Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

steam-cracking (vapocraquage) (suite)

En modifiant les conditions opératoires, le procédé s’adapte à des matières premières pétrolières très diverses, dont le choix obéit aux lois économiques, en se portant sur le produit disponible au meilleur prix, mais en tenant compte du rendement en éthylène. Aux États-Unis, on craque traditionnellement de grandes quantités d’éthane et de propane, obtenues en surplus lors de la purification du gaz naturel (méthane). En Europe et au Japon, la charge de steam-cracking la plus intéressante, sous-produit du raffinage du pétrole et longtemps disponible à bas prix, est l’essence directe, provenant de la première distillation du brut, qu’il s’agisse de gasoline (essence légère) ou de naphta (essence lourde). Mais on pourrait aussi bien partir de butane ou de gasoil, suivant la valeur du marché.

Les principales réactions qui se produisent au cours du craquage sont les suivantes.

• La chaîne des atomes de carbone peut se briser, certaines molécules se divisant alors pour donner des oléfines (éthylène, propylène) et des dioléfines (butadiène).

• D’autres hydrocarbures, comme l’éthane, subissent une déshydrogénation

• Des chaînes droites d’atomes de carbone peuvent se cycliser en anneaux benzéniques (aromatisation).

Le rendement en éthylène sur naphta est de 20 p. 100 à 800 °C, mais peut atteindre 30 p. 100 en poussant à 900 °C ; sur éthane, on obtient par recyclage jusqu’à 80 p. 100.


Le vapocraqueur

La réaction s’opère dans un four de pyrolyse équipé de tubes en acier inoxydable formant un serpentin parcouru par le mélange d’hydrocarbures et de vapeur d’eau ; elle est suivie d’un brusque refroidissement (trempe) dans un générateur de vapeur afin de limiter la formation de polymères indésirables.

La séparation des produits se fait en trois temps.
1. Une distillation chaude comportant plusieurs colonnes retient les coupes lourdes (fuel-oil et essence).
2. Le mélange de gaz est recomprimé, lavé à la soude et séché.
3. L’éthylène et le propylène sont extraits de ce mélange par liquéfaction et distillation froide grâce à des cycles successifs de compression, de détente et de fractionnement.

Des épurateurs complémentaires sont prévus pour éliminer l’oxyde de carbone contenu dans l’hydrogène et pour se débarrasser de l’acétylène.

Un vapocraqueur est un ensemble complexe de matériels coûteux et délicats, dont la surveillance et la conduite sont facilitées par l’adjonction d’un ordinateur de contrôle. Le coût élevé d’une telle installation incite au gigantisme, l’investissement pour une très grosse unité n’étant que 75 p. 100 de celui qui est nécessaire à deux unités de taille moitié moindre. La capacité des plus récentes installations atteint 500 000 t d’éthylène par an, nécessitant plus de 2 Mt par an de naphta ; le coût de telles unités est de l’ordre de 190 MF.


Implantation

Intermédiaire entre le raffinage et la chimie, le vapocraquage est une étape qui peut se situer soit dans l’une, soit dans l’autre usine. Un certain nombre de raffineries de pétrole dotées de vapocraqueurs peuvent être reliées entre elles et aux utilisateurs d’éthylène par un réseau de pipe-lines (éthylénoducs), par exemple entre Lavéra-Berre et la région Rhône-Alpes. L’implantation en raffinerie facilite la réutilisation de l’hydrogène, du fuel-oil et de l’essence de pyrolyse, dont on peut extraire les précieux aromatiques ou que l’on peut hydrogéner pour l’incorporer au supercarburant. En revanche, elle nécessite le transport, jusqu’aux usines chimiques, de l’éthylène, du propylène et de la fraction C4, contenant le butadiène, matière première des élastomères. La capacité de production d’éthylène en Europe, qui dépasse aujourd’hui 6 Mt par an, est en cours de doublement.

A.-H. S.

➙ Aromatiques (hydrocarbures) / Cracking / Essence / Éthylène / Four / Gaz / Pétrochimie / Polymère semi-organique et inorganique / Propylène / Raffinage.

stéarinerie

Industrie ayant pour objet l’extraction des acides gras concrets contenus dans les huiles et les graisses animales et végétales sous la forme d’esters du glycérol*, dont on provoque la scission, puis la séparation en leurs constituants : glycérol hydrosoluble et acides gras insolubles dans l’eau.


Ces acides gras sont constitués eux-mêmes par un mélange complexe, en proportions variables, de produits concrets et de produits fluides à la température ordinaire, qu’il fallait, dès l’origine de la stéarinerie, séparer en deux phases : la première étant seule destinée à la fabrication des bougies, la seconde trouvant son emploi en filature pour l’ensimage. À l’heure actuelle, les acides gras ont un champ d’application très étendu, qui rend nécessaires leur purification et leur sélection en fractions de composition et de caractères physico-chimiques précis ; leur fabrication est donc largement valorisée, même si l’éclairage à la bougie ne représente plus qu’une fantaisie décorative.


Scission des glycérides

La scission des glycérides est une opération chimique ou biologique très simple, puisqu’elle consiste à fixer les éléments de l’eau sur la fonction ester pour libérer ses constituants : alcool (glycérol) et acides gras. Mais, si on se limite à mettre en présence l’eau et la substance lipidique, aucune réaction ne se produit en raison de l’insolubilité réciproque de l’eau et des lipides. Il est nécessaire, pour obtenir la réaction, de faire appel à des agents physiques, chimiques ou enzymatiques afin d’assurer aux deux phases une surface de contact aussi étendue que possible.


Méthodes classiques

On soumet à l’action de la chaleur le mélange eau-huile en opérant en autoclave, l’addition d’un catalyseur permettant une réaction à température plus modérée. Les premiers catalyseurs utilisés ont été les oxydes métalliques, comme le bioxyde de calcium et surtout l’oxyde de zinc. De faibles quantités d’acide sulfurique se sont aussi révélées profitables. On utilise maintenant, plus volontiers, le réactif de Twitchell, constitué par un mélange de divers alkylarylsulfonates. Ces additifs favorisent l’émulsion, puis une véritable solubilisation de l’eau dans l’huile. Une fois déclenchée, la réaction s’accélère et peut être pratiquement menée jusqu’à son terme. Mais l’hydrolyse et l’estérification sont deux réactions réversibles qui correspondent à un équilibre, si bien que, pour mener la première jusqu’à son terme, il faut éliminer, en cours d’opération, l’un des produits libérés, ce qui conduit à décanter à une ou à deux reprises la solution glycéroleuse ; de nouvelles additions d’eau permettent ensuite de parfaire le résultat recherché.