Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Texas (suite)

La partie sud des Grandes Plaines prend au Texas la forme de plateaux appelés quelquefois High Plains ; ce sont le Llano Estacado (ou Staked Plains), le plateau de Stockton et le plateau d’Edwards, dont l’altitude varie entre 700 à 800 m à l’est et approche 1 000 m à l’ouest. À l’est du Llano Estacado et au nord du plateau d’Edwards se trouve un niveau intermédiaire de plateaux compris entre 400 et 600 m, sans nom générique dans sa partie occidentale (Gypsum Plains, Rolling Plains, Limestone Belt) et dénommé plateau Comanche dans sa partie orientale. Cet ensemble tabulaire se termine au sud et à l’est par l’escarpement tectonique des Balcones.

Des vallées encaissées, comme celle du Colorado (du Texas), et des formes karstiques récentes (dolines, vallées sèches) caractérisent les plateaux d’Edwards et de Stockton, constitués de calcaires crétacés. Dans le Llano Estacado, ces derniers sont couverts de formations tertiaires tantôt meubles, tantôt consolidées en croûtes carbonatées (caprock) qui donnent de petits escarpements. Le plateau Comanche est extrêmement disséqué : après déblaiement du calcaire crétacé, l’érosion a raviné les roches sous-jacentes. Un pointement de schistes, de gneiss et de granites précambriens apparaît en fenêtre dans le plateau d’Edwards : c’est le bassin du Llano Burnet, traversé par la vallée épigénique du Colorado.

La plaine côtière comprend d’abord une partie intérieure. Là, une série sédimentaire (du Crétacé inférieur au Miocène) inclinée vers le golfe du Mexique a été façonnée en cuestas à front tourné vers le nord-ouest ; on en compte cinq ou six selon les secteurs, mais deux d’entre elles sont plus élevées et plus continues. Des plaines monoclinales (Grand Prairie, Black Prairie) suivent le pied des cuestas, dont le revers forme de petits plateaux inclinés vers le sud-est (Fayette Prairie).

La partie proprement littorale de la plaine côtière comprend, de l’intérieur vers la mer, des terrasses, témoins d’anciens niveaux marins, des plaines deltaïques coalescentes (la plus étendue constitue la Coastal Black Prairie), des lagunes et des flèches de sable modelées en petites dunes.

La plaine côtière et la plate-forme continentale sont affectées de diapirs salifères qui forment des dômes contenant du sel et souvent des hydrocarbures.

Aux plateaux du Nord-Ouest et à la plaine côtière du Sud-Est s’ajoute, à l’extrême ouest de l’État, le Trans-Pecos. À part le plateau de Stockton, déjà mentionné, qui appartient aux Grandes Plaines, cette région fait partie de la province des chaînons et des bassins qui occupe le sud de l’Arizona et du Nouveau-Mexique ainsi que le nord du Mexique. Les monts Guadalupe (2 667 m) et le Diablo Plateau sont formés de roches surtout sédimentaires, tandis que les monts Davis (2 555 m) et Santiago (2 092 m) sont composés principalement de matériaux volcaniques. Ces reliefs séparent de petits bassins désertiques (Salt Basin, Toyah Basin).


Le climat

Les conditions climatiques varient considérablement dans un État aussi vaste. Entre le Nord et le Sud, il s’agit surtout de différences thermiques. Tout au nord (High Plains), la moyenne de janvier est de 4 à 5 °C environ, le minimum moyen est inférieur à 0 °C pendant cinq mois et la période sans gelées ne dure que 180 jours. Dans l’extrême Sud (Lower Valley), la moyenne de janvier est proche de 15 °C et la période libre de gelées dépasse 320 jours. Dans la Lower Valley, on récolte le coton et le sorgho au début d’août, époque des semailles de ces plantes dans le centre des High Plains, où la récolte n’est pas terminée avant la mi-décembre.

Entre l’Est et l’Ouest, les différences sont surtout d’ordre pluviométrique. La partie orientale du Texas appartient à l’Est humide des États-Unis, et sa section occidentale à l’Ouest aride : El Paso ne reçoit que 200 mm par an ; mais on mesure 600 mm à Laredo, 880 mm à Dallas, 1 170 mm à Houston et près de 1 400 mm à Port Arthur. Le régime des précipitations varie autant que leur montant ; dans le fuseau central, le maximum a lieu en avril et en mai ; dans la région orientale, le printemps et l’été sont les saisons les plus pluvieuses ; dans le Trans-Pecos, les rares pluies tombent sous forme d’orages d’été et lors du passage de perturbations tropicales en automne.

Les régions les plus sèches (parties des High Plains, Trans-Pecos) ont une hydrologie endoréique (écoulement vers des bassins intérieurs) ou aréique (absence d’écoulement régulier). Même dans le fuseau central, le problème de l’eau reste posé à cause de l’irrégularité des précipitations.

À ce sujet, il faut souligner le caractère irrégulier ou violent de certains aspects du climat. Depuis le début du siècle, on compte une trentaine d’années de précipitations normales, mais une vingtaine d’années de sécheresse et autant d’années de pluies excessives. La période de sécheresse la plus longue débuta en 1950 dans l’Ouest et s’étendit les années suivantes vers l’est ; à la fin de 1956, 244 comtés sur les 254 du Texas étaient sinistrés. Malgré les travaux entrepris sur la plupart des cours d’eau, environ 3,5 Mha sont encore soumis aux inondations, les crues catastrophiques se répétant à raison de quatre ou cinq par décennie, tantôt dans l’Est, tantôt dans l’Ouest, parfois dans tout l’État (comme en 1957). Des pluies intenses et brèves sont associées aux squall lines (lignes de grain avec vent violent), aux tornades, aux cyclones tropicaux, surtout à ceux qui atteignent l’intensité du typhon. Il y a une quinzaine de tornades par an ; parmi les plus catastrophiques citons celle du 11 mai 1953, qui fit 114 morts à Waco. Les typhons ont des effets encore plus dévastateurs : celui du 8 septembre 1900 causa, dans le sud-est du Texas, la mort de 6 000 personnes, la destruction de 3 635 maisons et la submersion de l’île de Galveston sous 3 à 5 m d’eau. Quoique moins fréquentes et moins violentes que dans le Midwest, les chutes de grêle sont aussi un aléa climatique, car elles peuvent affecter les plantes cultivées à tous les stades de leur croissance. De l’automne au printemps, la progression des fronts froids est suivie de l’arrivée d’un vent glacial du nord, le norther, responsable de coups de froid qui atteignent parfois la côte du Golfe, y endommageant les cultures de légumes et d’agrumes.