Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sexualité (suite)

À l’origine de ces textes, un constat : le sexe a cessé d’être un tabou. Ni la presse, ni les mass media, ni la publicité, ni les modes vestimentaires, ni le langage (notamment dans les milieux « bien élevés ») ne se sentent plus liés par les formes traditionnelles de la pudeur, sans parler du théâtre et du cinéma. Partout, les enfants de tout âge rencontrent l’érotisme et la sexualité. L’évolution de l’ambiance culturelle est si rapide et si grande, les facilités offertes par les formes modernes de contraception si décisives que la plupart des familles renoncent à imposer une vie de chasteté à leurs enfants, « même » aux filles. L’ignorance des réalités scientifiques, qui a toujours été regrettable, deviendrait catastrophique. Mais les familles ne souhaitent pas et ne peuvent pas assurer seules l’instruction sexuelle de leurs enfants. Des adultes plus compétents sont requis, et parmi eux les professeurs de sciences naturelles semblent qualifiés au premier chef, ce qui justifie le choix d’un cadre scolaire pour ce type d’information.

Mais il y a plus : l’ancienne conception restrictive de la laïcité de l’enseignement, qui excluait (en théorie) toute allusion politique, religieuse ou sexuelle, n’est plus admise ; ce qui est important hors de l’école doit être présent à l’école, afin que celle-ci cesse d’être un monde clos et séparé du réel. Il y va de l’autorité même de l’enseignement.

À l’évidence, les deux circulaires de 1973 sont tombées, c’est le moins qu’on puisse dire, sur un terrain inégalement prêt à les accueillir. En de nombreux endroits, leur application a été rendue difficile par l’attitude négative de certains responsables. Parfois, on a introduit une distinction trop catégorique entre « information » et « éducation » : l’information ne porterait que sur l’appareil génital et la reproduction, et la relation sexuelle serait seulement considérée comme ce qui rend possible la fécondation. Les aspects nerveux, psychiques, émotionnels et affectifs de la sexualité seraient ainsi maintenus dans la « zone de silence » ou n’en sortiraient que par la bouche des médecins, qui viendraient tout exprès dans les écoles pour assurer cette « éducation ». Le corps enseignant lui-même, se sentant souvent peu formé pour prodiguer l’information sexuelle, se rallierait volontiers à une telle coupure. Mais celle-ci risque de perpétuer une sorte de mise à part du domaine sexuel et les éducateurs modernes préfèrent de beaucoup une sorte de décastration générale de l’enseignement, aussi bien en littérature qu’en histoire ou en art.

Les programmes publiés par le ministère en application de ses propres circulaires ont été développés dès 1974 dans les manuels, parfois en appendice de l’ouvrage. Une note de 1975 précise les conditions de l’information sexuelle en quatrième et surtout en troisième, où une durée de quatre heures est prévue pour cet enseignement.

H. F.

C. B.-C.

➙ Freud / Psychanalyse.

 S. Freud et J. Breuer, Studien über Hysterie (Leipzig et Vienne 1895 ; trad. fr. Études sur l’hystérie, P. U. F., 1956, nouv. éd., 1967). / S. Freud, Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie (Vienne 1905 ; trad. fr. Trois Essais sur la théorie de la sexualité, Gallimard, 1923, nouv. éd., 1968) ; Über Psychoanalyse (Vienne, 1910 ; trad. fr. Cinq Leçons sur la psychanalyse, Payot, 1921, nouv. éd., 1972). / G. W. Groddeck, Das Buch vom Es (Leipzig et Vienne, 1923, nouv. éd., Wiesbaden, 1961 ; trad. fr. Au fond de l’Homme, cela. Le livre du ça, Gallimard, 1963). / S. Ferenczi, Versuch einer Genitaltheorie (Leipzig, 1924 ; trad. fr. Thalassa. Psychanalyse des origines de la vie sexuelle, Payot, 1962). / O. Rank, Das Trauma der Geburt und seine Bedeutung für die Psychoanalyse (Vienne 1924 ; trad. fr. le Traumatisme de la naissance, Payot, 1968). / W. Reich, Geschlechtreife, Enthaltsamkeit, Ehemoral (Vienne, 1930 ; trad. fr. la Révolution sexuelle, Plon, 1968). / A. C. Kinsey, Sexual Behavior in the Human Male (Philadelphie, 1948 ; trad. fr. le Comportement sexuel de l’homme, Éd. du Pavois, 1948) ; Sexual Behavior in the Human Female (Philadelphie, 1953 ; trad. fr. le Comportement sexuel de la femme, Amiot-Dumont, 1954). / C. Lévi-Strauss, Tristes Tropiques (Plon, 1955). / J. Lacan, Écrits (Éd. du Seuil, 1966). / W. H. Masters et V. E. Johnson, Human Sexual Response (Boston, Mass., 1966 ; trad. fr. les Réactions sexuelles, Laffont, 1968) ; Human Sexual Inadequacy (Boston, Mass., 1970 ; trad. fr. les Mésententes sexuelles et leur traitement, Laffont, 1971). / G. Deleuze et F. Guattari, Capitalisme et schizophrénie, t. I : l’Anti-Œdipe (Éd. de Minuit, 1972). / P. Simon, le Comportement sexuel des Français (Julliard, 1972).

Seychelles

État insulaire de l’océan Indien, au nord-est de Madagascar ; 376 km2 ; 55 000 hab. Capit. Victoria, dans l’île Mahé.



Un poste avancé sur la route des Indes

Sans doute connues des commerçants arabes du Moyen Âge, abordées en 1609 par un capitaine de la Compagnie anglaise des Indes orientales, redécouvertes en 1741 par Lazare Picault sur l’ordre de François Mahé de La Bourdonnais, qui laisse son nom à l’île principale (145 km2), les Seychelles sont ainsi baptisées en l’honneur du secrétaire d’État à la Marine Moreau de Séchelles, en 1756, par le capitaine Morphey, qui en prend possession pour devancer les Anglais. Mais leur exploitation ne commence qu’avec l’administration (1767-1773) de Pierre Poivre aux Mascareignes : en 1768, on y abat du bois pour les constructions navales. Une garnison est installée en 1777 avec les premiers colons et leurs esclaves, venus des Mascareignes ou de l’Inde. Les carapaces de tortues, exploitées à outrance, sont d’abord la principale exportation. En 1789, le commerce en est interdit, et diverses plantations sont encouragées, qui amènent un épuisement rapide des sols.

L’archipel compte environ 600 habitants en 1789 (dont près de 500 esclaves) : de quoi établir une Assemblée coloniale, qui proclame l’autonomie des îles à l’égard de l’île de France (île Maurice*). En 1793, le commissaire J.-B. Quéau de Quincy (1748-1827) rapporte l’abolition de l’esclavage décrétée par son prédécesseur. Il restera trente-quatre ans à la tête de l’archipel, à travers tous les changements de régime et de domination. Les Seychelles capitulent en 1794 devant une escadre britannique ; elles vont changer de mains plusieurs fois au cours des guerres. La course et le commerce de contrebande amènent une grande prospérité, qui cesse avec la chute de l’île de France en 1810 : les Seychelles, occupées alors par les Anglais, leur sont définitivement cédées par les traités de 1814. L’abolition de l’esclavage provoque le départ de la moitié de la population (libre et esclave).