Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Slovaquie (suite)

Dans une grande mesure, le décollage est réussi : en 1970, la part de la production industrielle s’élevait à 30 p. 100 (ce qui correspond presque à la part de la population). Mais le niveau de vie moyen reste plus faible que dans les autres pays de la fédération, et le pourcentage de la population industrielle dans la population totale demeure faible, même si le niveau des salaires est à peu près le même que dans les autres régions de la République ; le développement reste inégal d’une région à l’autre, d’un village à l’autre.


Les régions

Rarement le découpage purement géographique, reposant d’ailleurs sur la géographie physique, s’oppose autant au découpage administratif.


Les régions géographiques

Elles peuvent être simplement définies : la Slovaquie est le pays de l’arc carpatique dont la convexité et le versant abrupt sont tournés vers la Pologne. Les Carpates* commencent aux portes de Bratislava avec les Petites Carpates, se poursuivent avec les chaînons de flysch des Carpates Blanches et des Beskides polono-tchécoslovaques. Elles sont divisées par la profonde vallée supérieure du Váh et ses bassins entre, au nord, les Hautes Tatry, qui forment la frontière avec la Pologne, où s’observent les pics et cirques glaciaires garnis de lacs et où se situe le point culminant de la chaîne, la Gerlachovka (plus de 2 600 m) et, au sud, les Basses Tatry, composées d’une part de chaînes et de causses jurassiens calcaires (où s’observent de belles grottes, comme celle de Dobšiná) et d’autre part des monts Métallifères, en partie volcaniques, se raccordant en gros à la partie carpatique hongroise. Les rivières issues des Carpates tracent de beaux rubans alluviaux au milieu de golfes, de la plaine pannonienne jusqu’au Danube, où les villages ont l’aspect de tous les villages magyars.


La division économique

Elle est différente. Elle mêle autour de grands pôles les différents éléments naturels décrits.

La Slovaquie du Sud-Ouest est composée de basses chaînes. Gravitant autour de Bratislava (340 000 hab.), très industrialisée, elle comprend en particulier les villes de Trnava (44 000 hab.), de Komárno (27 000 hab.), de Nitra (44 000 hab.).

La Slovaquie du Nord-Ouest englobe surtout la partie montagneuse, suivant essentiellement l’axe de la vallée du Váh dans ses deux directions. La polarisation est moins forte que dans la région précédente, l’agriculture tient une place au moins aussi grande que l’industrie. Les seules villes importantes à caractère régional sont Trenčín (35 000 hab.), Žilina (45 000 hab.), Martin (41 000 hab.) ainsi que Ružomberok (23 000 hab.).

La Slovaquie moyenne est axée autour des vallées du Hron et de l’Ipel’: Banská Bystrica a 44 000 habitants ; les autres villes atteignent à peine 25 000 habitants.

La Slovaquie orientale, la plus étendue, comprend la vallée supérieure du Poprad et les vallées pannoniennes s’étalant dans de larges plaines, le Hornád, l’Ondava, le Laborec. Elle est dominée par le combinat et la ville de Košice (qui dépasse 140 000 hab.).

A. B.

➙ Autriche / Beneš / Bohême / Bratislava / Dubček / Gottwald / Hongrie / Masaryk / Moravie (Grande-) / Novotný / Slaves / Tchécoslovaquie.

 J. M. Kirschbaum, Slovakia, Nation at the Crossroads of Central Europe (New York, 1960). / G. L. Oddo, Slovakia and its People (New York, 1960). / Histoire de la Slovaquie (en slovaque, Bratislava, 1961-1968 ; 2 vol.). / P. Turčan, le Développement économique de la Slovaquie au sein de la Tchécoslovaquie socialiste (trad. du slovaque, Bratislava, 1963). / L. Liptak, la Slovaquie au xxe siècle (en slovaque, Bratislava, 1969). / E. Steiner, The Slovak Dilemma (Cambridge, Mass., 1973).

Slovénie

En slovène Slovenija, république fédérée de la Yougoslavie ; 20 215 km2 ; 1 725 000 hab. Capit. Ljubljana.



La géographie

L’évolution démographique de cette république est l’une des plus lentes de la Yougoslavie. La population s’accroît seulement d’un peu moins de 1 p. 100 par an depuis un quart de siècle.

La Slovénie est un des pays les moins « balkaniques » et les plus développés de la fédération. Son identité est de caractère linguistique : les limites de la langue slovène, différente du serbo-croate, coïncident exactement avec celles de la République. Cette république fit partie sous la double monarchie austro-hongroise du duché de Carniole et, pour une certaine partie, de celui de Carinthie. Elle a donc été « austrianisée » et reste proche de l’Autriche, où subsistent quelques minorités de langue slovène, ainsi que dans les environs de Trieste. Les taux moyens de productivité y sont plus élevés qu’ailleurs. La Slovénie produit plus de 4 TWh d’électricité, 6 Mt de charbon, 6 Mt de lignite. Elle est réputée par la qualité de ses produits (appareillage électrique, cellulose et papier, chimie et alimentation). Des cadres slovènes vont aider les républiques ou les régions moins avancées, Macédoine, Bosnie-Herzégovine, Kosovo. En outre, plusieurs dizaines de milliers de Slovènes émigrent temporairement en Autriche et en Allemagne fédérale. La République se compose d’ensembles géographiques d’importance inégale.

Les Alpes slovènes, souvent encore appelées Alpes Juliennes, forment les dernières chaînes et les derniers massifs des Alpes orientales : blocs d’altitude et de composition variables, d’orientation ouest-est ou nord-ouest-sud-est, dominés par le Triglav, dont le sommet n’atteint pas 2 900 m et dont les hautes pentes seulement portent l’empreinte glaciaire (cirques, pyramides, mais pas de névés). Des mouvements de remues ou de transhumance ont encore lieu, mais la majeure partie de la population est partie dans les stations de villégiature et d’altitude comme Bled, au bord de son lac cerné par des vallums.

Ces Alpes présentent deux traits originaux. D’une part, à l’est de Ljubljana, entre Drave et Save, s’étend un avant-pays alpin où se dressent quelques hauteurs, fort peuplé, où l’économie de l’herbe et du foin l’emporte, dans les exploitations dispersées, sur celle des céréales. D’autre part, des sillons d’importance inégale découpent la montagne. Celui de la Soča (l’Isonzo italien) souffre d’une situation d’impasse. L’aménagement porte sur l’amélioration de la vie pastorale, la construction de petites centrales hydro-électriques, mais la Nova Gorica slave ne peut concurrencer la Gorizia italienne. Le sillon de la Drave est animé par la production, en liaison avec l’Autriche, d’énergie hydraulique, par la présence de champs de neige et l’activité d’une ville de plus de 100 000 habitants, Maribor, où l’artisanat local a fait place à la construction de camions. Le sillon de la Save représente une belle voie de pénétration entre Triglav et Karavanke (Karawanken). Verreries, industries du bois, textiles et articles ménagers animent la ville de Kranj. La capitale, Ljubljana, s’étale dans la partie du sillon qui assure la transition avec l’avant-pays alpin : elle reste un centre de services et d’industries électriques.

La Slovénie comprend également la partie du Karst de l’arrière-pays de Trieste ; Postojna, avec ses grottes célèbres, aménagées à l’époque autrichienne, est devenue un des hauts lieux de tourisme « intérieur » de la Yougoslavie.

Enfin, la Slovénie possède un littoral qui se compose de la mince frange disputée aux Italiens et où s’égrènent des stations touristiques ; la ville de Koper monte des automobiles.

A. B.