Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sperme (suite)

Les variations morphologiques des spermatozoïdes sont très nombreuses, mais la microscopie électronique a permis une description assez précise. On distingue : la tête, qui constitue l’apport génétique, entourée d’une membrane cellulaire et occupée par le noyau surmonté de l’acrosome ; la pièce intermédiaire, formée d’une partie axiale contenant des fibrilles entourées d’une gaine constituée de mitochondries gonflées et disposées de manière hélicoïdale ; le flagelle, contenant les fibrilles de la pièce intermédiaire et deux fibrilles de l’axe central. Le spermatozoïde mesure environ 60 μ de long, dont 4 à 5 μ pour la tête, 4 à 5 μ, pour la pièce intermédiaire et 47 μ pour le flagelle. La vitesse du spermatozoïde humain est comprise entre 70 et 100 μ/s. C’est la glucolyse très active du plasma séminal qui lui fournit l’énergie nécessaire, mais sa mobilité dépend de l’A. T. P. (adénosine-triphosphate), produit par les mitochondries de la pièce intermédiaire.


Examen du sperme

Le sperme, tel qu’il est éjaculé, apparaît comme un liquide visqueux grisâtre, constitué par les spermatozoïdes en suspension dans un milieu liquide appelé plasma séminal. Le volume moyen d’une éjaculation se situe entre 2 et 5 ml. L’examen du sperme au laboratoire, ou spermogramme, permet d’en préciser certains caractères importants. Le nombre des spermatozoïdes est évalué dans une cellule de Thomas, après liquéfaction du caillot séminal. La numération normale est comprise entre 60 et 120 millions par millilitre. Un chiffre inférieur à 20 millions caractérise l’oligospermie. L’absence totale caractérise l’azoospermie, qui peut être d’origine excrétoire ou sécrétoire. Normalement, deux heures après l’émission, 70 p. 100 des spermatozoïdes doivent être encore mobiles. Au-dessous de 50 p. 100, on parle d’asthénospermie. L’immobilité totale lors de l’éjaculation caractérise la nécrospermie. La durée de la vitalité est également un facteur important. Un sperme normal doit présenter plus de 40 p. 100 de spermatozoïdes vivants au bout de 8 heures et plus de 15 p. 100 au bout de 24 heures. Enfin, l’étude morphologique des spermatozoïdes revêt aujourd’hui une importance capitale en raison du diagnostic étiologique qu’elle permet parfois. Les spermatozoïdes anormaux, effilés, ou « tapering forms » de Macleod, sont dans neuf sur dix des cas en rapport avec un varicocèle (varices des veines du scrotum perturbant la circulation sanguine du testicule). Enfin, on peut doser dans le liquide séminal certaines substances chimiques sécrétées le long des voies génitales et qui paraissent liées à la qualité du sperme, telles que le fructose et les prostaglandines. Des techniques immunologiques visant à mettre en évidence des anticorps réagissant avec les spermatozoïdes du sujet, soit dans son sérum, soit dans le plasma séminal, commencent à être utilisées dans le diagnostic de certains cas de stérilité.


Conservation du sperme

La pratique de l’insémination artificielle avec du sperme congelé se développe dans de nombreux pays. Le sperme est conditionné en petits tubes de 0,5 à 1 ml, additionné de glycérol. Les tubes sont placés quelques instants au-dessus des vapeurs d’azote, puis plongés dans l’azote liquide. Les tubes demeurent le temps voulu à – 184 °C, et on les retire immédiatement avant utilisation (banque de sperme). La qualité du sperme est diminuée après congélation, mais le devenir des grossesses ainsi obtenues semble satisfaisant.

Ph. C.

➙ Fécondation / Gamète / Génital / Sexe / Testicule.

 T. Mann, The Biochemistry of Semen (New York, 1954, nouv. éd., The Biochemistry of Semen and of the Male Reproductive Tract, 1964 ; trad. fr. Biochimie du sperme, P. U. F., 1956). / La Fonction spermatogénique du testicule humain (Masson, 1958). / D. Molnar, Allgemeine Spermatologie (Budapest, 1963). / J. P. Gautray et coll., Reproduction humaine. Aspects actuels de biologie clinique (Masson, 1968). / J. Cohen, les Stérilités masculines en pratique gynécologique (Masson, 1972).

Spiegel (Isaïe)

Écrivain israélien d’expression yiddish (Łódź 1906).


Né dans le quartier ouvrier de Łódź, Bałuty, il est d’abord instituteur. Dès 1922, il publie dans les périodiques juifs des poèmes et des récits. Son premier livre de poèmes lyriques, Face au soleil, parut en 1930. Pendant l’occupation allemande, il est interné au ghetto de Łódź, puis déporté au camp d’Auschwitz.

Son séjour au ghetto n’interrompt pas sa création littéraire. Avant sa déportation, Spiegel avait pu cacher ses œuvres, qui parurent ensuite dans des revues ou en volumes en Pologne, en France, en Argentine, aux États-Unis et en Israël.

L’un des maîtres de la prose yiddish, il se distingue par son sens tout particulier de l’expression, son imagerie originale, son sens admirable de la nature. Sa peinture des hommes et des événements le révèle avant tout comme un lyrique, qui sait, cependant, modeler une galerie de types solides à l’épreuve du temps. Dès ses deux premiers recueils de nouvelles (Royaume du ghetto, 1947 ; Étoiles sur le ghetto, 1948), Spiegel s’affirme comme écrivain. Mais c’est avec Des hommes dans l’abîme (1949) qu’il est pleinement et profondément juif. Son symbolisme est enraciné dans le réel, et la terre sert de tremplin à son imagination. Poète (Et la lumière fut, 1949), Spiegel tenta l’épreuve du roman et la subit avec succès : les Flammes de la terre (1966) ; Marches vers le ciel (1966). Sa langue dépouillée, son expression retenue s’accordent avec son attitude à l’égard des hommes : Spiegel nous montre la grandeur de l’homme simple. Ses héros n’accomplissent que leur devoir, et le devoir du temps du ghetto était l’héroïsme. Faisant alterner l’amour et la mort, le cri de douleur avec la réflexion abstraite (Vents et racines, 1955 ; le Pont, 1963 ; Figures et profils, 1971), l’œuvre de Spiegel compose aujourd’hui l’un des plus vigoureux témoignages de la littérature des persécutions.

N. G.

 N. Gruss, Des ténèbres à la lumière, Isaïe Spiegel et son œuvre (Israel-Buch, Tel-Aviv, 1974).