Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Théodose Ier le Grand

En latin, Flavius Theodosius (Cauca, en Galice, v. 347 - Milan 395), empereur romain de 379 à 395, fils de Théodose l’Ancien.



La politique impériale : unité et division

Si Théodose fut le grand empereur des dernières années du ive s., il n’en partagea pas moins le pouvoir avec divers personnages plus ou moins éphémères. Après avoir été duc de Mésie Première, il dut son ascension à Gratien, éventuel assassin de son père : Gratien le fit maître de la milice, puis le proclama Auguste, à Sirmium en 379. Il devenait ainsi empereur d’Orient, y compris de l’Illyricum oriental. Après un bref passage à Thessalonique, il s’établissait à Constantinople. Gratien gouvernait l’Occident avec Valentinien II, qui lui était associé. Les relations entre Gratien et Théodose durent être difficiles en 383 : Théodose proclama Auguste son fils Arcadius Auguste, ce qui semblait lui attribuer les pouvoirs de Gratien. Gratien mourut peu après, de la main d’un des hommes de l’usurpateur Maxime (383-388), qui venait de se manifester en Occident et avait pris Trèves pour capitale. Maxime, qui avait chassé d’Italie Valentinien II, empereur romain de 375 à 392, fut tué par les soldats de Théodose (Aquilée, 388). Valentinien II ne fut pas rétabli dans ses attributions antérieures, mais envoyé en Gaule, où il était confié à la surveillance du général barbare Arbogast († 394), qui le fit étrangler (Vienne, 392). Théodose s’installa en Italie, dans la capitale impériale de Milan. Il avait presque rétabli l’unité de l’empire à son profit. Pour peu de temps, car, à l’instigation du même Arbogast, un usurpateur apparut encore en Occident, Eugène, avec la prétention de succéder à Valentinien. En 393, Théodose donnait à son autre fils, Honorius, le titre d’Auguste. Eugène chercha à éviter le conflit avec Théodose, mais celui-ci se refusa à le reconnaître et se résigna à le combattre. Il massacra ses troupes en 394 au Fluvius Frigidus (Rivière froide), à Ajdovščina, vallée de la Vipava.

Eugène mort, Théodose se trouvait seul maître de l’Empire. Mais pour combien de temps ? Il mourait l’année suivante, et l’Empire fut alors partagé entre ses deux fils Honorius et Arcadius. Il fut le dernier empereur à détenir pendant quelque temps l’autorité effective sur l’ensemble de l’Empire romain. Les événements de son temps confirmaient la fatalité de la division impériale ainsi que le contraste entre la stabilité politique relative de l’Orient et le chaos auquel était voué l’Occident.

Théodose l’Ancien

En lat. Flavius Theodosius (en Galice - Carthage 376), général romain, père de Théodose le Grand. Il s’est illustré dans la défense contre les Barbares et la pacification de l’Occident (répression de la révolte des Pictes et Scots, 368-69 ; liquidation de l’insurrection du prince berbère Firmus, en Mauritanie, 372-375). Il fut décapité pour une raison que nous ignorons, sur l’ordre de Valentinien Ier, ou, plus probablement, de Gratien.

Gratien

En lat. Flavius Gratianus Augustus (Sirmium 359 - Lyon 383), empereur romain de 375 à 383, fils et successeur de Valentinien Ier ; et frère aîné de Valentinien II, avec qui il partagea — assez théoriquement — le gouvernement de l’Occident. Il eut d’appréciables succès dans la lutte contre les Barbares. Soumis à l’influence de saint Ambroise, il persécuta le paganisme.

Théodose II

(401-450), empereur romain de 408 à 450. Petit-fils de Théodose le Grand, il succède à son père Arcadius à la tête de l’empire d’Orient. Il remporte des victoires sur les Perses, mais ne peut ni mettre fin aux pirateries du Vandale Genséric ni repousser les incursions des Huns. De son règne date la publication du code Théodosien, source juridique fondamentale pour l’histoire institutionnelle du ve s.


La politique barbare

Théodose a fait figure d’un ami des Barbares, face à une opinion publique qui leur était très hostile. L’infiltration pacifique desservait la cause des Goths autant que les combats. Occasionnellement, les soldats romains ou la foule se déchaînaient contre eux. Théodose, lui, n’avait pas le choix : pour défendre l’Empire, il en était réduit à s’entendre avec les Barbares eux-mêmes. Ce progermanisme n’est pas germanophile : les Goths sont ariens, et l’arianisme est persécuté ; les Goths sont chefs militaires, mais ils n’ont jamais l’autorité reconnue aux Romains. La question est d’ailleurs embrouillée : faute d’autres soldats, Théodose a recruté massivement des Goths, mais avec le sentiment du danger qu’ils représentaient. Il a tout fait pour recruter des Romains, pour traquer tous ceux qui voulaient échapper au service. Il en était qui se coupaient le pouce pour ne pas servir. Pendant ce temps (v. 380), les Barbares déferlaient sur les Balkans, saccageaient tout. Mais, pour Théodose, la guerre était un péché. Il préféra négocier, et cette négociation aboutit, en 382, à l’installation des Goths dans l’Empire, tout en leur conservant un statut national et des lois propres. Le rhéteur Thémistios (317 - v. 388) fit l’éloge public de ce pacifisme. Cependant, de 386 à 392, Théodose doit mener plusieurs opérations militaires contre des Goths. Mais l’expulsion de ces hordes au-delà des frontières est impossible. Du reste, la situation des Barbares évolue : d’une part, ils s’infiltrent de plus en plus, d’autre part, ils se querellent entre eux. Les questions barbares deviennent des affaires intérieures. Cela convient mieux à Théodose, qui n’aime pas les campagnes militaires et préfère légiférer du fond de son palais. Il se montre alors soucieux de moralité, d’équité dans la justice, mais aussi débordé par la bureaucratie et par la vénalité. La fiscalité demeure toujours aussi lourde : Antioche se révolte à l’annonce d’impôts nouveaux (387).


La politique chrétienne

Théodose fut un empereur chrétien, mais baptisé tardivement, en 380, après une maladie qui pourrait avoir influencé profondément ses sentiments. Toutefois, dès 379, tout annonce les égards qu’il allait accorder à l’Église. En 380, l’édit de Thessalonique déclare que « tous nos peuples doivent se rallier » à la foi chrétienne. D’admis, le christianisme devint officiel. En même temps, l’empereur prit position dans les dissensions entre chrétiens, l’édit précisant qu’il s’agissait du christianisme catholique, foi professée par « le pontife Damase et l’évêque Pierre d’Alexandrie », les autres étant des hérétiques que Dieu devait châtier. Ces hérétiques ne manquaient pas : à Constantinople se rencontraient ariens, anoméens, pneumatomaques. Théodose se hâta d’expulser l’évêque arien, Demophilos († 386), au profit de Grégoire* de Nazianze, qui avait tonné contre les hérétiques. Il fit déporter Eunomius (v. 320 - v. 392), champion des anoméens. La secte des novatiens échappa à ses foudres. Un nouvel édit (381) compléta le précédent, en insistant sur la foi définie par le concile de Nicée et en précisant les modalités de lutte contre les hérétiques, qui devaient être expulsés des villes. Enfin, une série de conciles furent réunis, en grande partie à l’initiative de l’empereur.