sikhs (suite)
Sous le successeur d’Akbar, Djahāngīr (1605-1627), le guru Arjun devait commettre une faute politique majeure en aidant financièrement, bien que dans de fort étroites limites, le prince Khusraw en rébellion contre l’empereur son père. Sans doute pensait-il que si Khusraw arrivait au pouvoir, il témoignerait de la même tolérance religieuse qu’Akbar. Toujours est-il que la faute était lourde. Son fils, le guru Har Govind, devait en payer la note : il fut emprisonné dans la forteresse de Gwālior, son père Arjun ayant refusé de payer l’amende dont l’avait frappé Djahāngīr.
Mais, et il s’agit d’un tournant fondamental dans l’histoire des sikhs, avec Har Gowind s’amorce la transformation des sikhs en une secte militaire ne refusant pas le combat contre les troupes du grand moghol Chāh Djahān (1628-1658). La répression ne se fit bien évidemment pas attendre et culmina sous Awrangzīb (1658-1707), qui plaça le guru Teg Bahādur devant une alternative simple pour ne pas dire simpliste : la conversion à l’islām ou bien la mort. Ayant essuyé un refus prévisible, l’empereur fit décapiter en 1675 Teg Bahādur, non seulement faisant de lui un martyr, mais provoquant chez les sikhs une hostilité qui n’allait jamais faiblir.
Le successeur et fils de Teg Bahādur, Govind Singh, dixième et dernier guru, devait accomplir une œuvre considérable. Il acheva de transformer les sikhs en secte guerrière (sous le commandement de serdārs [ou sardārs]) ; il précisa définitivement l’organisation, les coutumes et les rites de sa secte, ceux qui, à de rares exceptions, sont encore en vigueur de nos jours. Les sikhs doivent posséder ou respecter scrupuleusement les cinq K : kes, cheveux que l’on ne coupe jamais ; khanga, peigne ; kara, bracelet ; kirdan, épée ou khanda poignard et enfin kachh, pantalon s’arrêtant au genou. En tant que guerriers, la viande et l’alcool leur étaient autorisés ; par contre le tabac et toutes les drogues étaient formellement interdits. De nos jours encore, le visiteur étranger pénétrant dans un temple sikh se voit prié de déposer à l’entrée le tabac qu’il pourrait avoir sur lui.
Telles sont les étapes de l’évolution et les coutumes de ce peuple du nord-ouest de l’Inde qui, au xixe et au xxe s., allait s’identifier à l’histoire indienne en général, à celle du Pendjab* en particulier, jouant un rôle important dans la lutte contre les Anglais, lors de la mutinerie de 1857 et enfin dans le cadre du nationalisme indien.
J. K.
➙ Inde / Pendjab.
J. D. Cunningham, A History of the Sikhs (Londres, 1849 ; nouv. éd., Delhi, 1955). / K. Singh, The Sikhs (Londres, 1953) ; History of the Sikhs (Londres, 1963-1966 ; 2 vol.).