Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Atlantique (océan) (suite)

La formation de l’Atlantique

Selon les partisans de la théorie de l’expansion des fonds océaniques, les anomalies magnétiques, disposées en rubans parallèles à la crête de la dorsale, sont les traces de son ancienne activité magmatique et orogénique. Elles ont été numérotées de 1 à 32 depuis la région des crêtes jusqu’à la bordure. Certaines ont fait l’objet de prélèvements (dragages ou forages de la campagne JOIDES [Joint Oceanographic Institutions for Deep Earth Sampling]) et de datations : les anomalies sont alors utilisées comme repères chronologiques, servant à la reconstitution de l’emplacement respectif des blocs continentaux à une période donnée. Trois épisodes sont caractéristiques.


Premier épisode

Le mouvement d’ouverture, qui a commencé très tôt (au Trias, semble-t-il), s’accompagne de la formation de grandes fractures et d’un enfoncement lent de quelques cuvettes annexes, où se déposent les sédiments (comme dans la Méditerranée américaine). L’expansion est surtout importante au Crétacé inférieur et moyen, lors de l’approfondissement des bassins de l’Atlantique central et austral. À la fin de l’épisode, l’Afrique se trouve décalée vers l’est par rapport au bloc européen, qui est resté soudé à l’Amérique et au Groenland.


Deuxième épisode

Une ouverture s’esquisse sur l’emplacement de l’actuelle mer du Labrador, puis se reporte au nord de la ligne Terre-Neuve - golfe de Gascogne sur le tracé de la dorsale. Celle-ci, dont la limite externe est marquée par l’anomalie 32, s’édifie (les roches les plus anciennes sont datées du Maëstrichtien). La dérive de l’Europe vers l’est provoque un cisaillement à son contact avec l’Afrique et des mouvements géologiques qui sont très complexes dans le domaine de la Téthys.


Troisième épisode

La mise en place des continents s’effectue au cours du Néogène, puis le mouvement d’expansion se ralentit et s’arrête, car le bloc américain rencontre les fonds du Pacifique (chevauchement), tandis que l’Afrique septentrionale entre en contact avec l’Europe (orogenèse alpine). Les mouvements finals ne sont que des réajustements lents et de faible ampleur.

Atlantique Nord (traité de l’)

Pacte signé à Washington le 4 avril 1949 par douze États occidentaux et qui est à la fois une alliance défensive et un cadre de coopération politique et économique. Aux premiers signataires, Belgique, Canada, Danemark, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas et Portugal, se joindront en 1952 la Grèce et la Turquie, puis en 1955 la République fédérale d’Allemagne.


L’Alliance atlantique est née de la crainte qu’ont éprouvée les pays occidentaux de voir l’U. R. S. S. poursuivre vers l’ouest la politique d’expansion inaugurée à la fin de la Seconde Guerre mondiale. À l’issue du conflit et en exécution des accords de Yalta, la Russie soviétique porte ses armées à 120 km du Rhin et contrôle tous les pays de l’Est européen. Tandis que les Alliés occidentaux accélèrent la démobilisation de leurs unités, elle maintient sur pied de guerre la totalité de ses forces. Malgré l’opposition des États-Unis et de la Grande-Bretagne, elle intervient directement ou indirectement en Grèce, en Turquie et en Iran, et paralyse le Conseil de sécurité par l’usage systématique de son droit de veto. Latente depuis juin 1945, la tension entre l’Est et l’Ouest s’accroît encore en 1947 : en mars, le président Truman inaugure une politique d’aide à la Grèce et à la Turquie ; en juin, l’U. R. S. S. contraint la Pologne et la Tchécoslovaquie à refuser l’aide économique qui leur était offerte dans le cadre de l’aide à l’Europe ; en septembre, elle crée le Kominform, chargé d’« orienter » les États « satellites », où des gouvernements communistes viennent d’être installés à Varsovie, à Berlin, à Budapest, à Sofia, à Bucarest et à Tirana ; l’agitation sociale, animée par les partis communistes locaux, se développe, notamment en France et en Italie ; enfin, en février 1948, avec le « coup de Prague », la Tchécoslovaquie devient une démocratie populaire.

Devant ces menaces, le 17 mars 1948, par le traité de Bruxelles, la Belgique, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Royaume-Uni se promettent « aide et assistance » en cas d’agression « par tous les moyens en leur pouvoir, militaires et autres ». Trois mois plus tard, le 24 juin, les Soviétiques répliquent par le blocus de Berlin, qui devait durer trois cent vingt-trois jours. Déjà, aux États-Unis, l’idée d’une alliance militaire avec les Européens a pris corps, afin de contenir à l’ouest l’expansion soviétique. Le 11 juin 1948, le vote par le Congrès de la « résolution Arthur Vandenberg » lève l’obstacle constitutionnel qui s’y oppose. En septembre, les partenaires du traité de Bruxelles mettent sur pied une organisation de défense de l’Europe occidentale, dont le Comité militaire, présidé par le maréchal Montgomery, s’installe à Fontainebleau. Mais la faiblesse de ses forces est manifeste : l’Europe des « Cinq » ne peut se défendre seule sans l’aide américaine, dont l’armement atomique est indispensable pour équilibrer la supériorité militaire soviétique. Dès octobre, l’accord sur un projet de traité est réalisé entre les « Cinq » de Bruxelles, les États-Unis et le Canada. En mars 1949, le Danemark, l’Islande, l’Italie, la Norvège et le Portugal sont invités à y adhérer. Signé un mois plus tard, le traité entre en vigueur le 24 août 1949.


Principes et objectifs du pacte atlantique

L’Alliance se veut strictement défensive et respectueuse des principes de la Charte des Nations unies comme des prérogatives du Conseil de sécurité. Elle est fondée sur la solidarité de ses partenaires et leur obligation de participer à la défense commune. Les signataires affirment qu’ils s’efforceront d’harmoniser leurs politiques et leurs économies afin de maintenir et d’accroître leur capacité de résistance à une agression. Ils s’engagent à se consulter en cas de menace, toute attaque armée contre l’un d’entre eux étant considérée comme dirigée contre tous. Le champ géographique de l’Alliance est limité au territoire et aux zones d’occupation des États membres, en Europe et en Amérique du Nord, ainsi qu’aux îles, navires et aéronefs relevant de leur juridiction et se trouvant en Atlantique au nord du tropique du Cancer.

Le traité n’a pas de durée définie ; chaque membre pourra en demander la révision au bout de dix ans ou le dénoncer au bout de vingt ans. En résumé, le traité de Washington établit un système de sécurité collective, mais ne postule aucune aliénation de souveraineté au profit de l’Alliance, où les décisions ne peuvent être prises qu’à l’unanimité.