Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

spore (suite)

Spores fossiles

Le grand intérêt des spores dans la compréhension de la reproduction chez les végétaux inférieurs ne doit pas nous faire oublier leur importance dans d’autres disciplines.

On les étudie avec autant de soin que les pollens et par les mêmes méthodes pour connaître la flore des différentes époques géologiques. On s’intéresse à leur forme, à leur ornementation externe fort variée, à leurs épaississements, à l’éventuelle séparation en loges. À l’époque primaire, des terrains sont particulièrement riches en spores ; ainsi, de nombreuses couches de charbon en contiennent ; certaines sont même presque exclusivement formées par leurs dépôts. L’abondance des Fougères, des Prêles arborescentes et d’autres végétaux apparentés était telle à cette époque que l’on retrouve accumulées de fortes quantités de spores qui, comme actuellement le pollen des Pins, ont pu aller assez loin de leur milieu d’origine.


Spores et dissémination

Par ailleurs, les spores d’autres espèces, Champignons surtout, sont si fines qu’elles peuvent actuellement rester en suspension très longtemps dans l’air et sont assez résistantes pour pouvoir ensemencer, loin du lieu d’origine, des milieux convenables. Des prélèvements d’air effectués en avion ont révélé leur existence à plus de 1 000 m d’altitude. En raison de leur abondance, de leur légèreté et de leur résistance, les spores sont d’excellents organes de dissémination, qui assurent la persistance de l’espèce même si des obstacles importants, tels que la spécificité des hôtes chez les parasites ou les exigences de milieu, tendent à limiter la prolifération des végétaux porteurs de spores.

J.-M. T. et F. T.

 M. Chadefaud, « les Végétaux non vasculaires. Cryptogamie », dans Traité de botanique, t. I (Masson, 1960).

Sporozoaires

Protozoaires parasites d’animaux, que l’on trouve dans le tube digestif, la cavité générale, les muscles ou les liquides internes (hémolymphe, sang).


Représentés par les Grégarines et les Coccidies, ils sont disséminés dans leurs hôtes par des germes dont l’organisation cytologique extrêmement particulière s’avère commune à tous les représentants de l’embranchement (fig. 1).


Développement

Le développement des Sporozoaires s’effectue selon un cycle où alternent croissance et reproduction. La croissance a pour point de départ un germe qui pénètre généralement dans une cellule, cellule de l’épithélium digestif, par exemple. Les germes introduits peuvent, éventuellement, migrer en d’autres points de l’organisme, où ils poursuivent leur développement : cavité générale, viscères, muscles.

Chez de nombreuses Grégarines intestinales, le germe se fixe à une cellule de l’épithélium digestif, mais n’y pénètre pas ; il élabore une sorte de suçoir, de formes et de dimensions variables, qui puise dans la cellule les substances nécessaires au développement du parasite, demeuré à l’extérieur. La croissance, généralement réduite chez les Sporozoaires intracellulaires, peut devenir spectaculaire chez les Grégarines et les Coccidies extracellulaires. C’est le cas de la Grégarine du Homard, Porospora gigantea, qui se présente comme un ruban blanc pouvant atteindre 10 mm de long. L’espace relativement grand ménagé par le tube digestif ou la cavité générale des hôtes rend possibles ces dimensions, assez considérables pour des Unicellulaires.


Reproduction

Les Sporozoaires se reproduisent par voie sexuée et asexuée, se manifestant par la production de cellules nouvelles à partir d’une cellule souche et selon un mode de division particulier : la schizogonie. Dans ce processus, la division nucléaire, qui peut s’effectuer de façon répétée, précède la fragmentation finale du cytoplasme en autant de cellules qu’il est apparu de noyaux. La reproduction asexuée ou végétative se manifeste surtout chez les Sporozoaires intracellulaires à croissance réduite ; il en résulte de nouvelles séries de germes : les schizozoïtes, qui gagnent les cellules voisines et envahissent progressivement l’hôte (fig. 3). La libération simultanée et souvent répétitive des schizozoïtes dans l’organisme explique la nocivité de ces Sporozoaires : la présence de Coccidies du genre Plasmodium dans le sang des paludéens détermine des accès de fièvre dont la fréquence est liée à celle des schizogonies. La reproduction sexuée fait appel à des gamètes différenciés à partir des Sporozoaires parvenus au terme de leur croissance. Elle prend toute son importance chez les Grégarines, dont la taille, relativement grande, favorise la production élevée de ces gamètes ; elle débute chez celles-ci par l’appariement de deux individus, mâle et femelle, les gamontes, qui élaborent une coque commune et produisent à l’intérieur de celle-ci un nombre sensiblement égal et généralement élevé de gamètes (fig. 2). Les phénomènes sont différents chez les Coccidies. Le gamonte femelle évolue en un unique macrogamonte, alors que le gamonte mâle produit selon les espèces un nombre variable de spermatozoïdes (fig. 3). L’évolution ultérieure est également différente chez les deux groupes. L’union des gamètes produit chez les Grégarines de petites cellules qui élaborent une coque, à l’intérieur de laquelle s’effectuent généralement trois divisions ; les deux premières, réduisant de moitié le nombre des chromosomes, donnent quatre cellules (2 mâles et 2 femelles) ; la troisième élève à huit le nombre de ces cellules, qui acquièrent les structures typiques des germes (fig. 1). Chez les Coccidies, la cellule produite par l’union des gamètes s’entoure d’une enveloppe (ookyste) et entre également en division. Du nombre variable de ces divisions résulte une quantité également variable de germes, entourés d’une coque résistante chez un grand nombre de Coccidies. Ces germes protégés par une coque sont les spores, qui, émises dans le milieu extérieur, peuvent y séjourner plus ou moins longtemps avant de rencontrer l’hôte favorable. Certains Sporozoaires ne forment pas de spores ; c’est le cas des Hémosporidies (Coccidies évoluant dans le sang), dont le passage d’un hôte à l’autre est assuré par un Insecte piqueur par exemple. Celui-ci prélève les germes de l’hôte infesté et les inocule à un autre.