Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

tir (suite)

L’emploi des feux nucléaires et classiques

S’il est exécuté par des roquettes ou des missiles, le tir nucléaire permet d’intervenir avec une puissance considérable et à très grande distance. Aussi les feux nucléaires, créant un « événement » décidé au plus haut échelon du commandement militaire avec l’accord du pouvoir politique, peuvent-ils modifier brusquement le rapport des forces en présence, voire amener la décision du conflit par un simple phénomène de crainte d’une escalade vers l’emploi d’armes nucléaires stratégiques. (V. nucléaire [arme].)

On notera cependant que le tir nucléaire ne peut être appliqué à tous les objectifs, tant en raison de considérations techniques (délais d’exécution, danger pour les troupes amies ou les populations civiles, retombées radioactives) que d’impératifs politiques qui, trente ans après l’explosion des premières bombes atomiques de 1945, relèguent encore son emploi au titre d’hypothèse d’école.

En revanche, les tirs à projectiles classiques conservent toute leur valeur et ont continué à être largement employés dans tous les conflits limités qui se sont succédé de 1945 à 1975. Ayant pour mission de préparer et d’appuyer l’action des troupes amies comme de paralyser la manœuvre adverse, les tirs d’artillerie fournissent en premier lieu des feux d’appui direct. Ce sont, dans l’offensive, les tirs de préparation, puis d’accompagnement d’une attaque amie et, dans la défensive, les tirs de contre-préparation et les tirs d’arrêt visant à dissocier et à briser l’attaque de l’adversaire. Ces tirs sont exécutés soit suivant un horaire, soit à la demande du commandement ou des troupes appuyées, ou encore à l’initiative des artilleurs. Ils font l’objet d’un plan de feu adapté à la manœuvre d’ensemble, à laquelle ils doivent être parfaitement intégrés.

Quelques définitions complémentaires

appareil de pointage, appareil permettant de disposer une arme ou une bouche à feu de façon que son projectile atteigne un objectif donné. (Collimateur, goniomètre, niveau, lunette de visée...)

cadence, nombre de coups tirés par une arme dans une action déterminée et rapportée à l’unité de temps (minute ou heure).

calculateur de tir, appareil à fonctionnement électromécanique ou électronique permettant de calculer les éléments du tir en fonction de données connues (localisation de la bouche à feu et de l’objectif, éléments aérologiques, caractéristiques du matériel et des munitions...).

centre de coordination des feux, à l’échelon d’une division, organe choisissant le moyen de feux le mieux adapté pour tirer sur un objectif.

goniomètre-boussole, instrument d’optique permettant la mesure des angles topographiques et l’orientation nécessaires à la préparation du tir.

ligne de tir, prolongement de l’axe de la bouche à feu au moment du départ du coup.

plan de tir, plan vertical passant par l’axe de la bouche à feu ou de la rampe.

point zéro, dans une explosion aérienne nucléaire, projection verticale à la surface du sol du point d’éclatement.

poste central de tir, organe chargé au sein du groupe d’artillerie de la préparation du tir et de la comptabilité des munitions.

tir antiaérien, v. aérienne (défense), et tir antimissile, v. missile.

tir coup par coup, tir interrompu après le départ de chaque coup ; tir par rafales, tir sans interruption d’une succession de plusieurs projectiles (c’est le tir des armes automatiques), v. mitrailleuse.

tir direct, indirect, tir dans lequel l’objectif est vu (ou non vu) de l’emplacement de l’arme ; tir repéré, tir direct sur un objectif dont les éléments de pointage ont été préalablement déterminés pour pouvoir tirer quand cet objectif est invisible.

tir d’enfilade, tir dirigé dans le sens de la plus grande dimension de l’objectif ; tir de face, de flanquement, tir dirigé perpendiculairement (ou parallèlement) au front d’une troupe amie.

tir d’essai, tir permettant d’amener, en tirant par séries de deux coups, le rectangle de dispersion à inclure le but ; tir d’amélioration, tir permettant de déterminer les modifications en portée et en direction à faire subir aux éléments du tir d’essai pour amener le centre du rectangle de dispersion au plus près du but et permettre ainsi de commencer le tir d’efficacité répondant à la mission.

tir de harcèlement, tir effectué sur une zone ou sur un point de passage pour y gêner l’activité ennemie.

tir d’interdiction, tir visant à interdire à l’ennemi certains points du terrain.

tir au jeter, tir effectué en épaulant rapidement une arme individuelle sans employer les appareils de pointage.

tir précis, tir dont les points d’impact sont groupés (même loin du point visé) ; tir réglé, tir dans lequel le point moyen du groupement coïncide avec le point visé ; tir juste, tir précis et réglé.

telluromètre, appareil radio-électrique de mesure des distances, employé en artillerie pour relever les mesures topographiques nécessaires à la préparation et à l’exécution du tir.

P. D.

A. D.

➙ Arme / Artillerie / Bombe nucléaire / Canon / Électronique [les applications militaires de l’] / Gaz (guerre des) ou guerre chimique / Missile / Nucléaire (arme) / Poudre / Projectile.

 P. Charbonnier, Essai sur l’histoire de la balistique (Soc. d’éd. géographiques, maritimes et coloniales, 1928). / J. Darpas, Balistique extérieure (Cours de l’école d’application du Génie maritime, 1948). / P. Carrière, Perturbations balistiques d’un projectile autopropulsé à poudre pendant la phase d’autopropulsion (Mémorial de l’artillerie fr., 1951). / L. Besse, Calcul des probabilités et applications à la balistique (Mémorial de l’artillerie fr., 1952-53 ; 2 vol.). / R. Sutterlin, Note sur la stabilité au tir et la précision des projectiles empennés (Mémorial de l’artillerie fr., 1960).