Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

solfège (suite)

Cet enseignement est loin d’être uniquement théorique. Il fait appel à la sensibilité ainsi qu’à une forme de pensée, et il ne faut surtout pas oublier que le solfège est « de la musique avant toute chose ». Un grand nombre de compositeurs de talent ont écrit des leçons qui sont de véritables mélodies dont on dit le nom des notes, au lieu de paroles, ces leçons étant écrites pour chant et piano. L’étude de cette discipline demande des années de travail.


La notation

À l’origine, il est probable que les chants étaient transmis par la tradition orale. Lorsqu’ils s’enrichirent mélodiquement, il devint nécessaire de les noter. Cette notation fut d’abord empruntée au système des Grecs, représentant par des lettres les sept sons de la gamme :

Elle est très précise quant à la hauteur des sons, mais ne représente visuellement aucune idée musicale.

Primitivement, la mélodie était donnée par une ligne sinueuse (sans portée) qui indiquait les inflexions de la voix.

À ce procédé imprécis furent ajoutés, au viiie s., des accents aigus ou graves, appelés neumes, qui figuraient un groupe de notes.

Au ixe s., on traça une ligne horizontale qui séparait les sons les plus aigus, que l’on écrivait au-dessus de cette ligne, des sons les plus graves, écrits au-dessous.

Au xe s., on se servit d’une deuxième ligne. C’est vers cette époque que le nom actuel des notes fut fixé.

On attribue à Gui d’Arezzo († v. 1050) l’idée de désigner par une syllabe les sept premiers sons de l’échelle musicale, ainsi qu’il le définit dans une lettre adressée au moine Michel. En prenant un appui sur la première syllabe de chacun des vers d’une hymne à saint Jean-Baptiste, il obtient la série ut ré mi fa sol la si. Voici cette hymne :
ut queant laxis
resonare fibris
mira gestorum
famuli tuorum
solve polluti
labii reatum
Sancte Joannes.

Ce n’est que beaucoup plus tard, au xvie s., qu’on donna son nom à la dernière note si, formée des initiales de Sancte Johannes (S. J. prononcé si). La syllabe do fut substituée à ut, dont le son était trop sourd à chanter, do étant la première syllabe du nom du musicien Giovanni Battista Doni (v. 1594-1647), qui en eut l’idée.

Il est à noter que l’ancienne appellation alphabétique est encore utilisée dans certains pays, notamment en Allemagne et en Angleterre.

La notation usuelle doit servir aussi à la transcription moderne d’œuvres remontant jusqu’à l’Antiquité.

Nous savons que les séméiographies des peuples méditerranéens se sont prolongées et transformées de telle sorte que certains de leurs graphismes subsistent encore dans notre écriture musicale.

Les troubadours (fin du xie s.) et les trouvères (fin du xiie s.) notèrent la plupart de leurs chansons. Au xiiie s., on se servit d’une quatrième ligne. Ce fut là l’origine de notre notation musicale actuelle, écrite sur cinq lignes, qui sont appelées portée.


Les clés

On détermine le nom des notes sur la portée au moyen des clés. Au Moyen Âge, une lettre fut inscrite à cet effet au début de la portée. La lettre c écrite sur la ligne du bas indiquait que la note placée sur cette même ligne prenait le nom de do.

Nous avons ainsi les clés (transformées quant à leur apparence) :
— d’ut, 1re, 2e, 3e et 4e ligne ;
— de sol, 2e ligne ;
— de fa, 3e et 4e ligne.
La clé donne son nom à la note placée sur la même ligne qu’elle.

Ces notes sont formées par des points inscrits sur la portée ou bien, selon la hauteur du son, au-dessus ou au-dessous, au moyen de petites lignes dites « supplémentaires ».


Les altérations

Ce sont des signes se plaçant soit devant la note qu’ils modifient (ils prennent alors le nom d’altérations accidentelles ou passagères et servent pour les notes de même nom dans la même mesure), soit après la clé (ils prennent alors le nom d’altérations constitutives et servent pour toutes les notes de même nom dans tout le morceau). Ces signes indiquent ainsi la tonalité. Ils se nomment le dièse (ß), qui hausse le son de la note, le bémol (♭) qui le baisse, et le bécarre (♮), qui le remet dans son état naturel.

Les altérations ne procèdent que par demi-ton.

Il existe également le double dièse et le double bémol qui modifient la note de deux demi-tons.


La reconnaissance des sons

On désigne le nom qu’il convient de donner à telle hauteur de son par rapport au la du diapason, qui est en quelque sorte notre mesure étalon et qui est fixé (après diverses variations) par un accord international datant de 1953 à la fréquence de 440 périodes.

L’espace qui sépare deux sons se nomme un intervalle.
Exemple : do-ré est une seconde ; do-mi est une tierce ; etc.

Cependant, les intervalles portant le même nom ne possèdent pas tous la même « qualité ».
Exemple : do-mi est une tierce majeure ; do-mi ♭ est toujours une tierce, mais plus petite : elle prendra donc le nom de tierce mineure.

S’il ne convient pas d’énoncer ici le mécanisme de toutes les transformations que peut subir un intervalle, on peut simplement indiquer que, si un intervalle prend la qualification de majeur lorsqu’il est normal, il prend celle de mineur lorsqu’il est plus petit d’un demi-ton, et celle de diminué lorsqu’il est encore plus petit d’un demi-ton. S’il est plus grand d’un demi-ton, il sera dit augmenté. D’autres sont appelés justes.

Cet exercice de reconnaissance des sons s’appelle dictée musicale et comporte, outre l’étude de cette reconnaissance des sons, leur organisation rythmique, comprise dans une mesure elle-même divisée en temps.

Les sons ont chacun une durée : temps attribué à chaque son ou à chaque silence, lesquels diffèrent par leur forme. Les durées consistent dans la division de la ronde en fractions. Chaque valeur a son silence correspondant.