Tachkent (suite)
C’est, à l’origine, une ville-oasis très étendue qui se confond avec les limites des périmètres irrigués des Ouzbeks. Quand l’armée russe la conquiert, en 1865, Tachkent est un gros village, avec madrasa, mosquées, minarets et cafés maures, avec aussi une médina active. Les Russes bâtissent alors une seconde ville, celle des colons, construite sur un réseau orthogonal d’avenues et de rues, parfaitement protégée des infiltrations ouzbeks, si bien qu’au début du siècle les 60 000 Russes couvrent une superficie plus vaste que les 200 000 Ouzbeks. Les deux villes étaient séparées par des réseaux de canaux d’irrigation, les aryks.
Deux événements ont considérablement modifié la ville. D’abord, l’instauration du pouvoir soviétique : dès 1925, il s’est déclaré pour l’abolition de toute discrimination raciale. C’est ainsi que la vieille ville des artisans et commerçants a été percée par des perspectives le long desquelles se sont installés des quartiers nouveaux. En même temps, la ville russe s’est étendue et transformée pour accueillir une partie de la population ouzbek. Les rapports entre les deux villes sont désormais constants.
Le deuxième événement a été le tremblement de terre de 1966, qui aurait fait plus de 10 000 foyers sinistrés. Seuls quelques quartiers ont été épargnés. Les deux villes ont été touchées. Des immeubles modernes antisismiques s’élèvent désormais à la place des décombres.
La ville, qui possède de nombreux ensembles architecturaux (madrasa, mosquées, cimetières musulmans, bibliothèques et, dans la partie nouvelle, le Musée national, l’Opéra, la place Lénine, les ministères et les bureaux), assume plusieurs fonctions. C’est un nœud de communications, le siège d’une université, de l’Académie des sciences d’Ouzbékistan, de nombreux laboratoires et instituts de recherche agricole (en particulier sur le coton). C’est aussi une ville industrielle. L’énergie est fournie par les centrales hydrauliques du Tchirtchik et la centrale thermique d’Angren, alimentée par le charbon. L’industrie est ravitaillée par les combinats de la Fergana (engrais azotés ou fibres synthétiques) et reçoit des investissements de la Fédération, dans le cadre des plans.
Certaines industries sont issues de l’artisanat et visent à la transformation des produits régionaux : ainsi les manufactures de tabac, les moulinages et tissages de soie, les filatures de coton, les conserveries de fruits et de légumes, la viniculture, qui fournit des « champagnes » et des « cognacs ». Toutes ont été agrandies et modernisées. Un gros combinat de coton a été établi.
Une deuxième catégorie comprend les industries de support : mécanique pour l’irrigation, machines agricoles, matériel pour le textile, pour l’équipement minier, l’électrométallurgie, l’entretien et la réparation des chemins de fer. Elles ont presque toutes pour but l’extension et l’amélioration de la culture de l’« or blanc ».
Un troisième groupe comprend des industries urbaines qui travaillent uniquement pour le marché régional : pâtes alimentaires, cuir (chaussures), polygraphie.
La valeur de ces trois groupes d’industries représente plus du tiers de celle des industries de toute la république. La fondation de combinats comprenant toutes les opérations relatives au coton date de la période soviétique : avant la Première Guerre mondiale le coton brut était envoyé dans les centres textiles de la région moscovite. Filatures et tissages traitent plus de 3 Mt de coton égrené.
Enfin, Tachkent, à la tête d’une des plus vastes oasis d’Asie centrale, contribue, par son aide constante, à l’extension, à l’amélioration et à la diversification des cultures, à la régularisation des eaux, à la mécanisation de l’agriculture. Devenue grande capitale, elle reste, plus qu’autrefois encore, la ville d’une oasis.
A. B.
➙ Ouzbékistan.