Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

automatisation (suite)

Les applications

Parmi les innombrables applications de l’automatisation, car celle-ci intéresse toutes les activités humaines, figurent les appareils ménagers, la métallurgie, la chimie et la pétrochimie, la cimenterie, la verrerie, la conduite des machines-outils, des machines à papier et des machines textiles, le pointage des armes, le pilotage des véhicules de toutes sortes (ascenseurs, navires, sous-marins, avions, fusées, satellites, trains, métros), les industries alimentaires (remplissage, étiquetage, empaquetage), la conduite du trafic urbain, aérien, téléphonique et télégraphique, la production et la distribution d’énergie (centrales thermiques, hydrauliques et nucléaires), la manutention (objets industriels, bagages) et le triage (wagons, courrier), le contrôle des pièces mécaniques, des transistors, des véhicules spatiaux, la documentation automatique, la réservation des places, le diagnostic médical, la tenue des stocks, la composition automatique des textes, etc. Un grand nombre de ces applications continueront à mettre en œuvre des moyens simples et classiques, automatismes à programme chronométrique, automatismes séquentiels, systèmes asservis. Mais la proportion de celles qui feront appel au calculateur numéral ira en croissant au fur et à mesure que les opérations de traitement de l’information deviendront plus nombreuses ou plus complexes. Le petit calculateur numéral, dont le prix et l’encombrement ne cessent de décroître, deviendra un composant banal. Dès à présent, les armoires de commande des machines-outils de l’industrie mécanique contiennent souvent des éléments de calcul numéral, qui constituent un véritable ordinateur dans le cas des machines à commande numérique ; la même évolution, qui pose de sérieux problèmes en matière de formation d’ingénieurs, s’observe dans les salles de conduite (commande et contrôle) des centrales électriques ou des usines chimiques ou pétrochimiques.

Les conséquences technologiques, économiques et sociales de l’automatisation

• Sur le plan technologique, la pénétration de l’automatisation varie selon les secteurs de production. Ceux dans lesquels le processus de fabrication est en continu (industries chimiques ou alimentaires, production d’énergie, transformation des métaux en produits semi-finis) sont susceptibles d’une automatisation totale. Dans les secteurs tels que les industries de transformation (industries électrique, de l’automobile, du meuble) et les services à caractère collectif (vente au détail, transports, assurances, soins médicaux), l’automatisation peut être très poussée, sans cependant être étendue à l’ensemble du processus. Enfin, dans les secteurs où la production reste très individualisée (professions libérales, artisanat), l’introduction de l’automatisation restera probablement assez réduite. L’automatisation transforme profondément les conditions de travail, et se traduit en particulier par :
1. la disparition de tâches exigeant un effort physique ;
2. la suppression de postes dangereux (exposition à des vapeurs nocives, proximité d’organes mécaniques en mouvement) ;
3. la disparition des tâches répétitives ;
4. l’augmentation du nombre de postes exigeant une forte tension nerveuse (tâches plus complexes ; attente des signaux de la machine ; interventions plus rapides ; responsabilités accrues) ;
5. l’accroissement de la qualité.

• Sur le plan socio-économique, le développement de l’automatisation augmente dans de très fortes proportions la productivité du travail humain. En contrepartie, ce développement exige : 1o des investissements très importants, tant en capitaux (coût des installations) qu’en recherches (conception et mise au point des processus de fabrication) ; 2o une main-d’œuvre formée spécialement et ayant un niveau de qualification élevé (ingénieurs de recherche ; techniciens de surveillance, d’entretien, de dépannage) ; 3o de vastes débouchés pour des produits fabriqués en grande série. La principale conséquence de ce développement est la concentration accrue des moyens de production, et ses corollaires : élimination des unités de production trop petites, transferts de main-d’œuvre, standardisation et planification de la production en fonction de la prévision de la demande des consommateurs. Les problèmes qui apparaissent alors sont : la formation des spécialistes de tous niveaux ; la reconversion des travailleurs dont les emplois doivent disparaître (manœuvres, ouvriers spécialisés et qualifiés, employés de bureau) ; l’ouverture de nouveaux marchés (exportation, augmentation de la demande intérieure).

Ces problèmes appellent des choix économiques à l’échelon politique général. Dans chaque pays industrialisé, les responsables sont placés devant l’alternative suivante : ou bien limiter l’automatisation aux industries dans lesquelles les besoins en main-d’œuvre très qualifiée seront relativement réduits, et sur lesquelles l’incidence de la demande des consommateurs n’est qu’indirecte ; ou bien accepter le progrès technique et ses conséquences en favorisant l’introduction de l’automatisation dans tous les secteurs auxquels elle peut être appliquée. La première option consiste à n’implanter l’automatisation que dans les secteurs fabriquant en continu des produits semi-finis (industries chimiques de base, laminoirs, tréfileries). Ces secteurs bénéficiant déjà d’une production fortement automatisée, l’influence sur l’économie du pays de l’introduction de l’automatisation est très réduite : 1. la concentration des moyens de production, déjà poussée, peut difficilement y être accrue ; 2. les transferts de main-d’œuvre y sont relativement faibles, et peuvent être absorbés par les autres secteurs ; 3. les spécialistes à former sont peu nombreux ; 4. l’augmentation de la productivité ne s’accompagne pas nécessairement d’un accroissement de la masse salariale. La seconde option impose l’élaboration d’une politique globale, planifiée, organisant les concentrations d’entreprises, ainsi que la formation et la reconversion de la main-d’œuvre. Cette politique doit tendre à accroître la demande intérieure proportionnellement à l’augmentation de la productivité, ce qui implique en particulier : 1o l’élévation des revenus des consommateurs (salaires en rapport avec la qualification et les responsabilités accrues) ; 2o l’allongement des loisirs, par diminution de la durée du travail (compensation de la fatigue nerveuse plus intense).