Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Stravinski (Igor) (suite)

À vrai dire, ce ne fut pas à Schönberg que Stravinski se référa en adoptant la technique sérielle, mais à son disciple A. von Webern*, vraisemblablement parce que celui-ci bannissait toute trace de ce romantisme, de cet expressionnisme qui rendaient l’œuvre de Schönberg si antipathique au maître russe. Il n’empêche qu’il fallut à celui-ci un grand courage pour, à soixante-dix ans, rechercher les fondements d’une technique jusqu’alors repoussée. Nul doute que, ce faisant, il s’assura d’un nouveau souffle et se délivra de l’emploi du modèle musical, qui, depuis trente-cinq ans, avait marqué la quasi-totalité de son œuvre du sceau d’un académisme en contradiction avec l’esprit de ses premiers chefs-d’œuvre. Le Canticum sacrum est une magnifique partition, dans la tradition de ce hiératisme apparu maintes fois dans le style polymorphe de Stravinski. Il en est de même de Threni, id est Lamentationes Jeremiae prophetae (1958). Moins homogène techniquement, Agon (1957), ballet pour douze danseurs, est pourtant intéressant ; le Déluge (1962), lui, se tourne quelque peu vers une abstraction assez aride.

Ainsi donc, la technique sérielle fut, pour Stravinski, bénéfique. Précisons, cependant, que celui-ci n’en a jamais adopté la conséquence fondamentale, à savoir l’éviction de la tonalité, l’état tonal alternant généralement avec l’état atonal dans ses architectures. De plus n’a-t-il pas déclaré : « Les intervalles de mes séries sont attirés par la tonalité ; je compose verticalement, et cela signifie — en un sens tout au moins — composer tonalement. » De cette seconde proposition (on ne peut plus discutable !), il résulte que, sur le plan de l’histoire, Stravinski et Schönberg se situent aux deux pôles opposés de l’évolution technique qui s’est développée au cours de notre xxe s. Ajoutons qu’en dépit de sa retentissante conversion au sérialisme Stravinski conserve, dans l’ordre des structures, ses caractéristiques propres, tout comme il le fit en adoptant le modèle musical. Si bien que, face aux divers aspects de son style, où alternent hiératisme et baroquisme, primitivisme (les premiers chefs-d’œuvre) et classicisme (Symphonie en « ut », 1938-1940 ; Symphonie en trois mouvements, 1945), nous retrouvons toujours, plus ou moins rayonnant, le génie d’Igor Stravinski.

Stravinski a laissé, en outre, plusieurs écrits d’ordre autobiographique, esthétique ou théorique (Chroniques de ma vie, 1935 ; Poétique musicale, 1939-40 ; Memories and Commentaries, avec R. Craft ; 1960).

R. S.

 B. de Schloezer, Igor Stravinski (Aveline, 1929). / P. Collaer, Stravinsky (Corti, 1931). / A. Schaeffner, Igor Stravinsky (Rieder, 1931). / L. Oleggini, Connaissance de Stravinsky (Foetisch, Lausanne, 1952). / C. F. Ramuz, Souvenirs sur Igor Stravinsky (Mermod, Lausanne, 1952). / R. Craft, P. Boulez et K. Stockhausen, Avec Stravinsky (Éd. du Rocher, Monaco, 1958). / R. Siohan, Stravinski (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme » 1959). / M. Philippot, Igor Stravinsky (Seghers, 1965).

Streptocoque

Bactérie très répandue, responsable de nombreuses et fréquentes maladies infectieuses, les streptococcies, toujours sensibles à la pénicilline.



Bactériologie

Les Streptocoques sont des coques (sphères) prenant la coloration de Gram (Gram positifs). Ils peuvent être identifiés par leurs caractères culturaux et biochimiques, et habituellement groupés antigéniquement grâce à leur antigène de surface. Les groupes sont classés par ordre alphabétique de A à R. Les Streptocoques pathogènes pour l’Homme sont habituellement du groupe A et du groupe D ; ils appartiennent plus rarement aux groupes B, C, K et M (méthode de Lancefield). Certains Streptocoques sont « ingroupables » et sont souvent pathogènes. Les Streptocoques du groupe A possèdent un antigène spécifique du type superficiel (M) qui confère une immunité spécifique. Cela explique la possibilité d’infections répétées à Streptocoque du groupe A. Les Streptocoques, surtout ceux du groupe A, sécrètent des substances diffusibles, parmi lesquelles la toxine érythrogène (provoquant des éruptions rouges), très antigénique, responsable de la scarlatine, mais immunisante, et des enzymes, dont les streptolysines (groupe A, C, G). La streptolysine O provoque l’apparition d’antistreptolysines O (ASLO). Le titre de ces ASLO, pathologique au-dessus de 400 unités, témoigne de l’infection streptococcique. Il baisse au 3e mois qui suit la guérison de l’infection. L’hyaluronidase et la streptokinase déterminent également l’apparition d’anticorps. Mais, en aucun cas, l’absence de mise en évidence d’anticorps antienzymes comme les ASLO ne permet d’éliminer le diagnostic d’infection streptococcique. Dans la majorité des cas, le diagnostic bactériologique est fait grâce au prélèvement et à l’ensemencement sur gélose ordinaire ou enrichie de sang, pour rechercher une hémolyse. Pour le diagnostic de septicémie, il faut noter que le streptocoque pousse mieux en aéroanaérobiose.


Manifestations cliniques


La peau et les muqueuses

La pathologie liée aux streptocoques est très riche. Parmi les streptococcies cutanées, à côté de l’intertrigo des plis, de l’impétigo très contagieux, des surinfections des plaies ou des brûlures, avec leur risque de scarlatine secondaire, il faut insister sur l’érysipèle, qui est une dermo-épidermite aiguë annoncée par des frissons et se manifestant par une fièvre modérément élevée. La lésion de l’érysipèle, qui est une plaque rouge, débute au niveau d’un orifice naturel, de la face le plus souvent. Très œdémateuse, extensive, elle est caractéristique en raison du bourrelet siégeant à la périphérie de la plaque. D’évolution spontanément favorable, à l’exception des formes compliquées, l’érysipèle est très sensible à la pénicilline.

Les angines streptococciques sont très fréquentes et justifient le traitement systématique par la pénicilline pour éviter des complications. Le début est brutal, avec fièvre à 40 °C et douleurs pharyngées. L’examen montre une gorge rouge avec parfois quelques « points blancs ». Il existe souvent une adénopathie sous-maxillaire. Les urines sont foncées, avec protéinurie (albumine) parfois. La numération globulaire montre fréquemment une hyperleucocytose à 12-15 000 globules blancs avec 80 p. 100 de polynucléaires. Le prélèvement de gorge met en évidence des Streptocoques bêta-hémolytiques du groupe A. Le traitement par la pénicilline s’impose et doit durer une dizaine de jours. Non traitée, l’angine peut évoluer spontanément vers la guérison ou se compliquer de phlegmon ganglionnaire, de glomérulonéphrite, de syndrome poststreptococcique, d’érythème noueux.

La scarlatine* est une affection contagieuse due au streptocoque.