Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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sports de glace (suite)

Le patinage libre comprend des sauts, des pirouettes et des pas de danse. Le patineur compose son programme comme il l’entend et est accompagné par la musique de son choix (l’accompagnement musical a fait son apparition en compétition en 1911 à Vienne). Dans les grands concours internationaux, le patineur s’inspire des pas de danse, mais la tendance est de rechercher davantage la virtuosité, aux limites de l’acrobatie, afin de mettre en évidence la qualité athlétique aussi bien que le sens artistique. À la limite, chez les hommes, et particulièrement depuis l’avènement de l’école américaine, le patinage artistique est parfois un concours de sauts.

Sur le plan individuel, les compétitions de patinage artistique ont comporté d’abord deux parties : un programme de figures imposées (tirées au sort) et un programme de « libres » (durant quatre minutes chez les dames et cinq minutes chez les hommes).

Les figures imposées ont un coefficient selon leur difficulté. L’exécution est notée par un jury, qui examine à la fois l’attitude du concurrent, son élégance, son équilibre, sa technique et sa précision. Les notes vont de 0 à 6 (elles peuvent être fractionnées au dixième). En patinage libre, deux notes sont attribuées : une note relative à la qualité athlétique du patinage et au registre technique de l’exécutant, et une note relative au style, à la manière de composer un programme.

Depuis 1973, pour réduire l’avantage excessif donné aux figures d’école (intervenant pour 60 p. 100 dans le total), un nouveau règlement prévoit : un concours de trois figures imposées (40 p. 100 dans le total des points) ; un programme court de trois minutes, qui consiste en une exhibition de patinage libre, mais dans laquelle doivent être placés six sauts ou pirouettes définis en début de saison (20 p. 100) ; enfin un programme de figures libres (40 p. 100).

Outre le patinage artistique individuel, les programmes de compétition comportent une épreuve de danse avec l’exécution d’un programme imposé et d’un programme de « libres », qui est, par couple, la réplique du patinage individuel — mais la technique porte sur l’exécution des pas de danse —, ainsi qu’une épreuve de patinage par couple qui se distingue de la danse, car elle ne comprend qu’un programme de « libres ».

Le patinage artistique a un championnat du monde tous les ans, même l’année des jeux Olympiques, où il figure également (à l’exception de la danse).

La plus célèbre patineuse de l’avant-guerre fut la Norvégienne Sonja Henie (1912-1969). Elle débuta aux Jeux de 1924 à Chamonix, où elle se classa dernière. Son règne commença en 1927, quand elle devint championne du monde. Elle conserva ce titre dix fois et remporta trois médailles d’or aux jeux Olympiques (1928, 1932, 1936). Elle se retira des concours amateurs pour animer et fonder des revues sur glace à grand spectacle aux États-Unis.

En couple, les Français Pierre Brunet et Andrée Joly, qui, après s’être mariés, émigrèrent aux États-Unis, ont gagné deux médailles d’or aux Jeux en 1928 et en 1932, et ont contribué ensuite à la formation de l’école de patinage américaine, qui devait, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, donner une impulsion nouvelle au patinage.

La grande étoile de cette école américaine fut Dick Button. Celui-ci devint champion olympique à l’âge de dix-huit ans à Saint-Moritz en 1948 et renouvela son succès quatre ans plus tard, ayant conquis par ailleurs cinq titres de champion du monde avant de rejoindre un célèbre « show sur glace ». Très adroit technicien, il présentait un étourdissant programme de « libres », mené à un rythme échevelé et avec un grand nombre de sauts, généralement doublés et dont le patineur parvenait à maintenir la durée grâce à une détente d’athlète. Depuis Button, tous les patineurs travaillent leur « élévation ».


Le patinage de vitesse

Il serait plus exact de parler ici de patinage de course, car il n’y a qu’une seule épreuve classique de vitesse pure, le 500 mètres. Cette forme de patinage est l’héritière, codifiée sous une forme sportive empruntée à la course à pied l’été, des randonnées sur les lacs gelés et les fleuves nordiques ou sur les canaux de Hollande. Mais, comme pour l’athlétisme, les concours ont lieu dans l’enceinte d’un stade, lequel, en Scandinavie, est souvent bivalent. Les pistes homologuées ont 400 m, avec des couloirs larges de 6 m. Les concurrents courent par deux (paires), contre la montre, en changeant de couloir à chaque tour, celui de l’extérieur ayant la priorité en cas de rencontre ; les paires sont tirées au sort.

Les compétitions officielles comportent pour les hommes les 500, 1 500, 5 000 et 10 000 mètres, et pour les dames les 500, 1 000, 1 500 et 3 000 mètres. Aux championnats du monde, qui se déroulent chaque année, le titre est attribué au total des quatre courses qui se tiennent sur deux jours : les temps sont transformés en points, puis le chiffre obtenu est divisé en autant de fois que la distance courue est multiple de 500. Aux jeux Olympiques, en revanche, chaque course donne lieu à un classement et à l’attribution de médailles.

Le patinage de vitesse nécessite l’utilisation de patins conçus pour la course et dont la lame peut atteindre la dimension de 50 cm tout en étant plus étroite que la lame de patinage artistique ; les chaussures sont en cuir souple.

La technique n’a pas la complexité du patinage artistique. On distingue trois pas : la foulée en ligne droite, les croisés pour les courbes et les pas courus au moment qui suit le départ. Le buste bien penché en avant, le patineur, vêtu d’un collant, se propulse en poussant alternativement, sans effort apparent, d’un patin sur l’autre. L’originalité du patinage de vitesse est un étonnant équilibre entre la souplesse et la force (les concurrents sont d’ailleurs capables de courir les quatre distances), et les grands champions, outre leurs qualités athlétiques, se distinguent par ce que les experts appellent le toucher de la glace.