Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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télévision (suite)

Projection

Vers la fin des années 1930, on avait enregistré des projections sur grand écran à l’aide de tubes très lumineux. Baird avait même fait une démonstration de télévision en couleurs à l’aide d’un écran de 3,60 × 2,70 m en employant une longueur d’onde de 8,3 m et une définition de 120 lignes. D’autres modèles avaient même été commercialisés.

Actuellement, le seul système pratique permettant des projections sur des écrans de plusieurs dizaines de mètres carrés est le procédé Eidophore, dû au docteur F. Fischer. Une source lumineuse intense au xénon dirige son rayonnement sur un système optique et de là sur des miroirs en barres parallèles, lesquelles le renvoient sur un miroir concave à l’intérieur du tube à rayons cathodiques. Les barres et le miroir concave sont disposés de telle façon que les rayons réfléchis par l’une d’elles soient renvoyés par le miroir sur la barre symétrique par rapport à l’axe du système. Ainsi, le rayonnement retourne vers la source et ne traverse pas le groupe de barres. Si la surface du miroir est irrégulière, le rayonnement ne touche plus les barres de façon précise, mais subit une déviation qui est fonction de l’importance de l’irrégularité du miroir. En fait, cette irrégularité n’est pas celle du miroir, mais celle d’une couche d’huile qui le recouvre et qui est provoquée par l’impact du faisceau électronique émis par le canon à électrons. Pour contrôler la quantité de lumière traversant les intervalles des barres, puis projetée sur l’écran, il suffit de faire varier le diamètre du faisceau, ce qui s’obtient facilement avec sa modulation par le signal de fréquence vidéo. La luminance de chaque point de l’écran correspond ainsi à celle de la scène télévisée. Le procédé Eidophore se prête également à la télévision en couleurs, mais il exige 2 disques à secteurs G, R et B, l’un devant la caméra et l’autre devant l’objectif de projection, tournant naturellement en parfait synchronisme.

D’autres systèmes ont été envisagés. L’un d’eux utiliserait comme sources lumineuses des lasers, à argon ionisé pour le vert (5 145 Å) et le bleu (4 765 Å), et He-Ne (6 328 Å) pour le rouge. La modulation pourrait se faire avec une cellule de Kerr et des balayages assurés par ultrasons ou des miroirs mobiles. La consommation serait dans le meilleur des cas de l’ordre de 2 kW par mètre carré d’écran.


Applications et avenir

Les applications existantes et prévisibles sont très nombreuses. Certaines d’entre elles concernent les tubes de prise de vues des types vidicon et surtout plumbicon, dont les petites dimensions permettent l’utilisation de caméras légères (3 kg), donc très bien adaptées aux téléreportages. Elles le sont également dans les installations dites « en circuit fermé » qui touchent à peu près toutes les activités humaines. On y trouve tous les domaines de l’enseignement* (méthodes audiovisuelles), ainsi que les systèmes de surveillance et de contrôle, même dans les applications spéciales comme à l’intérieur des fours de fusion. La police et l’armée n’ont pas négligé ces possibilités. Il en est de même pour les transports.

Les téléviseurs modernes comportent tous des transistors, montés sur des plaquettes de circuits imprimés et de circuits intégrés. Les dimensions sont ainsi très réduites, sauf le volume important occupé par le tube cathodique et naturellement son environnement. Dans un délai plus ou moins long, le tube-image sera remplacé par des écrans plats dont le téléspectateur pourra choisir les dimensions et l’emplacement, par exemple sur un mur. Quant à la télévision en relief, elle a déjà été réalisée, entre autres, par H. de France avec la méthode des anaglyphes, mais cela nécessite deux canaux vidéo et le port de lunettes spéciales. Peut-être l’holographie donnera-t-elle un jour la solution.

Télédistribution

Depuis déjà longtemps, la radiodistribution avait été mise en service, permettant aux abonnés de recevoir les émissions de leur choix parvenant d’une station centrale par simple branchement sur une prise de courant spéciale. Le développement de la télévision a conduit à la télédistribution, ou système de diffusion par câbles des émissions de télévision, dont les premières réalisations étaient analogues à celles des réceptions de radiodiffusion. La « station centrale » était en fait une antenne collective dont les signaux captés parvenaient par câbles coaxiaux aux téléspectateurs d’un immeuble ou de groupes d’immeubles. L’antenne était naturellement placée en un point le plus élevé possible, parfois assez loin de la zone à desservir, ce qui, avec des répéteurs, permettait d’alimenter jusqu’à 10 000 foyers.

Sans abandonner ce système, on l’a, en fait, complété au moyen de la télévision par câbles, par juxtaposition de divers circuits fermés. Les dispositions techniques sont analogues à celles de la radiodistribution, mais il s’agit ici de réseaux individuels complémentaires des réseaux régionaux ou nationaux de télévision. Le rôle de la station centrale est considérable. Elle doit non seulement assurer la retransmission des émissions jusqu’à l’abonné, y compris celles d’émetteurs avec lesquels elle serait en relation directe, mais aussi assurer la régie d’installations locales ; ce dernier point implique la réalisation d’un ou de plusieurs ministudios destinés aux productions locales et aux informations régionales. Si l’on ajoute que cette station peut aussi retransmettre les émissions relayées par satellites et qu’il est possible à la télévision par câbles de converser entre l’abonné et la station, on conçoit l’intérêt énorme qu’elle a suscité dans le monde entier. Cependant, son développement se trouve freiné à la fois pour des raisons financières et pour des questions de monopole. Dans le premier cas, la réalisation ne peut guère être envisagée que dans des villes de moyenne importance ; dans le second, la responsabilité doit être assumée par les municipalités. Créteil envisage un réseau bidirectionnel à seize canaux, et Grenoble un réseau à seize canaux avec quatre programmes locaux. Des installations moins élaborées sont déjà en service, particulièrement dans l’Est : en Alsace, un réseau diffuse des programmes français, suisses et allemands.

H. P.

H. P.