Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Syrie (suite)

Sous le mandat français, les structures économiques et sociales de la Syrie ont évolué : modernisation des industries traditionnelles (textiles, huileries, tanneries), création de nouvelles (cimenteries, conserveries), extension des surfaces irriguées et des cultures industrielles (coton, olivier), cadastre, amélioration des voies de communication, pose du premier oléoduc en 1934. Une monnaie, la livre syro-libanaise (= 20 F), a été créée en 1920 ; les taxes d’importation ont été élevées à 25 p. 100 pour protéger de la concurrence (mais cette taxe grevait aussi les matières premières nécessaires à la Syrie).

Cependant, l’instabilité politique et l’exploitation entravèrent l’économie : le déficit de la balance commerciale est passé de 6 millions de francs en 1921 à 1 687 millions en 1938. Sur le plan social, l’équipement médico-hospitalier a été amélioré et l’enseignement, de langue et d’idéologie françaises, considérablement développé (670 écoles et 50 000 élèves en 1919 ; 2 800 écoles et 271 000 élèves en 1938). [Pour la période de la République de Syrie, v. art. suiv.].

J. D.

➙ ‘Abbāssides / Antioche / Arabes / Assyrie / Ayyūbides / Babylone / Byzantin (Empire) / Croisades / Égypte / Hébreux / Héraclides / Hittites / Hourrites / Iran / Iraq / Islām / Latins du Levant (États) / Liban / Macédoniens / Mamelouks / Mitanni / Moyen Empire / Nabatéens / Nouvel Empire / Omeyyades / Ottomans / Ougarit / Palestine / Palmyre / Phéniciens / Seldjoukides / Séleucides / Tyr.

 H. Lammens, la Syrie, précis historique (Geuthner, 1921 ; 2 vol.). / N. Maestracci, la Syrie contemporaine (Charles-Lavauzelle, 1930). / C. Cahen, la Syrie du Nord à l’époque des croisades et la principauté franque d’Antioche (Geuthner, 1940). / G. A. Ostrogorski, Geschichte des byzantinischen Staates (Munich, 1940, 2e éd., 1952 ; trad. fr. Histoire de l’État byzantin, Payot, 1956, nouv. éd., 1969). / A. Dupont-Sommer, les Araméens (A. Maisonneuve, 1949). / P. Hitti, History of Syria (New York, 1951). / J.-P. Alem, le Moyen-Orient (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1949 ; nouv. éd., le Proche-Orient arabe, 1964). / C. F. A. Schaeffer, les Fondements pré- et proto-historiques de Syrie, du néolithique ancien au bronze ancien (Geuthner, 1962). / J. Pirenne, Aux origines de la graphie syriaque (Geuthner, 1964). / W. Culican, The First Merchant Venturers (Londres, 1966 ; trad. fr. le Levant et la mer. Séquoia, 1967). / J.-C. et M. Sournia, l’Orient des premiers chrétiens. Histoire et archéologie de la Syrie byzantine (Fayard, 1966). / R. Hilan, Culture et développement en Syrie et dans les pays retardés (Anthropos, 1970).


L’archéologie et l’art de la Syrie antique

Grâce aux apports des civilisations méditerranéennes, des populations sémitiques, aussi diverses que permanentes dans ces régions au cours de l’histoire, et des groupes sporadiques indo-européens, l’ensemble syrien s’est comporté comme un carrefour où des courants variés, voire contradictoires se sont entremêlés au point que l’originalité syrienne n’apparaît pas toujours clairement derrière les découvertes archéologiques ; dans bien des cas, celle-ci ne devient évidente qu’après une étude détaillée. Des particularismes régionaux toujours vivants depuis l’Antiquité et renforcés au Ier millénaire par l’évolution spirituelle, exceptionnelle et destinée aux plus grands développements, de la partie méridionale de cet ensemble — la Palestine — n’ont pas toujours permis de saisir l’unité du monde syrien. En dépit de ces difficultés, où la géographie joue un rôle essentiel, il ne faut pas confondre ce monde syrien avec le monde phénicien, qui n’est pas sans rapport avec lui, mais qui se limite à une étroite bande côtière et comporte des aspects maritimes en grande partie étrangers à la Syrie proprement dite. En définitive, le caractère dominant de l’ensemble régional est d’être une zone de passage et d’amalgame.


Les étapes de l’exploration

C’est l’intérêt porté aux questions bibliques qui a, pour une bonne part, guidé au début la recherche archéologique en Palestine et en Syrie même. Toutefois, en l’absence d’une politique d’ensemble, impensable à l’époque, il est remarquable qu’à côté d’une archéologie qui cherchait simplement à prouver la véracité des récits bibliques une autre se soit développée, qui visait à établir les fondements historiques de l’ensemble régional. À une phase caractérisée par l’exploration et la découverte de certains sites réalisées par des voyageurs curieux de l’Orient (J. L. Burckhardt [1784-1817], qui repéra par exemple les premières inscriptions en hittite hiéroglyphique à Hamat [Ḥamā] et découvrit Pétra [v. Nabatéens] en 1812) ou soucieux de consigner par écrit ce qu’on connaissait ou ce qui subsistait de l’Antiquité biblique (1851, Edward Robinson, Recherches bibliques en Palestine) succéda, alors même que E. Renan commençait ses premières fouilles en Phénicie (v. Phéniciens), une période où l’activité archéologique s’est développée et organisée, parfois sous le contrôle de sociétés comme la Palestine Exploration Fund, créée en 1865 par les Britanniques et qui eut à son actif des fouilles à Jérusalem*. Entre 1890 et la Première Guerre mondiale, les entreprises de fouille se multiplièrent en Terre sainte avec l’exploration de Lachish, de Gezer, de Megiddo, de Jéricho, alors que, vers le nord, on ne s’intéressait réellement qu’aux grands sites de l’Antiquité classique, comme Baalbek ou Palmyre*.

Entre les deux guerres mondiales, période qui fut peut-être l’âge d’or de l’archéologie au Levant, les fouilles furent si nombreuses qu’on ne peut citer ici que les plus marquantes, menées par des archéologues nombreux (surtout anglais, américains et français). En Palestine, on citera Beisan (Beit Shean), Megiddo, tell Beit Mirsim, tell Fara. En Syrie, l’activité se développait dans toutes les directions : Halaf ; sur l’Euphrate, Doura-Europos, Arslan Tash et Tilbarsip ; sur le Haut Khābūr, Chagar Bazar et tell Brak ; sur l’Oronte, Hamat et Qatna ; les sites de la plaine de l’Amouq. Tandis qu’au Liban l’exploration systématique de Byblos redonnait corps à une cité phénicienne, la découverte et la fouille d’Ougarit donnaient une documentation unique sur un port de la Méditerranée orientale à l’âge du bronze récent. Il est difficile de compter l’étonnante Mari* comme typique du monde syrien, car il s’agit, en réalité, d’une cité mésopotamienne influencée par la Syrie. Si l’on ajoute les recherches et les restaurations effectuées sur les sites de l’époque classique ou postclassique (Apamée, Palmyre, Baalbek, Massif calcaire), on mesurera l’ampleur des travaux archéologiques réalisés pendant cette période et qui se sont poursuivis depuis la Seconde Guerre mondiale.