Sheffield (suite)
De nos jours, on a renoncé à la production de la fonte. Mais de puissantes aciéries traitent les ferrailles et les fontes importées à Sheffield (Tinsley Parle), à Rotherham (Parkgate) et dans la vallée de la Rother, à Renishaw, à Staveley et à Chesterfield. Des fours Martin et des fours électriques produisent des aciers et des ferro-alliages de haute qualité : aciers inoxydables, aciers à outil, aciers magnétiques, aciers à coupe rapide ou thermorésistants. Les quantités obtenues sont relativement faibles (3 Mt, dont 1 Mt à Sheffield même), mais leur prix élevé vaut à Sheffield, en valeur, sinon en poids, le titre de capitale britannique de l’acier. Les forges et les laminoirs transforment les lingots en tubes, en barres, en ronds, en essieux, en arbres de transmission, en plaques de blindage, en tôles spéciales, etc.
Sheffield est aussi depuis le xive s. la capitale de la coutellerie. La qualité de l’acier, l’abondance des grès fins utilisables par les meules, l’eau pure et acide des rivières de montagne aptes à la trempe des métaux sont à l’origine d’une industrie qui s’est ensuite consolidée par la transmission de père en fils des secrets de fabrication. Sheffield fabrique tous les objets coupants, mais aussi les couverts de table, la vaisselle métallique (théières, etc.) et les objets plaqués de métaux précieux. Cette industrie, morcelée en petites entreprises, a gardé sa localisation traditionnelle au coude du Don, alors que la métallurgie lourde recherche les espaces plats de fond de vallée, plus en aval.
L’essor démographique de Sheffield a été très rapide au xixe s., plus lent au xxe s. : 12 000 habitants en 1750, 46 000 en 1801, 135 000 en 1851, 410 000 en 1901, 542 000 (maximum) en 1951. La population diminue de nos jours (513 000 en 1971), du fait de la démolition des vieux quartiers victoriens et du relogement à la périphérie ; de même, la population stagne ou diminue dans les autres villes de la vallée du Don.
Bien qu’elle soit la plus grande ville du Yorkshire, Sheffield a une position trop excentrique dans son comté et trop proche de la montagne déserte pour avoir un grand rayonnement administratif ou commercial ; sa zone d’influence ne dépasse pas l’agglomération. L’université ne date que du début du xxe s. et a longtemps fait figure d’une simple annexe de l’industrie ; on y enseigne surtout la physique, la mécanique et la métallurgie ; néanmoins, l’enseignement tend à se diversifier (architecture, médecine et psychologie). Les bâtiments modernes de l’université et la reconstruction d’un centre commercial à plusieurs niveaux témoignent de la volonté des édiles d’améliorer l’image d’une ville qui reste trop marquée par l’industrie.
C. M.