’un fil supplémentaire introduit en boucles repliées sur le bord du tissu.

• Dans les machines à deux aiguilles conçues selon le système Dewas de type MAV, deux aiguilles se rencontrent au milieu de la foule pour se passer la trame, l’une faisant office d’aiguille donneuse et l’autre d’aiguille preneuse grâce au crochet dont elles sont munies à l’une de leurs extrémités. Les lisières sont à pas de gaze. Ces aiguilles peuvent être rigides, flexibles ou télescopiques. Certaines de ces machines sont également équipées de deux aiguilles, mais la trame est introduite dans la foule par l’aiguille de droite sous forme de boucle, puis saisie et tirée par l’aiguille de gauche venue à sa rencontre. Ainsi, les boucles forment du côté droit une lisière solide et correcte comme sur les métiers à tisser avec navette, tandis que la lisière de gauche est à pas de gaze.

• Dans les machines à projection, la trame est lancée dans la foule soit par un jet d’air comprimé, soit par un fin jet d’eau. Par la nature même de leur principe, l’utilisation des machines à jet d’eau de type Enshu est limitée au tissage des matières hydrophobes telles que polyamide, polyester, polypropylène en filaments continus. Pour éviter toute dégradation, l’eau contenue dans le tissu est éliminée par aspiration lorsqu’il passe sur la poitrinière, dans laquelle on a ménagé une fente à sa partie supérieure.


Les machines spéciales

La création, il y a quelques décennies, de métiers à tisser circulaires avait suscité beaucoup d’espoir, car ce type de matériel permettait de se libérer du mouvement alternatif de la navette, mais cette technique est restée limitée à certaines fabrications très spéciales comme la sacherie ; d’autre part, la possibilité de changer automatiquement la canette ou la navette se heurte à d’énormes difficultés, au point qu’elle apparaît impossible.

Comme prototype s’éloignant résolument du principe du métier à tisser est apparue la machine à foule ondulante de type Ruti. La chaîne est divisée en groupes de fils qui forment une foule ondulante en mouvement dans laquelle des porte-trame se suivent les uns derrière les autres. Un dispositif appelé turbo forme l’élément de canetage alimentant chaque porte-trame de la quantité nécessaire de fil pour l’insertion d’une duite.

Le tissage est l’une des grandes branches de l’industrie textile, laquelle comprend la filature, la bonneterie, les teintures et apprêts et la production de textiles chimiques.

H. D.