Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Suède (suite)

Malgré sa forte production d’électricité hydraulique, la Suède doit acheter des quantités croissantes d’énergie (coke et hydrocarbures). Des importations de céréales, de fruits et de produits alimentaires tropicaux sont nécessaires à son ravitaillement, et l’industrie a besoin de matières premières (laine, coton, caoutchouc, minéraux, etc.). Les importations d’automobiles, de tracteurs sont aussi importantes. Malgré la progression constante de la valeur des importations ces dernières années, la balance commerciale était en excédent en 1975. Les exportations sont formées principalement de bois, de pâtes à papier, de papiers et de cartons (en tout 25 p. 100), de minerai de fer et d’aciers (en tout 10 p. 100), de machines-outils, de matériel électrique et électronique (25 p. 100), d’automobiles (7 p. 100) et de navires (6 p. 100). En 1974, les principaux partenaires de la Suède étaient les pays du Marché commun (près de 60 p. 100 des exportations et les deux tiers des importations). Le produit par habitant est aujourd’hui égal à celui des États-Unis, et le niveau de vie est l’un des plus élevés du monde (une voiture et un poste de télévision pour trois habitants), avec un système de protection sociale très élaboré.

J. G.

➙ Göteborg / Stockholm.

 G. Chabot, l’Europe du Nord et du Nord-Ouest, t. II : la Finlande et les pays scandinaves (P. U. F., 1958). / C. Chaline, F. Rogé et P. George, l’Europe des marchands et des navigateurs (P. U. F., 1964). / A. Sømme, A Geography of Norden (Oslo, 1966 ; nouv. éd., Londres, 1969). / G. Alexandersson, les Pays du Nord (P. U. F., coll. « Magellan », 1971). / Statistisk årsbok 1972 (Stockholm, 1973).


La littérature suédoise

➙ V. scandinaves (littératures).


La musique suédoise

➙ V. scandinaves (musiques).


Le cinéma suédois

Le kinétoscope d’Edison est présenté pour la première fois au public suédois en février 1895. Seize mois plus tard, à l’occasion de l’Exposition industrielle de Malmö, on projette quelques films tournés par les frères Lumière. En 1897, Promio, l’un des plus célèbres opérateurs itinérants de la maison Lumière, filme l’arrivée du roi Oscar II à l’exposition du Jubilé, inaugure à Stockholm une salle de projections, le « Lumière Kinematograph », et initie à la technique cinématographique Carl Ernest Florman (1862-1952), le fils d’un photographe de la Cour, qui devient ainsi l’un des grands pionniers du cinéma suédois. Un autre pionnier est l’illusionniste danois Nils Jacobsen, qui ouvre plusieurs nouvelles salles fixes, et l’opérateur Robert Ohlson. Mais la véritable naissance du cinéma suédois se situe néanmoins aux alentours de 1909. C’est en effet l’année où Charles Magnusson (1878-1948), le très dynamique directeur de la Svenska Biografteatern (société de production fondée le 16 févr. 1907 et qui s’était signalée à l’attention des chercheurs en appliquant à quelques courts métrages un procédé de cinéma sonore), lance sur le marché scandinave un film de 425 mètres : les Gens du Värmland (Värmlänningarna), tourné par un acteur de théâtre, Carl Engdahl, et adapté d’une opérette célèbre de F. A. Dahlgren. Le succès commercial semblant concluant, Magnusson cherche à étendre la renommée de sa firme : il engage en 1910 un metteur en scène de théâtre, Gustaf Linden (dit Muck Linden, 1875-1936), et surtout un excellent opérateur, Julius Jaenzon (1885-1960) ; il fait appel en 1911 à deux acteurs, Victor Sjöström et Mauritz Stiller, qui vont très rapidement prendre place parmi les réalisateurs les plus doués de leur époque. D’abord fortement influencée par le cinéma danois, la production suédoise se tourne dès 1912 vers des thèmes plus nationaux : plusieurs pièces de Strindberg, dont Mademoiselle Julie et le Père, apparaissent sur les écrans. En 1912, la Svenska entreprend 25 films. Plusieurs cinéastes (comme Georg Af Klercker par exemple) remportent d’honorables succès publics, mais, dès 1913, année où Sjöström signe son premier grand film (Ingeborg Holm), l’esprit du cinéma suédois s’incarne tout entier dans ces deux noms : Sjöström et Stiller.

La Première Guerre mondiale, en réduisant considérablement l’activité des cinémas allemand, italien et français, donne par contrecoup une impulsion très vive à la production suédoise. Pendant une dizaine d’années, Victor Sjöström et Mauritz Stiller s’imposeront non seulement sur le plan national par la qualité et l’originalité de leurs réalisations, mais également sur le plan international en influençant d’innombrables artistes européens : tous deux iront principalement puiser leur inspiration dans les grandes sagas scandinaves, les amples romans de Selma Lagerlöf (la Voix des ancêtres [Ingmarssönerna, 1918], la Montre brisée [Karin Ingmarsdotter, 1919], la Charrette fantôme [Körkarlen, 1920], de Victor Sjöström ; le Trésor d’Arne [Herr Arnes Pengar, 1919], le Vieux Manoir [Gunnar Hedes Saga, 1922], la Légende de Gösta Berling [Gösta Berlings Saga, 1923], de Mauritz Stiller), les œuvres des grands prosateurs nordiques, soit finlandais comme J. Linnankoski (Dans les remous [Sången om den Eldröda Blomman, 1918], de M. Stiller ou J. Aho, À travers les rapides [Johan, 1920], de M. Stiller), soit norvégien comme H. Ibsen (Terje Vigen [1916], de V. Sjöström), soit islandais comme J. Sigurjónsson (Proscrits [Berg-Ejvind och hans hustru, 1917], de V. Sjöström), suédois enfin comme Hjalmar Bergman (l’Épreuve du feu [Vem Dömer ?, 1921] ; le Vaisseau tragique [Eld Ombord, 1922], de V. Sjöström).

Caractérisés par une incontestable beauté plastique, un sens rare du décor, un goût très sûr dans le choix des espaces naturels — le rôle de la nature est en effet prédominant —, une photographie (due surtout aux opérateurs Julius et Henryk Jaenzon) savante et inspirée qui sait doser avec subtilité les jeux d’ombre et de lumière, la plupart des grands films de l’âge d’or du cinéma suédois doivent essentiellement leur réputation à une mise en scène lyrique qui n’a à l’époque aucun équivalent, sinon dans quelques productions américaines de Thomas Ince.