Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Serpents (suite)

Les Hénophidiens

Pas plus que les Scolécophidiens, ils ne sont venimeux ; ils possèdent également des caractères primitifs, comme des rudiments de ceinture pelvienne. On y distingue cinq familles.

Les Aniliidés comprennent une dizaine d’espèces de Serpents adaptés à la vie souterraine, que leur forme allongée et leur tête peu distincte font appeler « serpents-tuyaux ». Ils se nourrissent d’Insectes et de Vers. Toutes les espèces sont vivipares. Ils vivent en Amérique du Sud et en Malaisie.

Les Uropeltidés comprennent une cinquantaine d’espèces des zones montagneuses de Ceylan et du sud de l’Inde ; également de mœurs souterraines, on les appelle parfois « fouisseurs à queue écailleuse » ; leurs écailles caudales en effet les aident à progresser dans leurs galeries. Ils se nourrissent de Vers et d’Insectes ; ils sont tous vivipares.

Les Xénopeltidés se limitent à une seule espèce, Xenopeltis unicolor, asiatique ; elle vit dans l’humus des forêts et se nourrit de petits Vertébrés.

Les Acrochordidés sont des espèces aquatiques de grande taille (2 m) des fleuves d’Indo-Malaisie, qui s’aventurent même en mer. Ils sont ichtyophages. Les deux espèces connues sont vivipares.

La dernière famille des Hénophidiens est celle des Boïdés, chez lesquels on trouve des rudiments de ceinture pelvienne et de membres postérieurs. On subdivise cette famille, riche d’une centaine d’espèces, en Boïnés (Boas) et en Pythoninés (Pythons), présents dans toutes les régions chaudes du monde. C’est chez les Boïdés qu’on rencontre les plus grands Serpents : le Python réticulé (Python reticulatus), le Molure (P. molurus) et un Boa, l’Anaconda (Eunectes murinus), dépassent 7 m. Beaucoup sont arboricoles, quelques-uns semi-aquatiques, très peu sont fouisseurs. Souvent ornés de vives couleurs, ils immobilisent leurs proies par étouffement et peuvent en avaler de grande taille. Alors que les Pythons sont ovipares (les femelles protègent leurs œufs en s’enroulant autour d’eux), les Boas sont vivipares incubants.


Les Cænophidiens

Ils possèdent tous les caractères des Serpents : cinétisme crânien (notamment par l’allongement du carré), absence de vestiges pelviens, lunette toujours présente.

Tous ces Serpents sont carnivores, mais l’alimentation peut néanmoins être variée, sans exclure le cannibalisme. Parmi les régimes spécialisés, citons les gobeurs d’œufs (Dasypeltis), les mangeurs d’Anguilles, de Sauterelles, de Scorpions ou de Mollusques, enfin les espèces ophiophages (mangeuses de Serpents). Les proies sont en général avalées vivantes, mais on observe occasionnellement des mangeurs de charognes.

On les subdivise en quatre familles : les Colubridés (v. Couleuvre), les Élapidés (v. Cobra), les Vipéridés (v. Vipère) et les Hydrophidés, ou Serpents marins. Ceux-ci, proches des Élapidés, sont des espèces extrêmement venimeuses, qui se sont totalement adaptées à la vie aquatique au point d’être incapables de se déplacer à terre. On en connaît une cinquantaine d’espèces, vivant dans les eaux côtières et les estuaires de l’Asie du Sud-Est ; certaines se sont cantonnées dans les eaux douces. Tandis que les Laticauda ovipares reviennent au rivage pour y déposer leurs œufs dans le sable, à la façon des Tortues marines, les Enhydrina et les Hydrophis sont vivipares et font leurs petits vivants dans l’eau, mais à proximité des côtes.

R. B.

➙ Cobra / Couleuvre / Reptiles / Venin / Vipère.

 A. Bellairs, The Life of Reptiles (Londres, 1969 ; 2 vol.). / C. Gans, Biology of the Reptilia (Londres, 1969-70 ; 3 vol.). / J. Guibé, « la Systématique des Reptiles actuels » dans Traité de zoologie, sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIV, fasc. 3 (Masson, 1971).

Serpotta (Giacomo)

Sculpteur italien (Palerme 1656 - id. 1732).


Il était le fils d’un modeste sculpteur, Gaspare († 1669), dont on connaît quelques statues assez emphatiques, témoins de la descendance quelque peu dégénérée d’Antonello Gagini (1478-1536) et de l’influence lointaine du baroque. La formation de Giacomo pose un problème qu’en l’absence de documents on ne peut résoudre. La considérable différence de qualité avec la médiocre production des sculpteurs siciliens du xviie s., l’analyse stylistique de son œuvre et des références évidentes permettent d’avancer l’hypothèse d’un séjour d’étude à Rome, où il aurait connu le Bernin* âgé et son atelier très actif. Il semble bien aussi qu’il ait apprécié l’œuvre de François Duquesnoy*, célèbre en son temps pour la délicatesse et la vivacité de ses putti, qualités que l’on retrouve précisément dans les angelots qui peuplent les compositions du Sicilien.

Le cas de Serpotta est encore exceptionnel en ce que toute son œuvre est modelée en stuc, une matière qui certes a de vénérables antécédents, et notamment sur le sol de la Sicile. Il a donc certainement bénéficié de traditions locales, très vivaces dans le domaine de la décoration d’églises, mais a transcendé l’art de ses devanciers en l’enrichissant de toutes les conquêtes du baroque et en manifestant un tempérament et une imagination d’une extraordinaire vigueur, hissant ainsi le relief en stuc au niveau de la grande sculpture monumentale.

Ses chefs-d’œuvre se trouvent surtout à Palerme*, où il travailla toute sa vie à la tête d’un atelier prospère, laissant après sa mort un fils sculpteur comme lui, Procopio (1679-1755), qui ne le vaut pas, non plus que ses autres disciples. Serpotta eut à décorer entièrement l’intérieur de trois oratoires, dont il couvrit les murs de reliefs allègres, combinant statues en ronde bosse et figures en haut relief avec de véritables tableaux en bas relief, avec des ornements tels que draperies ou guirlandes, le tout manifestant un sens aigu de la composition et de l’harmonie et aussi une stricte cohérence iconographique.