Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Testament (Ancien et Nouveau) (suite)

Ce même auteur prolongera l’histoire de Jésus par une histoire de l’Église naissante : les Actes des Apôtres. Son but est de montrer que, par l’action de l’Esprit saint, le message chrétien est devenu universel et s’étend jusqu’aux « confins de la terre ». Trois témoins sont le centre de cette histoire : les apôtres Pierre et Paul et le diacre Étienne. Les Actes se terminent d’une façon abrupte sur la captivité de Paul à Rome. L’ouvrage est-il inachevé ? On ne sait trop. En tout cas, ayant conduit l’annonce de l’évangile jusqu’à Rome, centre politique du monde méditerranéen, Luc a pu penser que son dessein de montrer l’universalisme du message chrétien était réalisé (Pierre Grelot).

L’Évangile de Jean se distingue des autres évangiles. On ne peut, toutefois, l’isoler des Synoptiques, car il les suppose connus, eux ou au moins la tradition qu’ils rapportent. Il en diverge pourtant et par un cadre chronologique plus large et par les perspectives théologiques. Il se présente comme une méditation en profondeur sur les événements centraux de l’histoire du salut, qui apparaissent comme le sommet de la révélation divine. L’objet de cet Évangile est « de mettre en évidence l’identité entre le Jésus historique et le Christ présent dans son Église, de tracer les lignes qui mènent de chaque événement de la vie de Jésus à chaque manifestation de la vie de Jésus-Christ, Seigneur glorifié dans l’Église » (Oscar Cullmann). Tout événement est un signe qui révèle le mystère.


Les épîtres catholiques

Les épîtres catholiques, c’est-à-dire universelles (elles ne sont pas adressées à un destinataire déterminé), forment un recueil assez disparate. La seule raison de leur regroupement est le fait qu’elles ne faisaient pas partie du corpus paulinien.

L’épître de Jacques est attribuée à Jacques évêque de Jérusalem, mis à mort en 62 par ordre du grand prêtre. Cette lettre paraît avoir été écrite avant 70, alors que l’emprise sur le christianisme des Juifs issus du judaïsme était encore forte. Elle est, par les idées qu’elle exprime, tributaire de la pensée des Psaumes et de la littérature sapientielle de l’Ancien Testament. Sur un ton d’homélie, elle engage les croyants à répercuter dans leur vie les exigences de la foi. On y retrouve les accents du Sermon sur la montagne et un grand souci pour les déshérités de l’existence.

Le propos de la première épître de Pierre est de soutenir la foi de chrétiens assaillis par de grandes épreuves. On a voulu y voir une allusion aux persécutions. On en place généralement la composition sous le règne de Domitien (81-96). Ceux qui tiennent à l’attribution à l’apôtre Pierre la datent on 64, au temps de la persécution de Néron.

L’épître de Jude polémique parfois durement avec de faux docteurs, précurseurs des gnostiques du iie s. Le fait qu’on y trouve cités plusieurs livres apocryphes juifs permet de la dater des environs de 90.

La seconde épître de Pierre est, sans nul doute, pseudonymique. Elle reprend, en les amplifiant, les thèmes de l’épître de Jude, et sa polémique contre le gnosticisme amènerait à la placer dans la première moitié du iie s. L’intérêt de cette épître réside surtout dans l’exposé qu’elle fait de l’espérance touchant la venue du Seigneur à la fin des temps.

Les épîtres johanniques sont très proches de l’atmosphère du quatrième Évangile. Mais il est difficile de dire si l’auteur de l’Évangile et l’auteur des épîtres sont un seul et même personnage. En tout cas, Évangile et épîtres appartiennent au même milieu spirituel. Plus que les attaques contre les hérétiques gnostiques de la fin du ier s. (ce qui date les lettres), le lecteur retiendra l’enseignement sur l’amour de Dieu et l’amour fraternel : « Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et qu’il déteste son frère, il est un menteur. » On ne saurait aimer Dieu si on n’aime pas son prochain.


