Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sumatra (suite)

La province de Bengkulu (519 000 hab., 25 hab. au km2) correspond à une portion des monts Barisan mal connue et sans intérêt économique ainsi qu’à une zone côtière sans grande activité, peuplée en grande partie d’immigrés javanais. Quant à la province de Lampung (2 770 000 hab., soit 82 hab. au km2), elle constitue la plus grande zone pionnière de l’Indonésie. La population, qui n’était que de 380 000 habitants en 1931, a presque décuplé en quarante ans, et surtout grâce à une immigration officielle javanaise, organisée par les Hollandais à partir de 1905, mais n’ayant pris de l’extension qu’après 1932, poursuivie systématiquement sous le nom de transmigration par le gouvernement indonésien. Les autochtones lampungs ont des ladangs de riz et de cultures commerciales (hévéa, poivrier) ; les Javanais ont apporté avec eux leur riziculture intensive, irriguée, avec utilisation d’engrais (plaines de Tanjungkarang et de Metro-Sukadana). Toutefois, les résultats de cette transmigration ont été diversement appréciés par les observateurs.

J. D.

➙ Empire colonial néerlandais / Indonésie.

 D. Lombard, le Sultanat d’Atjeh au temps d’Iskandar Muda, 1607-1638 (École fr. d’Extrême-Orient, 1967). / A. Reid, The Contest for North Sumatra : Atjeh, the Netherlands and Britain, 1858-1898 (Singapour, 1970). / O. W. Worters, The Fall of Śrīvijaya in Malay History (Singapour, 1970).

Sumériens

Peuple de l’Antiquité, dont la présence est attestée en basse Mésopotamie depuis le IVe millénaire au moins et dont la langue, que l’on cesse de parler à la fin du IIIe millénaire, est écrite jusqu’à l’extinction de la culture mésopotamienne (ier s. apr. J.-C.).


Le terme de sumérien a été tiré par les modernes du nom du pays de Sumer (ou, plus exactement, de Shoumêrou, mot akkadien qui s’écrivait en idéogrammes KI.EN.GI, que l’on a pu interpréter comme « Pays. Maître, du Roseau »). Sumer a d’abord désigné toute la basse Mésopotamie, puis, à partir du xxive s., seulement le sud du Bas Pays, quand la partie septentrionale de cette région a pris de l’importance et reçu le nom d’Akkad*.


Langues et ethnies de Sumer

La basse Mésopotamie, colonisée à partir du milieu du VIe millénaire, a reçu au moins trois ethnies (populations formant chacune une unité culturelle) différentes : les Sémites, qui ont dû venir de la péninsule arabique et assez longtemps avant la date où leur langue apparaît dans les textes du Bas Pays (xxviie s.) ; un peuple anonyme, dont les spécialistes croient retrouver la langue dans les noms des villes de Sumer ; une ethnie sumérienne primitive, qui pourrait venir du sud-ouest de l’Iran et qui doit être installée en basse Mésopotamie quand est inventée l’écriture (v. 3500) qui servira d’abord à écrire du sumérien.

À une date qui reste inconnue, les ethnies du Bas Pays se mêlent et adoptent une culture commune. Comme le sumérien est pratiquement la seule langue écrite dans cette région avant le xxive s. et comme la culture de la basse Mésopotamie est assimilée par tous les groupes humains qui y pénètrent jusqu’au milieu du IIIe millénaire, les historiens suivent l’usage ancien qui parlait du pays de Sumer et appellent Sumériens et l’ethnie primitive qui a apporté sa langue dans la région et la population résultant de la fusion des ethnies qui ont peuplé la basse Mésopotamie.


Les Sumériens, la civilisation matérielle et la culture du Bas Pays

Faute de connaître la date de leur arrivée dans ce qui sera le pays de Sumer, on ne peut attribuer à l’ethnie sumérienne primitive cette civilisation matérielle fondée sur l’agriculture irriguée qui est née vers 5500 et qui évolue sans ruptures pendant des millénaires, car la basse Mésopotamie a connu plus d’infiltrations et de migrations pacifiques que d’invasions massives et destructrices. Les Sumériens originaux ne sont peut-être même pas à l’origine de la mutation qui fait passer le Bas Pays du stade des villages indépendants à celui de la cité-État (État composé d’une ville et de la campagne avoisinante) au cours du IVe millénaire, mais ces villes nouvelles leur doivent probablement une bonne part de l’originalité de leur culture, que nous appelons sumérienne.

Chacune de ces communautés politiques possède sa divinité principale, à qui va l’essentiel du culte célébré pour obtenir la protection des humains et de leurs biens. Quoique les textes et les œuvres d’art ne présentent qu’un très petit nombre de ces personnifications des forces de la nature, les dieux et les déesses du IVe millénaire sont, sans doute, identiques aux divinités que l’on rencontre plus tard et qui se maintiennent jusqu’à la disparition de leurs villes : la déesse Inanna (la fécondité), les dieux Enlil (le vent), An (le ciel), En-ki (l’eau douce), Nanna (le dieu Lune) — pour ne nommer que ceux à qui leur caractère cosmique vaut une grande renommée au-delà de leur cité d’origine.

Le dieu de la ville en est le Seigneur et est aussi le propriétaire de biens étendus, qui constituent la principale unité économique de la cité-État. Et c’est la concentration des terres et de la main-d’œuvre dans le domaine divin qui entraîne les progrès de l’organisation économique et des techniques au IVe millénaire : la houe remplacée un peu partout par l’araire ; la spécialisation de la main-d’œuvre, dont on n’a plus besoin aux champs ; le tour à potier, qui permet une production de masse pour les récipients ; les progrès de la métallurgie du cuivre, qui renouvellent l’outillage ; l’invention du chariot à quatre roues ; l’essor du grand commerce, qui introduit en basse Mésopotamie les matières premières (bois, pierre, cuivre) et les produits de luxe (or, argent, lapis-lazuli, etc.) qui lui manquent totalement ; enfin, pour la gestion des biens de la divinité, l’invention d’un nouveau type de sceau, de forme cylindrique, et de l’écriture.