Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Suède (suite)

La Suède centrale jouit d’un climat continental à été assez chaud (Stockholm : moyenne de 16,9 °C en juillet), qui permet la maturation des céréales, et à hiver froid (moyenne de – 2,5 °C en janvier). Les précipitations annuelles sont de 569 mm d’eau, et la couverture neigeuse ne dure que 4 mois, tandis que la saison végétative dépasse 7 mois. En Suède méridionale, le climat est plus chaud, avec 7 °C de température moyenne annuelle, mais avec des précipitations plus élevées (738 mm par an à Göteborg) ; il est soumis aux influences océaniques et à la circulation des vents maritimes de secteur ouest ; la température moyenne atteint 17,1 °C en juillet et environ 0 °C en janvier (5,9 °C en avril et 8,2 °C en octobre).

Le climat de la Suède est peu favorable aux cultures. Dans le Centre, l’hiver est trop long, le printemps trop humide, l’été trop court et l’automne trop sec. Dans le Nord, les cultures sont difficiles et très aléatoires quand on s’élève en latitude. Seule la partie méridionale jouit d’un climat assez favorable, mais l’agriculture craint les années trop humides ou trop froides. Le froid hivernal entrave la circulation fluviale et maritime. Dès décembre, les premières glaces bloquent les entrées de ports et les estuaires des côtes du golfe de Botnie, sur lequel toute navigation devient impossible en janvier. En mars, la mer de Botnie est prise, avec une zone plus ou moins libre et un pack en son centre, tandis qu’au sud de l’archipel d’Åland la côte de Stockholm à Karlskrona est à son tour bloquée. Dans cette région, les brise-glace maintiennent l’accès aux ports. Les ports du golfe de Botnie (Kalix, Luleå, Skelleftehamn, Holmsund) sont bloqués de 4 à 6 mois par an. Ceux de la mer de Botnie sont inaccessibles pendant un temps moindre : :Örnsköldsvik, 3 mois ; Härnösand, Sundsvall, 2 mois ; Gävle, au sud, 1 mois. Si les routes du Nord sont impraticables l’hiver, les trains roulent quand même ; la voie ferrée Kiruna-Narvik transporte avec une grande régularité pendant l’hiver et la nuit polaires près de 10 Mt de minerai le fer vers le port norvégien libre de glace.

Les différents facteurs climatiques déterminent des zones de végétation. Aux moyennes pluviométriques et thermiques très basses du nord du Lappland (Laponie) correspond une zone de végétation de type subarctique, où le bouleau remonte les vallées, s’installe dans les dépressions, faisant contraste avec les hauteurs, où l’on ne trouve que mousses et lichens. C’est la zone de « toundra », qui ne couvre que 5 p. 100 du territoire suédois. Des conditions climatiques très dures règnent en hiver au-dessus de 1 500 m dans la chaîne des Scandes, tolérant une rare végétation, formée surtout de mousses et de lichens, avec un étage inférieur de type alpin à pelouses estivales.

La zone boréale des conifères forme, en Suède, le barrskog, immense forêt exclusivement peuplée de pins, d’épicéas, sauf sur ses marges. Elle couvre dans le Norrland, le Värmland et en Dalécarlie plus du tiers du territoire. Vers le nord, les pins, qui dominent parfois en peuplement naturel pur, cèdent progressivement le pas aux bouleaux, qui font la transition avec la forêt-toundra. Les tourbières à sphaigne et les marais à mousse occupent une place importante (jusqu’à 30 p. 100 du sol forestier au Norrbotten) dans le barrskog.

Svealand et Småland, au sud, sont situées sur la zone de végétation de la forêt mixte nord-européenne, où 75 p. 100 des arbres sont encore des conifères. Les bouleaux et les trembles ne sont pas rares, mais on y rencontre aussi l’aulne, le tilleul, l’érable, l’orme, le frêne, le chêne et le hêtre. Ces deux derniers caractérisent la végétation de la Scanie, qui fait partie de la zone européenne des forêts de feuillus. On y trouve de belles hêtraies à sous-bois d’if, de lierre et de houx.

J. G.


Les grandes étapes de l’histoire de la Suède


Un des plus anciens réseaux commerciaux du monde


La préhistoire

• Dès que recule l’énorme carapace glaciaire qui couvre la Baltique et la péninsule scandinave, s’installent en Suède les chasseurs de rennes.

• IIIe millénaire : exploitation de l’ambre, exporté du Jylland vers la Méditerranée.

• Époque du bronze : le sud de la Suède participe à la richesse agricole du Danemark. Les monuments mégalithiques en sont une preuve. Les gravures rupestres témoignent de la vocation maritime des Svears.

• Époque du fer : influence celtique, puis romaine, mais indépendance du pays, qui se constitue en fédérations. Uppsala, centre politique et religieux (culte public de la triade Odin, Thor, Freyr).


Les Vikings (ixe - xe s.)

• Les historiens contemporains rejettent l’ancienne explication des migrations scandinaves liées à une situation économique précaire, à la famine. Un grand bouillonnement national, la conquête de richesses, un gros effort commercial s’expliquent par l’apport technique et le dynamisme des Frisons, qui multiplient les marchés en Scandinavie et forment des gildes avec les Suédois.

• Tandis que les Danois et les Norvégiens (Vikings ou Normands*) écument l’Ouest européen, les Suédois tournent leur activité vers l’est, où on les connaît sous le nom de Varègues ou de Russes ; ils créent en Russie des villes marchandes (Novgorod, Kiev).

• Vers 830, le christianisme est prêché en Suède par Anschaire.


Formation de la nation suédoise (xe - xive s.)


1008-1250 : l’Église suédoise, seul élément d’unité

• 994 : mort d’Erik Segersäll, roi de Suède et du Danemark.

• 1008 : baptême du roi Olof Skötkonung (994-1022).

• 1060 : fin de la première dynastie suédoise, celle d’Uppsala, en partie légendaire, par la mort d’Edmond le Vieux.

• 1060-1130 : règne de la famille de Stenkil. Triomphe définitif du christianisme.

• 1164 : consécration du premier archevêque d’Uppsala, qui devient — mais cette fois sous le règne du christianisme — la capitale religieuse de la Suède : jusque-là, l’Église de Suède dépendait de l’archevêque danois de Lund. L’Église est plus fortement organisée que l’État, dont l’autorité reste dépendante de l’autonomie des provinces. D’où les difficultés successorales perpétuelles.