Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Atlantique (océan) (suite)

Domaine formé par l’affrontement et le brassage de plusieurs masses d’eau fortement contrastées, le Gulf Stream est une active zone de pêche, et singulièrement la région des grands bancs de Terre-Neuve, célèbre par sa richesse planctonique et l’abondance des poissons d’eau froide ou tempérée. Parmi les premiers, la morue vient en tête ; c’est d’ailleurs son abondance qui a attiré très tôt les pêcheurs européens en ces parages aux printemps rigoureux et toujours brumeux, et suscité les premières fondations coloniales.

Les phénomènes observés dans l’hémisphère austral sont d’une ampleur plus réduite. On y retrouve cependant la même convergence d’eaux venues des tropiques (dans le prolongement du courant du Brésil) et dérivant du courant circumpolaire (courant des Falkland). Avec les eaux septentrionales arrivent des masses d’air instables et pluvieuses. Le plancton y est pauvre et le poisson rare, comme au large du Brésil. Mais toute la région méridionale est occupée par une des plus vastes plates-formes du monde, où les courants de marée acquièrent une grande importance : au sud de 40°, l’amplitude moyenne du marnage dépasse 4 m, et, au voisinage de Gallegos (Patagonie), on enregistre l’une des plus fortes marées du globe (18 m). Sur le Río de La Plata, l’onde, parfois démesurément gonflée par des vents de sud-est, peut provoquer une inondation marine sur les rives de l’estuaire. Dans les secteurs où s’affrontent eaux chaudes et eaux froides se produit un notable enrichissement en poissons, notamment au large de la Patagonie, où la pêche a connu un grand développement avec les grands chalutiers espagnols et italiens. Mar del Plata est devenu un port de pêche en plein essor.

• C. Les régions des vents d’ouest. Elles peuvent être réparties en deux grands ensembles.
a) La haute mer est affectée par les vents circulant sur les façades polaires des anticyclones. Dans l’hémisphère Sud, il s’agit d’une zone étroite (entre 40° et 50°), où les vents, constamment violents, participent à l’impulsion du grand courant circumpolaire et à l’établissement d’une mer forte, où la houle se propage sans obstacle. Dans notre hémisphère, le rythme saisonnier est beaucoup plus accusé ; en hiver, la fréquence des passages cycloniques entretient l’agitation de la mer, un ennuagement permanent, un temps pluvieux et parfois neigeux ; l’été, précédé par un léger fléchissement des pluies, amène un relatif apaisement des houles lors de la remontée, d’ailleurs éphémère, de la dorsale anticyclonique. Il s’agit de régions humides et fraîches, mais où le climat est plus rigoureux dans l’hémisphère Sud qu’au large de l’Europe, où s’effectue un transfert d’eau tiède jusqu’au nord du cercle polaire. C’est la dérive nord-atlantique, née de l’étalement vers le nord-est des eaux issues du Gulf Stream. Son mouvement est rendu plus complexe par la formation de divergences locales, de tourbillons, de contre-courants, de branches individuelles, dont la plus importante franchit le seuil Écosse-Féroé, au-delà duquel elle porte le nom de courant de Norvège.
Pour la plus grande partie de l’année, les précipitations (en partie neigeuses) excèdent l’évaporation : la salinité se situe donc en dessous de la moyenne atlantique, comme au large de la Norvège, où se forme une eau superficielle, alimentée par les fusions des neiges scandinaves. Migrant en des aires géographiques parfaitement délimitées, le hareng et la morue, espèces d’eau fraîche et peu salée, sont couramment pêchés au large de la Norvège et de l’Écosse.
b) Les mers bordières diffèrent sensiblement du précédent ensemble sous l’effet des conditions géographiques locales. Le régime des courants y est diversifié à l’extrême en raison de l’instabilité des types de temps. Lorsque les conditions sont favorables, comme devant les côtes basses, les tempêtes peuvent produire de brutales surélévations du niveau de la mer, provoquant la rupture des digues protégeant polders et marais (golfe de Gascogne, mer du Nord et Baltique). Contre les côtes élevées, on assiste fréquemment à un renforcement des gradients isobariques et à une accélération des vents, comme devant le cap Finisterre ou les côtes écossaises. Les mers bordant l’Europe sont d’autant plus dures que les courants de marée voient leur rôle accru en raison de la faiblesse des profondeurs, de l’importance des seuils et de l’étroitesse des détroits ; la navigation y est souvent difficile, parfois dangereuse. L’apport d’eau douce provoque un très sensible fléchissement de la salinité, surtout en Baltique, qui fonctionne comme un immense estuaire. Dans ces mers agitées, le remaniement des fonds et le constant apport de sels minéraux entretiennent un riche plancton. Parmi les plus poissonneuses de l’Atlantique, elles sont le lien naturel entre des régions industrielles et des ports qui comptent parmi les plus actifs du monde.

• D. Les régions subpolaires. Elles forment d’étroites zones allongées le long des fronts hydrologiques polaires, où convergent les eaux peu salées et froides, parfois porteuses de glaces dérivantes (comme au large du Groenland, mais surtout dans l’océan austral), et les eaux, plus tièdes, des latitudes tempérées. Dans l’hémisphère Nord, le contact est très net, mais sa continuité est difficile à suivre, car il est très sinueux, décomposé en tourbillons, comme celui qui intéresse le courant d’Irminger, qui s’enroule presque sur lui-même au contact du courant sud-groenlandais. L’échange qui s’effectue au voisinage des fronts polaires est intense, notamment sous la forme d’un prolongement des eaux intermédiaires (arctiques et antarctiques) sous les eaux tempérées. En dessous, les eaux de fond (arctiques et antarctiques), partiellement formées par refroidissement local, migrent vers les latitudes tempérées : dans l’hémisphère Nord, ce déplacement n’est possible qu’en franchissant le seuil Groenland-Islande-Écosse à la faveur de courants exceptionnels produits par les tempêtes.