Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sueur (suite)

Les rétentions sudorales

Elles sont dues à l’existence d’un minibouchon kératosique obstruant les glandes : le canal excréteur, alors distendu, se rompt, déterminant une vésiculette intradermique. C’est là le mécanisme de production des miliaires. La miliaire cristalline s’observe lors de la phase terminale des pyrexies (fièvres) prolongées. La miliaire rouge (bourbouille, gale bédouine, lichen tropicus) est fréquente sous les tropiques. Très prurigineuse, avec prédilection sur le thorax, elle peut associer céphalée, palpitations et tendance au collapsus (asthénie tropicale anhidrotique). L’infection secondaire des lésions détermine la miliaire pustuleuse ou miliaire jaune. La désinfection de la peau avec des solutions antiseptiques évite ces complications.

Les bains de sudation

Ce sont des procédés destinés à augmenter la sécrétion sudorale dans un but hygiénique. La chaleur sèche ou humide en est le principal élément, le plus souvent combiné à l’hydrothérapie et aux massages.

L’action bienfaisante des bains de sudation est connue depuis l’Antiquité, mais l’interprétation des mécanismes par lesquels ces « bains » agissent a varié avec les siècles, et les progrès des connaissances physiologiques permettent maintenant de les utiliser à bon escient.

Chez les Romains, les thermes, qui atteignirent leur plus haut degré de perfectionnement au iiie s. (thermes de Caracalla), comportaient des salles chaudes et humides (caldarium), des salles pour les bains tièdes (tepidarium), des étuves sèches (laconicum) et des salles froides (frigidarium). Le passage successif dans ces différentes salles préfigurait les circuits des bains de sudation actuels, et l’élimination de la sueur était considérée comme un élément important de la propreté du corps.

Le ḥammām des pays musulmans, qui apparaît au viiie s. en Syrie, constitue une réplique simplifiée des thermes romains. Il comporte des salles tièdes, des étuves et des salles d’inhalations de vapeurs balsamiques, ainsi que des salles d’aspersion froide. Annexe de la mosquée, le hammam permet l’ablution totale du fidèle en état d’impureté.

Les bains de sudation modernes consistent à placer l’organisme dans un local (individuel ou collectif) où on maintient une température élevée et un air sec. Une forte sudation est obtenue, laquelle élimine des déchets analogues à ceux qui sont contenus dans l’urine (urée, créatinine, etc.), mais ce n’est pas là sa principale action physiologique, car la sueur obtenue par la chaleur contient moins de déchets que celle qui est éliminée après un gros effort physique. L’élévation de la température superficielle du corps crée une vaso-dilatation qui amène le sang à la périphérie (rougeur de la peau), puis le sujet est soumis à une douche ou à un bain froids qui provoquent une vaso-constriction, d’où il résulte un brassage du sang favorable à tout l’organisme. Enfin, l’action réflexe sur le système nerveux de la chaleur, puis de la « réaction » froide amène une sédation favorisant la détente sur un lit de repos, qui est suivie d’une nette sensation de bien-être.

Les saunas des pays scandinaves partent du même principe avec quelques variantes : les bains de sudation se font dans des cabines en bois résineux dans lesquelles on fait chauffer des pierres, provoquant le temps « étuve sèche », puis on asperge les pierres avec de l’eau et la vapeur produite facilite la volatilisation des essences du bois, qui sont inhalées et pénètrent dans la peau. Les Scandinaves sortent ensuite de leur cabine et vont se baigner dans l’eau froide des rivières ou des lacs. Dans les saunas des grandes villes, la douche ou le bain se font en piscine.

Par leur action stimulante sur la circulation et sédative sur le système nerveux, plus encore que par la sudation obtenue, les bains de sudation sont utiles dans de nombreuses affections, et leurs contre-indications sont peu nombreuses. Certaines stations thermales sont équipées d’installations de bains de sudation.

A. C.

Suez (canal de)

Canal mettant en relation la Méditerranée orientale et la mer Rouge à travers le territoire égyptien. Il s’allonge sur 161 km entre Port-Saïd au nord et Suez au sud.


Le projet de joindre la Méditerranée à la mer Rouge remonte à l’Antiquité, car dès cette époque l’isthme de Suez joua un rôle capital dans les relations politiques et commerciales.

Au temps des pharaons, on songea à percer une voie d’eau capable de mettre en communication les deux mers, ou bien le Nil et la mer Rouge. C’est cette dernière solution qui fut adoptée au début du IIe millénaire av. J.-C., lorsqu’on creusa deux canaux, l’un reliant la mer Rouge au grand lac Amer et l’autre unissant le lac à un bras du Nil (la branche Pélusiaque). Ces canaux furent restaurés et entretenus par les conquérants perses au ve s. av. J.-C., puis par les Lagides. Mais, après la conquête arabe du viie s., ils ne furent plus entretenus et périclitèrent.

À la fin du xve s., la découverte de la route des Indes par le cap de Bonne-Espérance redonna au problème du percement de l’isthme de Suez toute son importance. Toutefois, il fallut attendre la fin du xviiie s. et l’expédition de Bonaparte en Égypte pour voir le projet sérieusement étudié. Un architecte français, Jean-Baptiste Lepère (1761-1844), se prononça pour la réouverture de l’ancien canal pharaonique, seul susceptible à ses yeux de joindre les deux mers, car il jugeait impossible la construction d’une voie d’eau les unissant directement, en raison de leurs différences de niveau.

Au milieu du xixe s., l’ouverture de l’Extrême-Orient au commerce européen donna une actualité nouvelle au projet. Dès 1840, une compagnie maritime anglaise avait établi une ligne de vapeurs entre l’Inde et Suez : le raccord avec Alexandrie se faisait par diligence, puis par chemin de fer après la construction d’une ligne de 1855 à 1857.