Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

servomécanisme (suite)

Servomécanismes numériques

Les mesures de position et de vitesse dont il a été question jusqu’ici, qui se présentent le plus souvent sous la forme de tensions électriques, sont dites analogiques. Il est également possible de les exprimer sous forme numérique, c’est-à-dire sous la forme de nombres écrits en numération décimale, binaire ou mixte. Par exemple, sous une forme élémentaire, le déplacement linéaire d’une table de machine-outil peut être mesuré en comptant le passage devant un capteur fixe des traits d’une échelle portée par la table. Si la position désirée est également indiquée sous la forme d’un nombre inscrit par exemple sur un ruban perforé, l’écart de position peut être élaboré au moyen d’un circuit de calcul simple. L’écart numérique est ensuite transformé en tension électrique pour commander l’organe moteur de la table : moteur électrique ou vérin hydraulique. Il est ainsi possible d’inscrire sur ruban perforé les coordonnées cartésiennes définissant les positions successives d’un grand nombre de trous à percer dans une pièce et d’utiliser ces données pour asservir en position les deux mouvements perpendiculaires de la table de la perceuse. Le ruban perforé peut également porter l’indication de la vitesse de la broche, de la vitesse d’avance de perçage, de la profondeur de perçage et même du numéro de l’outil si la machine est munie d’un changeur d’outil automatique. Un système auxiliaire de commande séquentielle coordonne l’avance du ruban perforé dans son lecteur et les différents mouvements de la perceuse. Un tel système de commande numérique est dit de point à point. Il existe également des commandes numériques de contournage permettant d’usiner des profils continus sur tours ou fraiseuses. Les positions successives imposées à l’outil doivent, alors, être suffisamment rapprochées, et, de plus, la machine doit posséder des facultés d’interpolation propres, assurant la continuité des déplacements entre les positions assignées. De telles machines sont utilisées notamment dans l’industrie aéronautique, pour la fabrication des éléments du fuselage et de la voilure en alliage léger. Les plus perfectionnées sont commandées par un véritable petit ordinateur. Convenablement programmées, elles permettent de travailler le plus près possible des conditions optimales d’usinage. La préparation du ruban perforé demande l’utilisation d’un langage de programmation spécial et l’intervention d’un ordinateur.

P. N.

➙ Asservissement / Automatique.

 H. M. James et coll., Theory of Servomechanisms (New York, 1947). / C. R. Himmler, la Commande hydraulique (Dunod, 1949 ; 2e éd., 1960). / W. R. Ahrendt et C. J. Savant, Servomechanism Practice (New York, 1954 ; 2e éd., 1960). / J. C. Gille, M. Pélegrin et P. Decaulne, Théorie et calcul des asservissements linéaires (Dunod, 1956 ; 2e éd., 1967). / M. Bonamy, Servomécanismes. Théorie et technologie (Masson, 1957). / J. Faisandier, Mécanismes hydrauliques (Dunod, 1957). / P. Naslin, Technologie et calcul pratique des systèmes asservis (Dunod, 1958 ; 3e éd., 1968). / J. G. Truxal, Control Engineer’s Handbook (New York, 1958). / J. Thilliez, la Commande numérique des machines (Dunod, 1967). / R. Prudhomme, Automatique, t. I ; Systèmes séquentiels à niveaux, systèmes asservis linéaires continus (Masson, 1970).

Sesshū

De son vrai nom Oda Tōyō ; nom de pinceau Tōyō ; pseudonyme Sesshū. Peintre japonais (région de Bitchū, prov. d’Okayama, 1420 - Yamaguchi 1506).


C’est au cours du xve s. que se développe au Japon l’art du lavis à l’encre de Chine (suiboku) grâce aux moines peintres Josetsu, Shūbun et Sōtan, qui travaillent pour la cour des shōgun Ashikaga. Mais c’est à un moine peintre vivant à l’écart de la cour, Sesshū, que l’on doit d’avoir donné à cette peinture monochrome nouvellement venue de Chine un accent personnel et, par conséquent, national.

Très jeune, Oda Tōyō entre comme novice au monastère Sōkokuji de Kyōto, où il étudie le bouddhisme zen sous la férule du maître Shunrin Shūtō, respecté pour sa piété. La présence, dans ce même monastère, du peintre Tenshō Shūbun est déterminante pour lui. Vers 1462, jouissant déjà d’un grand renom, Oda Tōyō prend le pseudonyme de Sesshū (« bateau des neiges ») et quitte la capitale pour s’établir à Yamaguchi, au sud-ouest de Honshū, sous le patronage de la famille seigneuriale Ōuchi, qui détient le monopole du commerce avec la Chine. C’est donc sur l’un des bateaux de cette famille qu’en 1467 Sesshū s’embarque pour la Chine en compagnie d’une ambassade japonaise. Arrivé à Ningbo (Ning-po), dans le Zhejiang (Tchö-kiang), il séjourne au monastère zen de Tian-tong-si (T’ien-t’ong xi), puis suit la délégation nippone à la cour Ming de Pékin en empruntant le Grand Canal. C’est une expérience importante pour sa formation artistique, car le paysage grandiose du continent lui révèle les bases spirituelles et le secret de la composition de la peinture chinoise. La première œuvre authentique qui nous soit parvenue est d’ailleurs une série de quatre paysages exécutés en Chine. Si l’on y relève l’influence du formalisme académique de l’école chinoise de Zhi (Tche), on y admire déjà la construction solide et la concision du coup de pinceau, qualités essentielles de l’art de Sesshū.

De retour au Japon en 1469, le peintre s’installe au nord de l’île de Kyūshū, dans la région d’Ōita. Ses deux paysages d’automne et d’hiver (musée national de Tōkyō) montrent comment, dès cette époque, il sait condenser la grandeur de la nature dans un style qui lui est propre, libre de toute influence, en une composition claire et bien assise, dont les vigoureux traits de pinceau font ressortir la verticalité dominante.

De 1481 à 1484, Sesshū mène une vie de moine errant jusqu’au nord du Japon, s’imprégnant de paysages nippons dont la comparaison avec ceux de Chine lui permet d’apprécier l’essence. En 1487, il établit définitivement son atelier à Yamaguchi. Il jouit d’une renommée croissante. Dans le Paysage de style cursif (haboku sansui) de 1495, les formes modelées par quelques touches rapides de lavis et soulignées par des traits noirs foncés montrent comment l’artiste maîtrise la technique chinoise de l’encre brisée (pomo) [p’o-mo].