Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Stuarts (les) (suite)

En 1449, le jeune roi épousa Marie de Gueldre († 1463) et commença à régner personnellement. L’année suivante, les Livingstone furent arrêtés et exécutés. En 1452, Jacques II, dans un accès de colère, assassina de sa propre main William, 8e comte de Douglas, au cours d’une querelle, puis mena une vigoureuse campagne contre les Douglas et leurs alliés, les Crawford et les Hamilton. Ayant fait leur soumission, ceux-ci bénéficièrent du pardon royal. Mais le nouveau comte de Douglas, James (1426-1491), complotait avec les Anglais : en 1455, Jacques II mena une nouvelle expédition sur ses domaines, et le comte dut s’enfuir en Angleterre, où il reçut une pension.

La chute de la famille Douglas et la réunion à la Couronne d’une grande partie de ses domaines renforçaient considérablement la puissance de Jacques IL Aussi celui-ci put-il développer la législation de son père, en s’appuyant, lui aussi, sur le Parlement. Avec ce souverain clairvoyant et énergique, on pouvait croire revenus les plus beaux jours du règne de Jacques Ier. Mais son règne aussi devait être bref. L’Angleterre était en proie à la guerre des Deux-Roses*, et, dès 1456, Jacques II avait ravagé le Northumberland en riposte aux mesures hostiles à l’Écosse prises par les yorkistes. Lors du triomphe de ces derniers en 1460, l’Écosse prit le parti des lancastriens, et Jacques II alla mettre le siège devant Roxburgh. Là, il fut tué par l’explosion inopinée d’une bombarde. La troisième minorité du siècle commençait.


Jacques III (1452-1488), roi de 1460 à 1488

En fait, la minorité de Jacques III fut moins troublée que les précédentes : l’œuvre de ses prédécesseurs s’était consolidée, et l’évêque Kennedy tenait bien en main le gouvernement. Jusqu’à sa mort, en 1465, le pays resta calme et les relations avec l’Angleterre redevinrent pacifiques. De 1465 à 1469, le jeune roi resta sous la tutelle de la famille Boyd, qui négocia pour lui un mariage avec Marguerite de Danemark. Une révolution de palais élimina les Boyd et, à partir de 1469, Jacques III dirigea effectivement le gouvernement.

Son règne personnel s’ouvrait sous les meilleurs auspices : aucune famille noble n’était à même de porter ombrage à la puissance royale. Toutefois, Jacques III était loin d’avoir les éminentes qualités de ses prédécesseurs. Son goût pour la musique et les beaux-arts semble avoir été le seul penchant qu’il ait hérité de Jacques Ier. Entouré d’astrologues et d’instrumentistes, il négligeait les affaires du gouvernement, ignorant purement et simplement les membres de cette grande noblesse que son père avait si étroitement surveillée. Les fruits de cette incurie ne tardèrent pas à paraître : les propres frères du roi, Alexandre, duc d’Albany, et John, comte de Mar, furent arrêtés en 1479 pour avoir conspiré contre le roi. Le comte de Mar fut sans doute assassiné dans sa prison, mais le duc d’Albany réussit à s’échapper et à gagner la France, puis l’Angleterre, où il fut fort bien reçu ; en effet, Archibald Douglas, comte d’Angus (v. 1449 - v. 1514), avait effectué un raid sur le nord de l’Angleterre, raid que Jacques III avait couvert de son autorité et auquel Édouard IV entendait répliquer.

Jacques III réunit une grande armée pour résister à son rival : significativement, il en avait confié le commandement à son favori, l’architecte Robert Cochrane, promu comte de Mar pour la circonstance. C’en était trop pour les nobles : à Lauder Bridge, où campait l’armée, ceux-ci arrêtèrent les favoris du roi, les décapitèrent, puis ramenèrent le souverain prisonnier à Édimbourg (mars 1482). La paix avec les Anglais fut rétablie, moyennant la cession à l’Angleterre de Berwick, et Albany fut restauré dans toutes ses prérogatives. Il semble avoir gouverné le pays pendant quelque temps, mais son prestige était atteint par sa collaboration avec les Anglais, et il dut repasser la frontière en avril 1483. Après un coup de main infructueux, il se retira en France, où il mourut peu après (1485).

Jacques III paraissait donc avoir triomphé : en réalité, la noblesse le méprisait. S’estimant lésés dans une obscure affaire de bénéfices ecclésiastiques, les Home et leurs alliés les Hepburn s’assurèrent l’appui des comtes d’Angus et d’Argyll, des évêques de Glasgow et de Dunkeld ainsi que du propre fils du roi, le prince héritier Jacques. Jacques III réussit à réunir contre les révoltés une puissante armée : mais, avant même que le résultat de la bataille de Sauchieburn (juin 1488) fût apparu, il s’enfuit seul par une route isolée. Étant tombé de cheval, il fut reconnu par un soldat de l’armée adverse, qui l’assassina.


Jacques IV (1473-1513), roi de 1488 à 1513

Il n’avait que seize ans lorsqu’il accéda au trône : en lui, l’Écosse trouvait un souverain de la même valeur que Jacques Ier et Jacques II. Très cultivé, il se passionnait pour les problèmes intellectuels. Protecteur des écrivains, tels les poètes Henry le Ménestrel (ou l’Aveugle), William Dunbar et Robert Henryson (c’est l’âge d’or de la poésie écossaise), il fonda en 1494 l’université d’Aberdeen et confia l’éducation de son fils naturel Alexandre à l’humaniste Érasme. Il s’intéressait particulièrement aux sciences : excellent chirurgien, il faisait aussi de nombreuses expériences d’alchimie et alla même jusqu’à patronner des recherches poussées sur la construction d’ailes artificielles... C’était un athlète accompli : remarquable cavalier, grand chasseur, il était passionné de tournois. Il tenait une cour splendide. Il jouissait d’une grande popularité, qui, tout autant que ses qualités, l’aida à reprendre la politique inaugurée par Jacques Ier.

En 1488, la situation était cependant difficile : quelques familles (Lennox, Forbes, Lyle) restaient fidèles au roi défunt, et d’autres complotaient avec l’Angleterre (Angus). Mais, dès 1491, une trêve était conclue avec le roi Henri VII, et l’habileté du jeune souverain eut rapidement raison des rancœurs accumulées dans la noblesse. Aussi celui-ci put-il s’attaquer aux causes des désordres qui désolaient les Highlands : en 1493, les sujets du seigneur des Iles, menés par son neveu Alexandre, furent écrasés, et Jacques IV vint visiter le nord de l’Écosse. En 1497, Alexandre reprit les armes : battu, il fut assassiné peu après. En 1503, Donald Dubh, un petit-fils du seigneur des Iles, reprit le combat : il fut battu en 1505 et emprisonné peu après. Dès lors, contrôlés par le comte de Huntly au nord et par le comte d’Argyll au sud, les Highlanders cessèrent de troubler le nord de l’Écosse.