Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

structural (relief) (suite)

Les escarpements de faille étant liés à des accidents tectoniques rectilignes, leur tracé est, au moins au départ, également rectiligne et le demeure d’autant mieux que l’accident recule plus difficilement, c’est-à-dire qu’il est constitué de roches plus résistantes. Lorsque l’escarpement tranche des couches d’inégale résistance, son recul obéit aux mêmes lois que celles des escarpements monoclinaux. Si, enfin, l’escarpement est entièrement constitué de roches de faible résistance, il s’efface très vite.

On peut rattacher aux escarpements de faille les escarpements de pli-faille et de chevauchement, qui se forment en régime de compression par rupture d’un pli. L’inclinaison de la cassure en sens inverse de l’escarpement ne permet cependant pas, dans ce type de structure, la mise en valeur du plan de faille par l’érosion différentielle. Il s’agit donc toujours d’escarpements liés directement au jeu de la tectonique.


Cas particulier des structures cristallines

Dans les structures cristallines, la mise en valeur de formes par l’érosion différentielle présente des modalités particulières. En effet, ces structures sont massives, et le passage d’un type de roche à un autre s’y fait graduellement. L’érosion ne peut donc mettre en valeur que des contacts plus ou moins verticaux, résultant soit de failles, soit de la montée à l’emporte-pièce de batholites. Mais l’inégale résistance des roches cristallines est infiniment plus difficile à définir que celle des roches sédimentaires. La composition chimique de la roche ne semble avoir qu’une influence mineure, contrairement à ce qu’avaient pensé les premiers chercheurs ; la composition minéralogique joue un rôle plus important dans la mesure où la fragilité de certains minéraux mine tout l’édifice de la roche ; le facteur essentiel semble bien être, de l’avis de la plupart des chercheurs, la fissuration de la roche, qui fraie la voie au principal agent d’attaque, l’eau.

On comprend donc que les socles, ou les roches cristallines affleurent largement, n’offrent que peu de reliefs structuraux en dehors des escarpements de faille et présentent de ce fait une plus grande monotonie de paysage.

R. L.

 P. Birot, Morphologie structurale (P. U. F., 1958 ; 2 vol.). / C. R. Twidale, Structural Landforms (Cambridge, Mass., et Londres, 1970).

structuralisme

Théorie commune à certaines sciences humaines, visant à appréhender le fait humain qu’elles étudient comme un ensemble d’éléments à l’intérieur d’une totalité, qui se déterminent les uns par rapport aux autres en fonction de lois générales.


Définition

Le structuralisme se considère non pas comme une philosophie, mais comme une méthodologie. La notion de structure n’est pas une découverte récente ; mais certaines disciplines, comme la linguistique avec les travaux de Saussure, la psychologie avec la Gestalttheorie*, l’anthropologie avec le fonctionnalisme* ont mis en évidence une nouvelle manière de concevoir l’interdépendance de phénomènes humains.

C’est la linguistique qui, la première, donne au structuralisme une formulation scientifique, et C. Lévi-Strauss s’imprègne des travaux des linguistes (Sapir, Bloomfield, Jakobson) pour élaborer cette méthodologie. D’autres secteurs et d’autres chercheurs se sont sentis concernés à un moment par le structuralisme : l’histoire*, à la suite des recherches de G. Dumézil et de F. Braudel, qui a trouvé provisoirement dans le structuralisme un terrain revivifiant ; l’histoire des idées et notamment le marxisme* (L. Althusser, Pour Marx, 1965) ; la philosophie de l’histoire (M. Foucault, les Mots et les choses, 1966) ; la psychanalyse* (dans laquelle J. Lacan [Écrits, 1966] occupe une place particulière) ; la critique* littéraire (R. Barthes, Critique et vérité, 1966). Le développement d’un structuralisme indépendant de ces domaines des sciences humaines mais commun à tous est parallèle à leur prétention à un statut scientifique. En effet, les notions fondamentales du structuralisme, la totalité et l’interdépendance, sont idéalement susceptibles d’une formulation logico-mathématique. Ainsi, un système de parenté* peut être considéré comme une structure récurrente et donc reconstituable par le chercheur dans un système de parenté dont il n’aurait qu’une connaissance partielle : elle permet de comprendre en ethnologie une variante dans une mythologie, en linguistique un allomorphe dans un système morphologique donné comme une variante combinatoire, intégrée à un ensemble qui structure les transformations mêmes du mythe en question ou du morphème en question. La structure n’est pas une sorte de reconstruction abstraite, comparable à la notion de modèle logico-mathématique, auquel l’analyse structurale a fréquemment recours : le modèle est en effet en partie une simplification du réel, qu’on a dépouillé de cas aberrants et exceptionnels ; mais il est utile, puisque c’est grâce à lui qu’une structure peut être mise en évidence. En fait, la structure participe aussi au réel, fait corps avec lui en ce sens qu’elle s’impose en quelque sorte au chercheur, à qui il arrive de changer de modèles pour rendre compte d’une structure existante. Après la fortune connue par le structuralisme dans toutes les sciences humaines dans les années 1950 à 1960, on ne retient aujourd’hui plus guère que deux secteurs où ses méthodes se sont révélées fécondes à un moment de leur développement : la linguistique et l’anthropologie.

D. C.


Le structuralisme en linguistique

Dans l’histoire de la linguistique, le terme de structuralisme marque l’orientation convergente d’un certain nombre de recherches qui se sont développées au début du xxe s. et qui ont fait de la linguistique une science de la langue et des langues.

Issu d’un ensemble de réflexions entreprises à la fin du xixe s., dans une perspective critique de la linguistique historique, le structuralisme n’exclut pas une certaine diversité des écoles, tant sur le plan théorique que sur le plan méthodologique. Les points de convergence résultent d’une prise de position globale quant à la nécessité d’étudier le fonctionnement de la langue en tant que système. La perspective du xixe s. aboutissait à n’apercevoir dans la langue qu’un processus historique sans considérer sa fonction de communication à l’intérieur des groupes humains.