Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Staphylocoque (suite)

Parmi les formes cliniques des septicémies, à côté des formes suraiguës mortelles en quelques heures, il faut placer la staphylococcie maligne de la face, habituellement secondaire à un furoncle de la lèvre supérieure « manipulé ». Le risque est celui de thrombose extensive au sinus caverneux (confluent veineux intracrânien), avec ses conséquences redoutables sur le plan neurologique.

Des staphylococcies chroniques peuvent s’observer soit d’emblée, soit après une période aiguë initiale. L’évolution peut être émaillée de métastases infectieuses osseuses ou rénales durant des années, avec le risque d’éclosion d’une véritable septicémie. D’où la règle de toujours traiter tout foyer staphylococcique.


Traitement

Il doit être rigoureux pour éviter l’évolution vers les formes graves. Le traitement des formes localisées associe toujours les soins locaux à l’antibiothérapie : pulvérisation sur un furoncle, immobilisation d’une ostéomyélite, incision d’un panaris collecté, etc. Il faut également traiter le terrain, rechercher un diabète et dépister les porteurs de germes (crèche).

Le traitement des infections graves (septicémies, endocardites, méningites) repose sur l’antibiothérapie. Celle-ci ne doit être faite qu’après les prélèvements bactériologiques, permettant l’étude de la sensibilité aux antibiotiques. Elle doit être bactéricide. Le traitement doit être poursuivi au moins quatre semaines. Le terrain sera également traité. Il est fondamental d’associer à l’antibiothérapie la chirurgie de la porte d’entrée ou des foyers secondaires, dans bon nombre de cas. La prévention générale de l’infection staphylococcique passe par une politique saine de l’antibiothérapie, surtout en milieu hospitalier pour éviter la sélection de souches résistantes, par le respect des règles d’asepsie lors des gestes médico-chirurgicaux d’exploration ou de traitement et par l’abstention de toute manipulation des lésions cutanées staphylococciques.

P. V.

 D. E. Rogers et coll., Staphylococcal Infections (New York, 1956). / R. Worms, l’Affection staphylococcique (Flammarion, 1960). / M. Neuman, l’Antibiothérapie anti-staphylococcique (Éd. Heures de France, 1963).

stars

« La star est une vedette de cinéma, comédien ou comédienne, qui ne sait pas forcément jouer la comédie ou bouger sur un écran, mais qui possède quelque chose en plus » (Greta Garbo).
« Le phénomène des stars est à la fois esthétique, magique et religieux » (Edgar Morin, les Stars, 1972).


Le cinéma naît en 1895. Les stars apparaissent en 1908. Après une courte période où le cinématographe développe ses effets magiques sans faire usage de héros ni de vedettes, le mythe de la star apparaît pour la première fois, issu des feuilletons et des bandes dessinées : c’est à Nick Carter ou à Fantomas que le public tend à s’identifier. Mais ces stars-là ne sont que personnages de fiction. Parallèlement et toujours en France, le cinéma voit jaillir ses premiers héros comiques : Max Linder débute au cinéma en 1905, et ses exploits, qui attirent instantanément les foules, en font une des premières stars. Son cachet, de 20 F en 1905, passe à 150 000 F en 1909.

L’époque n’est pas loin où la personnalité de l’interprète passera les limites du personnage. Car une star, c’est cela : le héros unique d’un film ou d’une série, qui devra faire place à une multitude de héros, à la fois différents et semblables, dans lesquels le public retrouvera son « dieu », s’identifiera à lui pour en faire l’objet d’un rêve ou d’un culte. Alors, le nom de l’interprète deviendra plus fort que celui du personnage incarné, et la dialectique qui s’opérera entre le rôle et l’acteur permettra à la star de s’épanouir.

Après la courte hégémonie des personnages de feuilletons et des héros comiques (Linder en France ou le gros Fatty [Roscoe Arbuckle] aux États-Unis) et une brève utilisation des grandes vedettes du théâtre de l’époque dans quelques films d’« art » (May Irvin et John Rice échangeant le premier baiser du cinéma dans le Baiser, précisément, de Raff et Gammon, ou bien Sarah Bernhardt tournant l’Aiglon), le premier des grands producteurs, Adolph Zukor, sent que le public, de plus en plus, réclame de nouvelles vedettes, de nouvelles effigies à adorer. Il achète la série des films d’« art » français et fonde la « Famous Players » (1912-13).

Cette compagnie, qui se refuse à utiliser les grandes gloires théâtrales pour découvrir de nouveaux visages, va contribuer à l’évolution du cinéma hollywoodien. Ce n’est plus le film lui-même qui sera la vedette ou l’unique spectacle, mais l’acteur ou l’actrice qui en tiendra le rôle principal. Il faut noter que cette évolution s’accomplit en même temps aux États-Unis et en Europe. En effet, au Danemark, une série de drames mondains ou historiques viennent de révéler Asta Nielsen, première des grandes stars du cinéma, surnommée la « Sarah Bernhardt scandinave » ou la « Duse du Nord ». La passion, qui est le principal moteur des mélodrames dont elle est l’héroïne, ravage son visage de tragédienne aux traits durs, à l’expression intense. Le cinéma danois esquisse déjà le monde d’Hollywood, auquel il va fournir deux accessoires indispensables : la « vamp » et le baiser. C’est en effet au Danemark que naît la femme fatale, qui, depuis le romantisme, traîne dans la littérature, la bonne comme la mauvaise. Cette créature est même si typiquement danoise qu’en 1914 la comédienne Theodosia Goodman prendra un pseudonyme à consonance danoise pour transplanter son personnage en sol californien : ce sera Theda Bara.

En Italie, à la même époque, s’établit la vogue des grandes mises en scène, des décors gigantesques et des colossales scènes de foule, au milieu desquelles se distinguent d’abord un couple vedette, Mary-Cleo Tarlarini et Alberto Capozzi (la Chute de Troie, de G. Pastrone, alias P. Fosco, 1912), et surtout les grandes divas, Lyda Borelli, Francesca Bertini ou Lina Cavalieri (« la Belle des belles »), qui seront aussi bien Messaline que Cabiria, Théodora de Byzance ou Lucrèce Borgia. C’est le règne du divisme, celui des vedettes qui, désormais, régissent le cinéma italien, refusant de tourner telle scène qui ne les met pas suffisamment en valeur ou exigeant des salaires astronomiques. En 1914, la star Febo Mari refuse de porter la barbe pour jouer Attila, fléau de Dieu. La star détermine le rôle plus qu’elle n’est déterminée par lui. Hollywood n’est pas loin.