Tétrodon (suite)
Caractères généraux
Le nom commun des Tétrodons — Poissons-Globes ou Poissons-Ballons — fait référence au fait que ces animaux, quand ils sont sortis de l’eau, avalent de l’air et gonflent un diverticule de leur tube digestif ; remis à l’eau, ils flottent tête en bas, et il leur faut plusieurs minutes pour éliminer l’air et reprendre leur position normale. La peau des Tétrodons est nue ou recouverte d’épines érectiles. De la centaine d’espèces connues, la plupart vivent dans les eaux tropicales — notamment au voisinage des récifs coralliens — et tempérées chaudes. Beaucoup s’aventurent en eau douce et remontent de grands fleuves comme le Nil, le Sénégal, le Congo en Afrique, le Gange en Asie et l’Amazone en Amérique du Sud.
Les caractères généraux des Tétraodontiformes sont en partie de type primitif — ossification faible, pas de rayons épineux aux nageoires —, en partie de type évolué — vessie natatoire close, tégument recouvert d’épines ou de plaques osseuses —, et l’on s’accorde aujourd’hui à les faire dériver de Perciformes par régression. Les pelviennes manquent, et la dorsale et l’anale s’opposent à la partie postérieure du corps. Un diverticule gastrique permet à ces Poissons de se gonfler d’eau ou d’air : c’est là une réaction de défense contre les prédateurs, qui, ainsi, se trouvent soudain devant une proie devenue trop grosse pour eux.
On divise les Tétraodontiformes en cinq sous-ordres.
Balistoïdes
Ce sont les moins dégénérés des Tétraodontiformes, et leurs affinités acanthoptérygiennes sont encore nettes : l’ossification est normale, la première dorsale est épineuse et le tégument est recouvert de plaques dermiques. La famille des Triacanthidés possède des dents normales, en forme d’incisives et de canines. Les Balistidés, ou Arbalétriers, ont les dents soudées en plaques, au nombre de huit plaques externes sur chaque mâchoire, plus six plaques internes à la mâchoire supérieure. Leur nom d’Arbalétriers est dû au fait que le second rayon épineux de la dorsale peut verrouiller le premier rayon en position d’érection, tandis que le troisième rayon permet le déverrouillage. Les Arbalétriers sont des Poissons côtiers des mers tropicales, qui broutent les coraux ; quelques espèces sont devenues pélagiques, comme Balistes capriscus, qu’on trouve en Méditerranée et jusque dans la Manche.
Triodontoïdes
Ils ne renferment que les Triodontidés, qui ont deux plaques dentaires supérieures et une plaque mandibulaire.
Tétraodontoïdes
Outre la famille des Tétraodontidés, ce sous-ordre comporte également la famille des Diodontidés, ou Poissons-Porcs-Épics, dont la denture est réduite à un bec sans suture médiane. Ce sont les nombreuses épines qui hérissent leur peau qui leur ont valu ce nom. On trouve souvent ces Poissons à l’état de peau séchée pour confectionner des lampions.
Ostracionoïdes
Ce sont les Poissons-Coffres*, dont la peau comporte des plaques osseuses juxtaposées, qui forment une carapace rigide, d’où sortent les pédoncules pectoraux et le pédoncule caudal. Le nombre de vertèbres est réduit à une quinzaine. Les Ostracionidés sont d’assez grande taille ; des carènes longitudinales donnent à leur corps une forme quadrangulaire ou pentagonale en coupe transversale. Ces Poissons sont abondants dans le Pacifique, et les indigènes les consomment. Les Canthigastéridés, plus petits, moins rigides et souvent richement colorés, sont recherchés des aquariophiles.
Moloïdes
Les Moloïdes, ou Poissons-Lunes (les Anglais les appellent Poissons-Soleils), ont un bec à deux plaques dentaires, mais des caractères de dégénérescence tout à fait particuliers. Le pédoncule caudal est atrophié, et le corps a l’air comme tronqué en arrière de la dorsale et de l’anale. Le nombre de vertèbres est réduit à seize ou dix-sept unités. Le corps tout entier est comprimé latéralement et presque circulaire ; d’où le nom de Mola (Meule) du genre principal. Les Moloïdes sont des Poissons pélagiques, indolents, qui se laissent flotter passivement et sont quelquefois rejetés sur les côtes. L’espèce la plus volumineuse, Mola mola, dont on prend chaque année quelques exemplaires sur nos côtes, peut atteindre au maximum de sa taille 4 m de diamètre et 2 t. Les œufs des Poissons-Lunes sont minuscules et donnent naissance à des larves pélagiques qui subissent des métamorphoses. Les adultes sont en général, fortement parasités.
R. B.
L. Bertin et C. Arambourg, « Systématique des Poissons » dans Traité de zoologie sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIII, fasc. 3 (Masson, 1957). / N. B. Marshall, The Life of Fishes (Londres, 1965 ; trad. fr. la Vie des Poissons, Bordas, 1972 ; 2 vol.).