Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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thermalisme (suite)

Pour que soient pris en charge par la Sécurité sociale les frais des traitements thermaux et les honoraires du médecin thermal, une demande de prise en charge doit être faite avant le 31 mars pour les stations saisonnières, et trois mois avant la cure pour les stations annuelles. Les assurés sociaux à revenus modestes ont droit à des frais de transport et à une indemnité forfaitaire de logement. Dans certains cas spéciaux nécessitant des traitements complexes ou pour des sujets invalides, l’admission dans un hôpital thermal permet une application correcte de la cure.


Indications et contre-indications

Les maladies susceptibles d’être améliorées par les cures thermales sont essentiellement des affections chroniques sur lesquelles les autres traitements n’ont que peu ou pas d’action. Les convalescences d’affections aiguës ou de traumatismes constituent également de bonnes indications.

En France, la plupart des stations sont généralement spécialisées dans le traitement des grands groupes d’affections (rhumatismales, digestives, circulatoires, respiratoires, gynécologiques, etc.), mais chacune d’entre elles possède des caractéristiques particulières permettant un choix adapté à chaque cas, en tenant compte de l’âge, de l’état général et des autres affections éventuelles du sujet, qui constituent ce que l’on appelle les indications accessoires.

Les contre-indications aux cures thermales sont peu nombreuses, mais elles sont formelles : ce sont les états aigus, les fièvres, les maladies contagieuses, les tumeurs malignes, les affections cardiaques, respiratoires ou hépatiques décompensées, et en général tous les états pathologiques graves.

La thalassothérapie

C’est une cure associant les bienfaits de l’eau de mer (gr. thalassa, mer) à ceux du climat océanique et du soleil.

Les propriétés de l’eau de mer et les avantages des séjours au bord de la mer sont connus depuis longtemps. Les bains de mer froids, en vogue depuis le milieu du xixe s., ont un effet stimulant sur le tonus général de l’organisme et sur la croissance, ils favorisent les convalescences, améliorant l’état des anémiques, des lymphatiques et des asthéniques. Mais la température de l’eau, relativement froide en Europe, contre-indique son emploi direct chez les rhumatisants, les arthritiques, les convalescents de fractures, etc. C’est pourquoi de nombreuses tentatives d’emploi de l’eau de mer chauffée furent faites, dès le xviiie s. en Angleterre, puis au xixe s. en France, mais toutes butaient sur l’obstacle que constitue l’effet corrosif de l’eau de mer sur les canalisations et les installations. Seule la première installation scientifique de bains marins, le Centre hélio-marin de Roscoff créé en 1899 par le docteur Louis Bagot, a continué de fonctionner jusqu’en 1953, où elle fut restaurée avec l’aide des techniques nouvelles.

Après la Seconde Guerre mondiale, en effet, les progrès effectués dans la métallurgie des alliages inoxydables allaient permettre le grand essor actuel de la thalassothérapie.

Depuis 1953, on assiste à un développement d’installations modernes dans de nombreuses stations de la Manche, de l’océan Atlantique et de la Méditerranée, et il en est de même dans les pays voisins, notamment en Italie.

L’eau de mer est employée en bains chauds, en douches sous-marines (jet d’eau sous l’eau) appliqués à des températures et sous des pressions variées. Les bains en baignoires ou en petites piscines spécialement aménagées permettent la kinésithérapie dans l’eau (l’immersion supprime le poids du corps et facilite les mouvements). On utilise également les bains d’algues, de varechs, les bains de boues marines et même les eaux mères des salines (plus salées que l’eau de mer et analogues aux eaux chlorurées sodiques fortes de Biarritz, de Salies-du-Salat, etc.). Ces applications thermales ne font pas négliger dans certains cas les bains froids en mer. La cure de thalassothérapie comporte en outre l’action du soleil (héliothérapie) [v. physiothérapie] et celle du vent (le vent modéré est stimulant).

Les indications primitives de la thalassothérapie (convalescences, anémies, asthénies) ont pu grâce à l’apport thermal être étendues à certaines affections rhumatismales, aux convalescences de traumatismes, aux surcharges pondérales et aux conséquences de la suralimentation et du surmenage intellectuel (hommes d’affaires) et musculaire (sportifs).

Ces cures ne se substituent pas aux cures thermales classiques, mais elles complètent au contraire les possibilités de traitements, notamment lorsqu’il s’agit de sujets relativement valides et dont l’état ne comporte pas de contre-indication au climat océanique.


Bilans des cures thermales

S’agissant du traitement d’affections chroniques, les résultats des cures thermales ne peuvent en général se juger à la fin de celles-ci. S’il existe des cas dans lesquels dès le cours de la cure ou à la fin de celle-ci le malade ressent une grande amélioration, ou même se considère comme guéri, ce n’est souvent que dans les semaines, les mois, voire dans l’année qui suit qu’il pourra apprécier le changement. Ainsi, les périodes douloureuses pourront être moins longues, moins fréquentes, les crises ou accès moins violents, les médicaments pourront être diminués, souvent supprimés, les arrêts de travail seront moins nombreux. Une seule cure ne donne souvent qu’un début d’amélioration, et le renouvellement des cures plusieurs années de suite est souvent nécessaire pour obtenir des résultats durables.

Surtout, l’appréciation individuelle est difficile, car tout malade voudrait être rapidement et définitivement débarrassé de ses maux, mais il lui est impossible d’apprécier l’état dans lequel il se trouverait s’il n’avait pas fait de cure. C’est donc par l’étude des statistiques que l’on peut approcher une bonne connaissance des effets favorables des cures, et les organismes de Sécurité sociale peuvent juger de l’incidence des cures sur de grands nombres de sujets dont certains ont bénéficié des cures et d’autres non. Il apparaît ainsi que les frais de maladie et les arrêts de travail sont statistiquement réduits dans l’année suivante pour les sujets ayant bénéficié de cures thermales prescrites à bon escient et bien conduites, ce qui ajoute un intérêt économique aux pratiques thermales.