Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

surrénales (capsules) (suite)

• Aspects physiopathologiques. Les états pathologiques les plus caractéristiques d’une hyperproduction de catécholamines sont les phéochromocytomes, ou tumeurs chromaffines, provenant de la transformation tumorale bénigne ou maligne des cellules chromaffines, ou phéochromotocytes. Des îlots de ces cellules sécrétrices existent non seulement dans la médullo-surrénale, mais le long de l’aorte ou des gros vaisseaux pelviens, et leur cancérisation provoque une forte augmentation de la sécrétion des catécholamines qu’elles élaborent, ce qui a pour conséquence une hypertension artérielle. De 0,2 à 2 p. 100 des hypertensions chroniques ou paroxystiques de l’homme sont dues à des phéochromotocytomes, au cours desquels le taux sanguin des catécholamines dépasse de 10 à 100 fois sa valeur normale. Le seul traitement de ces tumeurs est chirurgical. La maladie d’Addison, qui est due à une fonte ou à une sclérose totales des surrénales, provoque une hypotension due au défaut de sécrétion des catécholamines.

L’étude du taux de la dopamine dans la médullo-surrénale et dans les cellules chromaffines du système nerveux central a donné des résultats d’un grand intérêt dans la maladie de Parkinson, au cours de laquelle la teneur en ce corps diminue fortement. L’administration de 3-4-dihydroxyphénylalanine, ou L-dopa, précurseur de la dopamine, conduit à une augmentation du taux de la dopamine dans les mêmes cellules et fait régresser certains symptômes neurologiques de la maladie de Parkinson (tremblements). On peut espérer guérir celle-ci par une thérapeutique fondée sur l’emploi de la L-dopa.

Par ailleurs, un métabolite de la dopa, la diméthoxyphenéthylamine, dans lequel les deux groupements hydroxyles sont méthylés (—O—CH3), est doué de propriétés hallucinogènes, et sa rétention ou sa surproduction seraient à l’origine de certains désordres mentaux.


Corticosurrénale

La surrénalectomie bilatérale (ablation complète des surrénales) est toujours mortelle en quelques jours. La mort survient après une période d’asthénie profonde et un ensemble de troubles métaboliques, dont les plus caractéristiques sont une augmentation de l’excrétion urinaire du potassium et une diminution de celle du sodium, ainsi qu’une hyperglycémie avec ou sans glycosurie. La destruction des capsules surrénales au cours de la maladie d’Addison conduit progressivement à des troubles identiques. L’adrénaline est inefficace à l’égard de ces symptômes ; en revanche, un extrait surrénal dépourvu d’adrénaline, appelé cortine, s’est révélé vers 1928 capable d’assurer la survie des animaux surrénalectomisés. On a par la suite isolé de la cortine un ensemble d’hormones corticosurrénales pures, dont la synthèse a bientôt été réalisée.

• Nature et activité des hormones corticosurrénales. On a isolé du cortex surrénal des hormones présentant la structure générale de dérivés des stérols et appartenant, de ce fait, à la série des stéroïdes*, comme les hormones sexuelles mâles et femelles. Elles renferment le squelette carboné polycyclique du cyclopentanophénantrène. Les hormones corticales, que Tadeus Reichstein et Edward C. Kendall ont contribué à faire connaître et que P. S. Hench a introduites dans la thérapeutique des rhumatismes, ont été rangées en deux séries selon que leur activité biologique prédominante porte sur le métabolisme minéral (minéralo-corticoïdes) ou glucidique (gluco-corticoïdes).

On a identifié dans le cortex surrénal plus de cinquante stéroïdes, mais la plupart de ceux-ci sont des produits intermédiaires de la biosynthèse des trois hormones physiologiquement efficaces : la corticostérone et le cortisol d’une part, l’aldostérone d’autre part ; on y trouve en outre des stéroïdes de la série sexuelle, surtout des androgènes, dont l’androsténedione, qui existe également dans le testicule.

Le schéma de structure des principaux de ces corps est le suivant :

Les essais de restitution de la sécrétion corticale après surrénalectomie ont montré la dualité des minéralo- et des glucocorticoïdes. En effet, seule l’administration simultanée d’hormones des deux types, en particulier d’aldostérone et de cortisol, permet alors la survie.

L’action de l’aldostérone, minéralo-corticoïde type et le plus puissant de ceux-ci, s’exerce sur la résorption de l’ion Na+ (sodium) dans les diverses portions des tubes contournés du rein, où elle s’opère après filtration de Na+ au niveau des glomérules, alors que le potassium (K+) est éliminé. Une baisse de la sécrétion d’aldostérone entraîne la conservation des ions K+ et la fuite urinaire des ions Na+, provoquant un important déséquilibre hydrominéral, car le défaut d’élimination rénale de Na+ va de pair avec une réduction de la diurèse et un stockage tissulaire et humoral d’eau. Un autre corticostéroïde du même groupe — la désoxycorticostérone, isolée en 1936 et synthétisée peu après — a été pendant longtemps employé en thérapeutique avant la découverte de l’aldostérone, qui ne fut faite que près de vingt ans après. Elle est 25 fois moins active que cette dernière, dont les effets se manifestent chez l’homme après administration de quelques microgrammes. Les minéralo-corticoïdes ont une action relativement faible, mais non négligeable, sur le métabolisme glucidique.

Celle du cortisol et des autres glucocorticoïdes, en particulier de la corticostérone, se manifeste sur l’utilisation cellulaire des glucides et la glycogénogenèse hépatique ou musculaire, quelle que soit l’origine de la chaîne carbonée impliquée dans celle-ci (acides gras, acides aminés ou glucides). De ce fait, le cortisol stimule indirectement le métabolisme azoté et l’uréogenèse ; il est en outre doué d’une action de minéralo-corticoïde, 150 fois moindre que celle de l’aldostérone. Cette dernière action ne doit pas être négligée lors de l’emploi thérapeutique du cortisol aux doses de 100-500 μg/kg. Le cortisol et les stéroïdes de la même série, en particulier la cortisone (11-déshydrocorticostérone) et de nombreux dérivés de synthèse, sont très utilisés en thérapeutique (v. stéroïdes).