Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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thermalisme (suite)

Les eaux carboniques (dites « alcalines »)

Elles contiennent des bicarbonates de sodium (Vichy, Vais, Le Boulou), de calcium (Pougues, Saint-Galmier) et du gaz carbonique. Elles sont employées en boisson dans le traitement des affections de l’estomac, de l’intestin et du foie. Les eaux bicarbonatées mixtes contiennent en outre des chlorures (Saint-Nectaire), du magnésium (Châtelguyon). Certaines eaux carboniques dégagent beaucoup de gaz, elles sont employées en bains carbogazeux dans les affections artérielles (Royat).


Les eaux sulfatées

Certaines eaux sulfatées calciques sont froides (Vittel, Contrexéville) et employées dans le traitement des maladies des reins et du foie. D’autres sont chaudes et sédatives (Bagnères-de-Bigorre, Dax) et employées dans le traitement des affections rhumatismales en bains et applications locales. Les eaux sulfatées sodiques, calciques et magnésiennes fortes sont purgatives, certaines sont employées contre l’obésité (Brides-les-Bains).


Les eaux sulfureuses

Elles permettent les traitements par le soufre. Les eaux sulfurées sodiques se rencontrent dans de nombreuses stations des Pyrénées. Certaines sources sont chaudes et peu minéralisées ; d’autres, moins chaudes, contiennent beaucoup de soufre. Les eaux sulfureuses des Pyrénées (Luchon, Cauterets, Barèges, etc.) sont employées dans le traitement des affections respiratoires et des rhumatismes.

Les eaux sulfurées calciques ou sulfhydriquées froides contiennent du sulfure de calcium et de l’hydrogène sulfuré provenant de la réduction du sulfate de calcium ; elles sont employées dans le traitement des affections des voies respiratoires supérieures (Enghien, Allevard).


Les eaux chlorurées sodiques

La localisation, au nom évocateur (Salies-de-Béarn, Salies-du-Salat, Salins-les-Bains, Salins-les-Thermes) de ces eaux très salées (jusqu’à 250 ou 300 g de sel par litre), est en rapport avec les transgressions marines, génératrices de dépôts de sédiments salifères ; stimulantes, elles sont employées dans le traitement des affections gynécologiques et des affections ostéo-articulaires.


Les eaux oligo-minérales

Elles contiennent des quantités très faibles de sels minéraux, notamment de sodium, d’utiles quantités de magnésium et sont particulièrement indiquées pour les cures de diurèse dans les affections des reins et pour l’élimination des déchets (Évian, Thonon-les-Bains).


Les eaux à minéralisation spéciale

Elles contiennent, à côté de certains des sels précédemment cités : du fer, employé contre les anémies (Forges, Bussang) ; du cuivre (Saint-Christau) ou du sélénium (La Roche-Posay), employés contre les maladies de peau ; de la silice (Sail-les-Bains), efficace dans les maladies de la nutrition telles que la goutte et l’arthritisme.

Le thermalisme en Europe

Par l’importance des installations et le nombre des curistes traités annuellement, l’U. R. S. S. (6 millions de curistes), l’Allemagne (1 650 000) et l’Italie (1 250 000) viennent en tête avec la France (420 000, dont 75 p. 100 d’assurés sociaux et 5 p. 100 d’étrangers). Les pays de l’Est, Tchécoslovaquie, Roumanie, Bulgarie, Pologne, Hongrie et Yougoslavie, sont bien placés et font des efforts importants pour satisfaire la demande de nombreux curistes. Le thermalisme est par contre pratiquement inexistant en Grande-Bretagne, dans le Benelux et en Scandinavie, sans doute en raison de l’influence de la pensée médicale américaine, centrée sur les médicaments et les techniques, mais probablement aussi parce que les sources thermales sont en moins grande abondance.

Dans les pays de l’Europe centrale et orientale, le séjour des curistes se fait non dans des hôtels, mais dans des maisons de cures appelées sanatoriums (sans rapports avec nos sanatoriums pour tuberculeux) ; la surveillance des traitements et la discipline hygiéno-diététique s’en trouvent améliorées, et l’observation scientifique des résultats des cures peut être plus rigoureuse.

En Allemagne fédérale, les stations sont ouvertes toute l’année, mais leur spécialisation est moins poussée qu’en France malgré l’importance des investissements réalisés dans ce domaine.

En Italie, des motivations touristiques s’ajoutent aux considérations médicales pour justifier de gros efforts de développement concernant aussi bien le lancement de stations nouvelles que l’aménagement moderne des stations réputées. Ce pays s’applique à renforcer les caractères scientifique et médical de son thermalisme.

Le traité de Rome prévoit la possibilité d’appliquer les traitements — donc les cures thermales — dans tous les pays adhérents. Toutefois, son application en ce domaine n’est pas encore réalisée et, actuellement, la Sécurité sociale française ne prend en charge les traitements à l’étranger que si leur équivalent n’existe pas en France, ce qui semble difficile à soutenir ici en raison des possibilités étendues du thermalisme français.


La pratique des cures

Les cures thermales durent généralement vingt et un jours, mais cette durée, nécessaire à l’efficacité des traitements dans la grande majorité des cas, peut être exceptionnellement réduite à quinze jours, notamment en cas de cures successives. Inversement, certaines cures peuvent être fatigantes et justifient un repos de quelques jours après la cure, soit à la station, soit après le retour.

Certaines stations sont ouvertes toute l’année, d’autres seulement pendant des « saisons » allant d’avril-mai à septembre-octobre. Les cures doivent toujours être faites sur prescription médicale et sous la surveillance d’un médecin thermal. Elles comportent soit des traitements externes (bains, douches, lavages, pulvérisations, inhalations, applications locales ou « bains » de boues, etc.), soit des traitements internes représentés par les cures de boisson. Dans de nombreux cas, les traitements externe et interne sont combinés.

L’action des eaux est le plus souvent complétée par une physiothérapie appropriée : massages, kinésithérapie, rééducation, notamment dans les affections ostéo-articulaires, rhumatismales ou post-traumatiques. Les massages sous l’eau ou par douche filiforme, la rééducation en piscine (réduisant le poids du corps) constituent dans la plupart des stations des associations très efficaces de l’action de l’eau et de celle des soins complémentaires.