Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

statocyste

Organe sensoriel de nombreux Invertébrés, formé d’une vésicule creuse tapissée intérieurement de cellules ciliées et renfermant un statolithe de nature chimique variée.


Le statocyste informe l’organisme de sa position par rapport au champ de gravitation, c’est-à-dire essentiellement par rapport à la pesanteur.

On a décrit des statocystes chez les Cnidaires, les Cténaires, les Plathelminthes (Turbellariés primitifs), les Némertes, les Rotifères, les Gastrotriches, les Brachiopodes, les Annélides, dans la plupart des classes de Mollusques, chez les Arthropodes (essentiellement chez les Crustacés, exceptionnellement chez les Insectes [Fourmis]) et les Tuniciers.

La complexité de structure du statocyste est sans rapport direct avec le niveau évolutif des embranchements, ce qui laisse supposer que cet organe est apparu de façon indépendante dans la plupart des phylums. Dans le cas le plus fréquent, le statocyste est une vésicule close ou reliée à l’extérieur par un ou plusieurs orifices de petite taille ; son origine embryonnaire est vraisemblablement toujours épidermique. La vésicule est tapissée intérieurement de cellules ciliées, sauf chez les Crustacés, où les cils sont remplacés par les soies. Le centre de la vésicule est occupé par le statolithe, dont les déplacements, dus aux diverses positions prises par l’organisme, excitent diverses portions de cils ou de soies et renseignent ainsi le système nerveux central. Chez certains Cnidaires, le statolithe est constitué par des cellules spéciales, les lithocytes, renfermant des concrétions calcaires. Le plus souvent, il résulte de la sécrétion externe de certaines cellules du statocyste, sécrétion le plus souvent calcaire ; quelquefois, il résulte de l’incorporation, dans du mucus, de particules solides empruntées au milieu extérieur.

Les statocystes sont fréquents chez les Méduses de Cnidaires et offrent les structures les plus variées. Ils sont souvent liés à d’autres organes sensoriels (ocelles, cellules tactiles) et prennent chez les Scyphoméduses le nom de rhopalies. L’organe aboral des Cténaires est également complexe : le statolithe central, dont la masse augmente constamment, est maintenu en place par quatre paquets de cils raides, dont les déplacements semblent être à l’origine du message sensoriel.

Parmi les Crustacés, ce sont surtout les Mysidacés et les Décapodes qui possèdent des statocystes. L’emplacement de ceux-ci est très variable : il va de l’endopodite des uropodes chez Mysis au segment basal de l’antennule chez les Homards. Le statocyste résulte de l’invagination du tégument chitinisé, qui porte des soies fortes maintenant le statolithe — fait de grains de sable — et des soies plus fines, vraisemblablement liées aux dendrites sensoriels.

Pendant la mue, l’animal doit reconstituer son statocyste et reste donc un certain temps privé du sens de l’orientation. Si l’on met alors de la limaille de fer à sa disposition (expérience de Kreidl, 1893), on peut ensuite vérifier, grâce à un aimant, qu’il se fie uniquement aux informations provenant du statocyste pour rectifier sa position dans l’espace. Si l’on modifie, dans une autre expérience, la position des soies par un mince courant d’eau, on constate que le stimulus efficace est réalisé par un déplacement perpendiculaire à l’axe de la soie.

Chez les Mollusques, on trouve presque toujours (Polyplacophores exceptés) une paire de statocystes au voisinage immédiat du ganglion pédieux. Dans la plupart des cas, comme chez les Lamellibranches et le Nautile, le statocyste est très simple. Chez les Hétéropodes pélagiques (Gastropodes), il est plus complexe, avec une zone plus dense en cellules ciliées, la macula, opposée à une zone pauvre en cils, l’antimacula. La complexité de structure est maximale chez la Pieuvre (Céphalopodes) : le statocyste est enfermé dans une capsule cartilagineuse emplie de périlymphe ; lui-même, ou sac statique, contient un autre liquide, l’endolymphe. La paroi interne du sac comporte deux différenciations sensorielles : une macula verticale, au contact immédiat du statolithe, et une crista, alignement de cellules ciliées, dont les trois segments essentiels sont orientés suivant trois plans trirectangles. Cette structure évoque fortement la portion statique de l’oreille* interne des Vertébrés et fournit un bel exemple de convergence fonctionnelle (qu’on retrouve également, entre Céphalopodes et Vertébrés, au niveau oculaire).

La présence de statocystes n’est pas absolument indispensable au maintien d’une orientation constante par rapport à la pesanteur. Chez les animaux qui sont dépourvus de ces organes, le contrôle peut être visuel, tactile (tangorécepteurs chez les espèces qui recherchent les contacts) ou proprioceptif (sensilles campaniformes des Insectes).

R. B.

 P.-P. Grassé, R. A. Poisson et O. Tuzet, Précis de zoologie, t. I : Invertébrés (Masson, 1961 ; 2e éd., 1970). / R. D. Barnes, Invertebrate Zoology (Londres, 1963 ; nouv. éd., 1967). / T. H. Bullock et G. A. Horridge, Structure and Function in the Nervous Systems of Invertebrates (Londres, 1965). / V. C. Barber, « The Structure of Mollusc Statocysts, with Particular Reference to Cephalopods », dans Invertebrates Receptors, sous la dir. de J. D. Carty et G. E. Newell (Londres, 1968).

steam-cracking (vapocraquage)

Procédé de pétrochimie pour la production d’oléfines par craquage avec injection de vapeur d’eau.



Principe de marche

La chimie organique, comme les industries des plastiques, des textiles et des caoutchoucs, repose de plus en plus sur la synthèse de certains hydrocarbures trop peu abondants dans le pétrole brut, comme l’éthylène, le propylène, le butadiène et les aromatiques.

Cette synthèse, réalisée par vapocraquage, est une pyrolyse, c’est-à-dire une décomposition non catalytique sous l’effet conjugué d’une température élevée, vers 800 °C, et d’une faible pression, de l’ordre de 1 ou 2 bar, en présence de vapeur d’eau introduite à l’entrée du four : le rôle de la vapeur d’eau consiste à augmenter la vitesse de passage dans les tubes de four, de manière à provoquer un craquage brutal des hydrocarbures contenus dans la charge, tout en limitant la formation de coke.