Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Stalingrad (bataille de) (suite)

Pour la première fois depuis 1939, une armée entière de la Wehrmacht est contrainte à la capitulation : trois mois après celle d’El-Alamein, la bataille de Stalingrad, dont l’issue a un retentissement considérable dans le monde, marque le tournant décisif de la Seconde Guerre mondiale sur le front russe : l’armée rouge ne cessera, désormais, d’imposer sa volonté à son adversaire : vingt-sept mois plus tard, elle sera devant Berlin.

H. de N. et P. D.

➙ Guerre mondiale (Seconde) / Wehrmacht.

 T. Plievier, Stalingrad (Berlin, 1945 ; trad. fr., R. Marin, 1948, nouv. éd., Flammarion, 1959). / H. Didold, Artz in Stalingrad (Salzbourg, 1949, nouv. éd., 1954 ; trad. fr. J’étais médecin à Stalingrad, France-Empire, 1955). / Letzte Briefe aus Stalingrad (Heidelberg, 1950 ; trad. fr. Lettres de Stalingrad, Corrêa, 1957). / A. I. Eremenko, Stalingrad (en russe, Stalingrad, 1958 ; trad. fr., Plon, 1964). / E. von Manstein, Aus einem Soldatenleben, 1887-1939 (Bonn, 1958, 2e éd. partielle : Verlorene Siège, Francfort, 1964 ; trad. fr. Victoires perdues, Plon, 1958). / V. I. Tchouikov, Stalingrad, Anfang des Weges (en russe, Moscou, 1959 ; trad. all., Berlin, 1962). / F. Paulus, Ich stehe hier auf Befehl (Francfort, 1960 ; trad. fr. Stalingrad, Fayard, 1961).

stalinisme

Idéologie, pratique politique et système social constitués sous la direction de Joseph Staline*.



Le stalinisme est-il une déformation ou un autre système ?

« Et si la Commune de Paris s’était affermie, les vestiges de l’État qui demeuraient en elle se seraient éteints d’eux-mêmes. » C’est en ces termes que Lénine définit le modèle du socialisme dans l’État et la révolution, écrit à la veille de la révolution d’Octobre et publié en 1918. Mais la Commune n’avait duré que soixante-dix jours. Quarante ans après la victoire d’octobre 1917, Khrouchtchev*, devant le XXe Congrès, reconnaît qu’un tout autre modèle de socialisme s’est imposé à l’Union soviétique et au mouvement communiste international sous la direction absolue de Staline de 1930 à 1953. Le terme de stalinisme sert, aujourd’hui, à désigner cette période, qu’on peut définir par opposition à la Commune de Paris : l’appareil d’État concentre entre ses mains la totalité des pouvoirs et exerce sa domination sous la forme de la terreur de masse policière et idéologique. Ses instruments — administration, armée, police, parti communiste —, placés au-dessus de la société et n’ayant de comptes à rendre qu’au sommet, décident, contrôlent et répriment dans l’économie, la politique, le droit, la pensée publique et privée, la culture et la science. On connaît les conséquences de cet État totalitaire et de sa répression contre tous les opposants supposés, contre toute pensée suspecte d’hérésie, contre tout ce qui risque d’ébranler le monolithisme du pouvoir. Dans un climat de foi et de terreur, de délation, de procès truqués, où les accusés doivent confesser leurs crimes imaginaires, où, selon les estimations les plus modestes, quinze millions de citoyens sont envoyés dans les camps de travail forcé, des peuples entiers sont déportés, les représentants de leur culture sont exterminés, ainsi que l’écrasante majorité des cadres de la Révolution, tandis que le parti excommunie la psychanalyse, la génétique, la cybernétique, la peinture abstraite et toute pensée non apologétique.

Le XXe Congrès du parti communiste de l’Union soviétique (févr. 1956) dénonce les crimes et met fin au mythe. Mais il ne règle pas les questions que l’actualité ne cesse de poser aux partisans du socialisme : « N’est-ce pas le socialisme lui-même qu’il faut mettre en cause ? Peut-on lui donner un visage humain, le concilier avec la liberté ? » Pour réduire le stalinisme à n’être qu’un accident de parcours, il manque la preuve par les faits que la page est tournée ; d’autre part, l’explication par les circonstances ne démontre pas que le système était étranger aux « aberrations » qui ont pu l’affecter. Il faut donc en venir à la question fondamentale, éludée par les adversaires du socialisme comme par les héritiers de la IIIe Internationale : le stalinisme a-t-il seulement affecté de graves déformations (erreurs, crimes, déviations, dégénérescence) la forme du socialisme ou l’a-t-il remplacé par un autre système social, politique et idéologique, ayant sa propre cohérence et radicalement étranger au socialisme ?

La grande controverse

Le point de vue soviétique

Ce qui nous intéresse aujourd’hui c’est une question qui a une importance pour le parti, actuellement et dans l’avenir. Ce qui nous intéresse, c’est de savoir comme le culte de la personne de Staline n’a cessé de croître, comment ce culte devint, à un moment précis, la source de toute une série de perversions graves et sans cesse plus sérieuses des principes du parti, de la démocratie du parti, de la légalité révolutionnaire. [...]

L’obstination de Staline se manifesta non seulement dans le domaine des décisions qui concernaient la vie intérieure du pays, mais également dans celui des relations internationales de l’Union soviétique. [...]

Nous avons obtenu nos victoires historiques grâce au travail d’organisation du parti, aux nombreuses organisations de province, aux sacrifices consentis par notre grande nation. Ces victoires sont le résultat de l’immense effort et de l’action de la nation et du parti dans leur ensemble ; elles ne sont pas du tout le fruit de la direction de Staline, comme on lavait raconté pendant la période du culte de l’individu.

Si nous voulons étudier cette question en marxistes et en léninistes, il nous faut alors déclarer sans équivoque que la direction telle qu’elle était pratiquée durant les dernières années de Staline était devenue un obstacle sérieux sur la voie du développement social de l’Union soviétique.
Rapport secret au XXe Congrès du P. C. U. S.
(févr. 1956).