Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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tissage (suite)

L’armure toile sert également à la fabrication de nombreux articles tels que la toile anglaise, employée en reliure, la toile à bâches, tissu épais et imperméabilisé, la toile cirée, article enduit et imperméable, la toile écrue, toile tombée du métier non encore blanchie, la toile d’emballage, à sac, à serpillière, la toile métis, article mixte comprenant une chaîne en coton et une trame en lin, la toile à matelas, la toile à peindre, etc. Les toiles métalliques sont également réalisées sur métiers à tisser.

• L’armure sergé donne un effet oblique (diagonale). Le plus petit sergé est un sergé de 3. Le rapport en chaîne et en trame est de trois fils et de trois duites (fig. 5). On peut réaliser des sergés à rapport d’armure plus élevé : sergé de 4, de 5, de 6, etc. Dans ce type d’armure, les deux faces du tissu ne sont pas semblables. En effet, sur une face, les fils de trame sont plus apparents que les fils de chaîne et vice versa (fig. 6 et 7).

• L’armure satin est caractérisée par la dissémination des points de liage ; on évite ainsi tout effet de diagonale (fig. 8). On peut obtenir des satins de 5, de 7, de 8, etc. Tout comme pour les sergés, les deux faces du tissu ne sont pas semblables : une face est à effet trame, l’autre face est à effet chaîne (fig. 9).


Les armures dérivées

Chaque armure fondamentale peut donner naissance à d’autres armures, que l’on appelle les armures dérivées.

Les principales dérivées de l’armure toile sont le cannelé (fig. 10), appelé encore « gros de Tours », le reps (fig. 11), appelé « gros de Naples », et le natté (fig. 12). À partir du sergé, on obtient les croisés, les diagonales à nervure simple, à nervures multiples et à nervures composées. Avec les satins, on obtient les satins à répétition, les satins alternatifs, les satinés. Enfin, la combinaison d’armures fondamentales et d’armures dérivées permet de réaliser une infinie variété de tissus, depuis les dessins les plus simples jusqu’aux grands dessins type Jacquard.

Toutes ces armures comprennent une seule chaîne et une seule trame, mais il est également possible d’utiliser plusieurs éléments permettant d’obtenir des tissus plus lourds et dont l’endroit et l’envers peuvent être différents. Les armures qui en résultent sont nombreuses. Elles vont des doubles-faces, composées d’une chaîne et de deux trames ou de deux chaînes et d’une trame, aux doubles-étoffes comprenant quatre éléments, deux chaînes et deux trames, ainsi qu’aux étoffes multiples constituées de plusieurs chaînes et de plusieurs trames.

Des fils supplémentaires sont utilisés pour former des effets spéciaux (brochés, piqués), des boucles (éponges), des pompons (velours, tapis) ou encore des effets sinueux (gaze).

Tous ces articles, depuis l’entrecroisement le plus simple tel celui de l’armure toile jusqu’aux effets les plus divers comme les façonnés, les éponges, les velours, etc., sont réalisés sur des métiers à tisser.


Préparation tissage

Avant de procéder au tissage, il faut faire subir au fil livré par la filature toute une série d’opérations qui prend le nom de préparation tissage afin de le présenter sous un enroulement adapté au métier à tisser. Selon qu’il s’agit des fils destinés à la chaîne ou à la trame, la préparation prend le nom de préparation chaîne ou de préparation trame.

• La préparation chaîne comprend le bobinage, l’ourdissage, l’encollage et le rentrage ou le nouage. Le rentrage, défini par l’armure du tissu, consiste à passer individuellement et dans un ordre déterminé tous les fils de la chaîne dans les maillons correspondants des lisses. La lisse est un fil métallique d’une certaine longueur possédant en son milieu un maillon. Elle permet de faire évoluer le fil de chaîne sur le métier à tisser. Le rentrage se fait le plus souvent à la main, c’est donc une opération longue et coûteuse. Il est suivi d’un rentrage dans les dents du peigne du métier à tisser. Il existe actuellement des machines automatiques à rentrer les fils dans les lisses. Lorsqu’il s’agit de fabrications suivies, il est alors possible de nouer les fils de la nouvelle chaîne avec ceux de la chaîne précédente qui vient d’être tissée. Cette opération se fait à même le métier à tisser avec des noueuses automatiques qui sont capables de nouer tous les genres de filés à des cadences pouvant atteindre plus de 600 nœuds à la minute.

• La préparation trame comprend le bobinage, puis le canetage. Cette dernière opération, qui consiste à enrouler le fil de trame sur un support, n’est effectuée que pour les métiers avec navettes, car, pour les machines à tisser, l’alimentation en trame est assurée directement à partir des bobines.


Tissage

Nées du tressage primitif, les étoffes ont fait leur apparition très tôt dans les civilisations humaines, à l’âge de la pierre polie semble-t-il. Pendant des siècles, ce fut le règne incontesté du métier à bras, où le tisseur, par un travail monotone, n’exécutait péniblement que quelques mètres de tissus par jour, et jusqu’au xviiie s. le métier à tisser n’évoluera guère. Les premiers progrès réalisés datent de 1733 avec la navette volante de John Kay (1704-1764) ; puis, en 1780, Joseph Marie Jacquard (1752-1834) réalise la sélection automatique des fils de chaîne ; quelques années plus tard, en 1786, avec Edmund Cartwright (1743-1823), apparaît le métier mécanique et, en 1889, avec Northrop, le métier automatique. Depuis cette date, de nombreux perfectionnements ont été apportés dans le but, d’une part, d’améliorer les performances des métiers à tisser, d’autre part de remplacer la navette par tout autre dispositif porteur de trame, mais le principe même du tissage, qui est fondé sur l’entrecroisement des fils, reste identique. De nombreuses tentatives, couronnées d’ailleurs de succès, ont eu pour objectif de s’éloigner résolument de ce principe, mais les articles réalisés, les non-tissés, ne relèvent pas du tissage et ont des caractéristiques différentes des étoffes tissées.