Strasbourg (suite)
Les églises sont nombreuses dans la ville : Saint-Étienne remonte au xiie s. ; Saint-Thomas a été construite aux xiiie et xive s., et abrite le tombeau du maréchal Maurice de Saxe sculpté par Pigalle* ; Saint-Pierre-le-Vieux et Saint-Pierre-le-Jeune ont gardé leurs jubés de la fin du Moyen Âge ; Saint-Guillaume, fondée en 1300, possède une série de vitraux flamboyants.
L’architecture civile n’est pas moins bien représentée. Le musée de l’Œuvre remonte en partie au xive s. Les maisons à pans de bois, aux grands toits pentus, aux pignons à rampants décorés, aux façades ornées de loggias et de balcons sculptés de motifs flamboyants ou renaissants, abondent dans le quartier de la Petite France, rue du Bain-aux-Plantes, dans la Grand’Rue, dans les quartiers Saint-Thomas et Saint-Nicolas, quai des Bateliers, où l’hôtellerie du Corbeau accueillit Turenne, Jean Casimir de Pologne, Frédéric II et l’empereur Joseph II, dans le quartier de la cathédrale, où se dresse la maison Kammerzell, dans le quartier Saint-Étienne, où s’élève la maison Zum Ritter. La plupart de ces maisons datent des xvie et xviie s. Cent cinquante et une d’entre elles sont datées. Tous ces vieux quartiers, avec leurs canaux et la rivière de l’Ill, concentrés autour de l’altière silhouette de la cathédrale, confèrent au paysage urbain de Strasbourg un caractère exceptionnel. Mais Strasbourg est encore une ville du xviiie s. Au sud de la cathédrale s’élève le château des Rohan, bâti de 1730 à 1742 par Joseph Massol sur les plans de Robert de Cotte*. Les statues de la Foi et de la Charité par Robert Le Lorrain ornent la façade. La salle du Synode, la salle des Évêques, la chambre du Dais, les appartements de l’évêque ont gardé leurs boiseries de style Louis XV. Le château conserve les collections du musée des Beaux-Arts, d’une grande valeur. Joseph Massol a été aussi l’architecte du collège des Jésuites, qui est devenu lycée ; Armand La Gardelle construisit l’évêché en 1727 et Jean-François Blondel fit les dessins de la place de l’Aubette, rebaptisée place Kléber. La rue Brûlée est bordée d’hôtels du xviiie s. : l’hôtel de ville (ancien hôtel de Hesse-Darmstadt), l’hôtel des princes des Deux-Ponts, l’hôtel Marmoutier, l’hôtel de la Préfecture (ancien hôtel de Klinglin). D’autres demeures moins nobles dressent leurs sobres façades du xviiie s. dans différents quartiers et s’associent aux maisons à pans de bois pour le plaisir des yeux. Si l’on ajoute à cette architecture les richesses des musées déjà cités et celles du musée des Arts décoratifs, du Musée historique et du Musée alsacien, on constatera que Strasbourg est une des villes d’art les plus exceptionnelles de France.
A. P.
➙ Alsace / Rhin / Rhin (Bas-).
M. Rochefort, l’Organisation urbaine de l’Alsace (Les Belles Lettres, 1960). / P. Dollinger, Strasbourg. Du passé au présent (Éd. des « Dernières Nouvelles », Strasbourg, 1962). / H. Haug, l’Art en Alsace (Arthaud, 1962). / P. Martin, les Corporations de Strasbourg, du viiie siècle à la Révolution (Istra, 1964). / H. Nonn, Strasbourg, des densités aux structures urbaines (Les Belles Lettres, 1966). / A. Traband, Villes du Rhin. Strasbourg et Mannheim-Ludwigshafen. Étude de géographie comparée (Les Belles Lettres, 1967). / M. Reinhardt, la Cathédrale de Strasbourg (Arthaud, 1972). / R. Aron, Penser la guerre, Clausewitz (2 vol., Gallimard, 1976).