L’Apocalypse

Dernier livre de la Bible chrétienne, l’Apocalypse s’inscrit dans la ligne des visions prophétiques sur le jour de Yahvé. Une importante littérature apocalyptique (du grec apokalupsis, révélation) décrivant l’instauration du royaume messianique et la fin des temps a circulé dans le judaïsme aux approches de l’ère chrétienne. Citons avec le livre de Daniel, le plus ancien représentant de ce genre littéraire, le livre d’Hénoch, l’Assomption de Moïse, les Testaments des douze patriarches... et certains écrits de Qumrān. L’Apocalypse du Nouveau Testament, attribuée à un Jean qui n’est pas forcément l’apôtre, s’inscrit dans la ligne de ce mouvement. Sans qu’il soit possible d’identifier l’auteur, on date le livre de la fin du règne de Domitien, vers 96. L’ensemble des visions symboliques, sous le masque des événements contemporains (persécution de Domitien), annonce, avec le triomphe futur du Christ, le jugement de Dieu sur les puissances du mal et affirme la pérennité des promesses que le Seigneur a faites à son Église. À ses destinataires immédiats, chrétiens persécutés, l’Apocalypse apportait le réconfort ; aux chrétiens de toutes les générations elle apparaît comme le livre de l’espérance.

I. T.

➙ Bible / Christianisme / Hébreux / Jésus / Judaïsme / Paul (saint) / Pierre (saint) / Prophétisme biblique.

 P. Feine et J. Behm, Einleitung in das Neue Testament (Leipzig, 1913 ; 14e éd., remaniée par W. G. Kümmel, Heidelberg, 1965). / M. Goguel, Introduction au Nouveau Testament (Leroux, 1923-1926 ; 5 vol.). / O. Eissfeldt, Einleitung in das Alte Testament (Tübingen, 1934 ; 3e éd., 1964). / A. Bentzen, Introduction to the Old Testament (Copenhague, 1948-49, 2 vol. ; 2e éd., 1952). / A. Lods, Histoire de la littérature hébraïque et juive depuis les origines jusqu’à la ruine de l’État juif (Payot, 1950). / R. Bultmann, Theologie des Neuen Testaments (Tübingen, 1953 ; nouv. éd., 1965). / P. Grelot, Introduction aux livres saints (Belin, 1954 ; nouv. éd., 1964). / E. Jacob, Théologie de l’Ancien Testament (Delachaux et Niestlé, 1956 ; nouv. éd., 1968) ; l’Ancien Testament (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1967 ; 2e éd., 1970). / G. von Rad, Theologie des Alten Testaments (Munich, 1958-1962, 2 vol. ; trad. fr. Théologie de l’Ancien Testament, Labor et Fides, Genève, 1963-1968, 2 vol.). / X. Léon-Dufour (sous la dir. de), Vocabulaire de théologie biblique (Éd. du Cerf, 1962 ; nouv. éd., 1970). / C. F. D. Moule, The Birth of the New Testament (Londres, 1962, 2e éd., 1966 ; trad. fr. la Genèse du Nouveau Testament, Delachaux et Niestlé, 1971). / W. J. Harrington, Record of Revelation, of the Promise, of the Fulfillment (Chicago, 1965-66, 3 vol. ; trad. fr. Nouvelle Introduction à la Bible, Éd. du Seuil, 1971). / O. Cullmann, le Nouveau Testament (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1966 ; 2e éd., 1967). / C. Hauret, Initiation à l’Écriture sainte (Beauchesne, 1966). / H. Conzelmann, Grundriss der Theologie des Neuen Testaments (Munich, 1967 ; trad. fr. Théologie du Nouveau Testament, Labor et Fides, Genève, et Éd. du Centurion, 1969). / H. Cazelles (sous la dir. de), Introduction critique à l’Ancien Testament (Desclée, 1973).