automates (théorie des) (suite)
La fonction séquentielle ne fournit aucun renseignement explicite sur la structure interne de l’automate, et la question est alors de savoir quelles conclusions on peut tirer au sujet de l’espace d’état Q d’une boîte noire à partir d’expériences, quand seuls sont connus les alphabets X et Y et le fait qu’il s’agit d’un automate fini. L’apport fondamental de cette théorie est l’identification : quand le nombre maximal d’états possibles est connu, un algorithme (l’équivalence de Nérode, 1958) permet de constituer à partir d’un nombre fini d’expériences le quintuple d’un automate initialisé réalisant la même fonction séquentielle (« simulant » la boîte noire). Son espace d’état est alors l’ensemble des paramètres formels qui suffisent à prédire la sortie finale de la boîte noire pour n’importe quel mot d’entrée.
Décompositions
La synthèse des machines logiques requiert des méthodes de réalisation d’un automate par interconnexion de sous-automates dotés de propriétés avantageuses. Deux modes d’interconnexion sont envisageables. Lorsque les sous-automates opèrent en cascade, le flot d’information est unidirectionnel et la décomposition est « sans boucle ». L’automate de poupe A1, gouverne l’automate de proue A2. Selon les cas, cette interconnexion peut se simplifier en type série ou parallèle.
Lorsque les sous-automates opèrent en tourbillon, une boucle de réinformation (réaction ou feedback) accroît la complexité et les possibilités de l’automate résultant.
Le semi-groupe
Le point de vue algébrique consiste à considérer l’automate comme un ensemble de transformations induites par les signaux d’entrée et à en étudier les propriétés mathématiques. Or, un semi-groupe S est un ensemble d’éléments (s, s′, s″...) tel qu’à toute paire ordonnée (s, s′) corresponde un élément noté ss′ de S et satisfaisant à l’axiome d’associativité : [(s, s′), s″] = [s, (s′, s″)] = ss′s″. Un automate abstrait est alors une fonction de sortie σ sur un semi-groupe fini S. Le passage du point de vue expérimental au point de vue abstrait est effectué par un algorithme d’identification (la congruence de Myhill, 1960) associant à toute fonction séquentielle un semi-groupe.
Acceptabilité
Un automate fini peut effectuer la « reconnaissance » d’un sous-ensemble L de mots de X*, s’il les accepte, en émettant un symbole (oui) de Y, mais rejette les autres (non). Un automate reconnaisseur accepte un ensemble de mots L dit « régulier ». Pour accepter des ensembles plus complexes (langages), d’autres types d’automates doivent être définis (automates à pile, automates stochastiques). La machine de Turing (1936) est l’interconnexion d’un automate fini A et d’une bande de mémoire B potentiellement infinie, munie d’une tête de lecture et d’écriture mobile commandée par A. Si la machine, partie de l’état q0 avec un mot m de X* sur la bande, s’arrête en écrivant un symbole d’acceptation, le mot m appartient à un ensemble dit « récursif ». Cette machine formalise tout calcul que peut effectuer un homme appliquant un algorithme A ou bien un calculateur numérique exécutant des instructions sur des données m.
M. D.
C. E. Shannon et J. McCarthy, Automata Studies (Princeton, 1956). / R. D. Luce, R. R. Bush et E. Galanter, Handbook of Mathematical Psychology (New York, 1963-1965 ; 3 vol.). / E. F. Moore, Sequential Machines. Selected Papers (Reading, Mass., 1964). / J. F. Hart et S. Takasu (sous la dir. de), Systems and Computer Science (Toronto, 1967). / M. A. Arbib (sous la dir. de), Algebraic Theory of Machines, Languages and Semigroups (New York, 1968).